Travailler avec l'Afrique permet-il de mieux utiliser Internet, l’EGE dans La Tribune Afrique


Au-delà des problèmes de langue, rechercher sur Internet des informations sur un autre pays que celui de sa connexion peut s'avérer rapidement biaisé. Cela nécessite en fait d'utiliser d'autres outils que les moteurs de recherche. Par François JEANNE-BEYLOT, professeur associé à l'EGE et fondateur-dirigeant de Troover-Inmédiatic.

Internet peut se révéler un magnifique outil de démocratisation de l'accès à l'information, mais l'Internet des moteurs de recherche, celui utilisé par la grande majorité des internautes, propose un système fondé sur la visibilité des sources (notamment auprès d'un public cible), voire leur géolocalisation, plus que leur pertinence. Ainsi, lorsqu'un internaute effectue une recherche depuis Paris, Bruxelles ou Toulouse, la plupart des outils de recherche vont lui présenter des résultats venant de sources européennes, et ce, même si le sujet de sa recherche concerne l'Afrique par exemple. Il en est de même pour un système de veille qui serait principalement construit sur des requêtes dans les outils de recherche.

Ainsi, des recherches effectuées sur Internet début janvier depuis Paris, au sujet des événements qui se sont déroulés en République démocratique du Congo, auraient mis en premiers résultats les réactions des autorités françaises : la conférence de presse du ministère des Affaires étrangères, mais pas la déclaration de la MONUSCO ou les appels locaux au boycott des intérêts français sur les réseaux sociaux, suite aux rumeurs de blocage de Paris d'une résolution de l'UE.

Cartographier les sources
Il convient alors d'ouvrir ses recherches auprès de sources spécifiques, pertinentes ou légitimes. Mais cela implique de connaître ces sources auparavant ou alors d'effectuer des recherches différemment : chercher des sources et non plus des informations. Nous mettons ici en évidence que la recherche d'informations peut se révéler un métier, celui des cabinets d'intelligence économique, avant de nous consacrer, le cas échéant, à l'exploitation ou à l'analyse de l'information, ce qui demande d'autres compétences, connaissances, ou niveaux d'expertises.
Une des premières actions que nous effectuons dans les cabinets d'intelligence économique est la cartographie des sources : identifier les différentes sources d'information, les qualifier (sources d'informations primaires, secondaires ou tertiaires, sources ouvertes ou fermées, ou encore en fonction de leur crédibilité ou de leur influence) et les hiérarchiser.
Les sources primaires sont originales : travaux, statistiques ou rapports. Les sources secondaires utilisent les sources primaires pour les diffuser, les analyser, les synthétiser, les évaluer ou d'une façon plus générale les exploiter. Elles sont souvent biaisées ou orientées, car répondant à un intérêt ou à une fin particulière. Les sources tertiaires sont quant à elles des compilations (exhaustives et neutres) de sources secondaires et primaires et qui fournissent une synthèse de leur contenu. La cartographie des sources évoquées plus haut est une source tertiaire si elle est accessible. Les sources ouvertes sont les sources d'informations publiques dont l'accès est facile et large. Elles représentent aujourd'hui 70% des sources utilisées professionnellement. A l'inverse, les sources fermées ont un accès protégé ou sont difficiles à approcher et à formaliser (sources informelles).

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