Contribution de l’EGE dans le Cahier de la Revue de la Défense Nationale « Penser Autrement »


Le comité « Penser autrement «  de l’Ecole de Guerre vient de publié dans les Cahiers de la Revue Nationale « Penser autrement : pour une approche critique et créative des affaires militaires » regroupant une vingtaine d’officiers français et étrangers.

Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de Guerre Economique et expert international en intelligence économique, y signe un article intitulé « La guerre que l’on devra peut-être faire un jour ».


La guerre que l’on devra peut-être faire un jour

Serons-nous conduits à faire un jour prochain une autre guerre que la guerre strictement militaire? L’ennemi, l’adversaire, l’ami/adversaire représentent désormais autant de cas de figure actuels auxquels la France est confrontée au quotidien. Comment cerner l’emploi de la force (et de quelle force s’agit-il ?) dans un monde multipolaire miné par la menace terroriste à prépondérance islamiste, le jeu masqué des problématiques de puissance et les déséquilibres internes de nature sociétale et religieuse qui affectent un nombre croissant de pays du Sud comme du Nord. Sur ces différents fronts, la force militaire est la plus légitime et celle qui est la mieux encadrée par nos institutions. Mais est-elle pour autant préparée à faire face à la complexité conflictuelle du monde actuel ? L’Armée française a été conçue pour mener des guerres conventionnelles ou nucléaires. Or, une autre guerre prend une place croissante dans la résolution des rapports de force : la guerre de l’infor- mation. Jadis considérée comme une action complémentaire de l’action militaire, cette nouvelle forme d’affrontement mine les bases de la finalité même de la guerre militaire. La guerre du Vietnam fut un signal d’alerte fort que nous délivra la première armée du monde par ce qu’il est convenu d’appeler une défaite informa- tionnelle, comme le confirma le général américain Robert Scale (1) :

« L’armée américaine pensait que le centre de gravité vulnérable était le potentiel militaire ennemi et sa capacité de vaincre sur le terrain. Lors de l’offensive du Têt [30 janvier 1968], les dirigeants communistes Ho Chi Minh et Giap ont pris le risque de perdre sur le plan militaire au profit d’une victoire décisive en guerre de l’information. Ils estimaient que le centre de gravité de l’ennemi était son propre peuple et que la bataille de l’opinion était primordiale ».

Si la légitimité du faible semblait être le levier dans ce changement de défi- nition du centre de gravité, la barbarie présentée comme un acte expiatoire au nom de la religion est en train de modifier une fois de plus la vision traditionnelle que l’on se fait du centre de gravité. Seulement, cette fois-ci, il ne s’agit plus de défendre Saigon mais la France et l’Europe.

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