Publication de l’étude EGE «La Chine sauvera-t-elle le nucléaire français?»

 

Publication de l'étude EGE "La Chine sauvera-t-elle le nucléaire français?" réalisée par Pierre‐François BARANGER, Jean‐Baptiste DARPHIN, Bastien DUCOURNAU et Christophe PRENEY, étudiants de la MSIE24, dans le cadre de leur formation continue « Management Stratégique et Intelligence Economique ».

 

Face à l’essor de l’industrie nucléaire civile chinoise qui s’émancipe et à la stratégie long terme d’influence américaine, l’industrie de l’atome française peine à s’exporter, malgré ses atouts. Il convient dès à présent de renforcer la politique d’influence française et européenne afin d’orienter les choix stratégiques et de favoriser les concepts et standards français.

La coopération avec la Chine offre un formidable potentiel sachant qu’elle représentera 50% du marché mondial du nucléaire civil en 2030.

Mais la France se trouve en position de faiblesse dans sa relation avec la Chine. D’une part elle peine à trouver des solutions de financement à l’export comme celles proposées par les états russe, chinois et américain. D’autre part, les difficultés structurelles et financières de sa filière nucléaire l’obligent à se recapitaliser et à réduire drastiquement ses effectifs. A l’inverse, la Chine dispose d’un budget sans commune mesure pour assurer son essor national et pour financer son ambition à l’export. Le soutien de l’échiquier politique y est infaillible alors que l’échiquier politique français et européen doit intégrer le poids d’une sensibilité écologique anti‐nucléaire.

Dans sa recherche d’indépendance technologique, la Chine met en œuvre une large palette de techniques de collecte d’information et de renseignement. Le Plan à Moyen Long Terme sur le Développement Scientifique et Technologique (2006‐2020) annonce le concept de «ré‐innovation»: il s’agit d’introduire dans le pays des savoir‐faire étrangers, de les adapter puis de se les approprier.

Un rapport de la délégation interministérielle à l’intelligence économique (D2ie) daté de 2010 recense les objectifs et les méthodes (légales et illégales) déployées par la Chine pour capter les innovations technologiques françaises. L’analyse montre que la filière nucléaire française est une des cibles prioritaires.

La mise en avant du secteur nucléaire se retrouve au niveau des relations interétatiques. Ainsi, les accords politiques France‐Chine accordent une place prioritaire au secteur nucléaire. Le secteur aéronautique occupe lui aussi cette place de choix. Le déploiement de celui‐ci en Chine étant plus avancé, la comparaison faite dans ce rapport est éclairante pour l’avenir du secteur nucléaire français en Chine.

La puissance chinoise s’affirme face à la fragilité du consensus politique et des acteurs économiques français. Dans ce nouveau contexte, adopter et assumer la « posture du faible » est certainement une option intéressante. Elle permettra aux entreprises françaises de « prendre une part du gâteau » de l’essor du marché chinois et de profiter de sa source de financement. Cette posture sera d’autant plus efficace que les acteurs politiques et économiques français maîtriseront les outils d’intelligence économique : vigilance renforcée et actions coordonnées d’intelligence et d’influence.

En parallèle, il reste fondamental de Protéger, Capitaliser et Promouvoir l’image et la réputation du nucléaire français, en particulier dans la période de crise et de restructuration actuelle.

Ce n’est qu’en procédant ainsi que le marché chinois pourra constituer une base solide garantissant des revenus long terme pour les acteurs du nucléaire français.

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