20 ans après le Rapport Martre, le nouveau manuel de l’intelligence économique

 

Conçu pour aider à former les futurs managers à un usage offensif de l’information pour conquérir des marchés dans une mondialisation des échanges turbulente, le Manuel de l'IE est divisé en cinq parties consacrées aux grandes problématiques actuelles.

 

Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de guerre économique, a coordonné l’ouvrage et répond à nos questions.

VM : Quelle est la raison d’être de ce nouveau manuel d’intelligence économique ?
Il part d’un constat : on ne peut plus travailler sur l’usage de l’information en découplant le développement de la confrontation. Il faut alors prendre en compte le rôle de la société de l’information dans l’évolution de la compétition économique.
Ensuite, il y a une logique d’auteurs, qui fait la réelle plus value de ce manuel, permettant de capitaliser quinze années de réflexion, d’apprentissage, de mise en œuvre d’une méthodologie visant à comprendre les logiques de confrontation. Ainsi, tout en venant d’horizons variés (universitaires, consultants, militaires entrepreneurs, juristes, créateurs de l’action subversive appliquée à l’économie de marché, experts en technologies de l’information...), les auteurs ont participé pour la plupart à l’aventure de l’intelligence économique et inscrite dans les gênes de l’Ecole de guerre économique.

VM : Quels sont les principaux thèmes abordés ?
Les cinq parties du manuel sont consacrées aux grandes problématiques actuelles. D’abord, il faut comprendre le monde contemporain, cette nouvelle mondialisation marquée par des guerres polymorphes (agricoles, pour les ressources, monétaires et commerciales...) avec des Etats menant des stratégies de puissance tant défensives qu’offensives. Il y a donc un développement conflictuel qu’il convient de comprendre, et où l’in- formation et l’influence sont primordiales pour la réussite des stratégies mises en œuvre.
La gestion stratégique des connaissances est centrale afin de faire face à des menaces multidimensionnelles : de nouveaux pays s’affirment, avec des logiques culturel- les et de développement différentes, une appréciation des normes
et lois qui peuvent être divergentes des nôtres...

VM : Dans quelle logique s’inscrit ce manuel ?
C’est en fait la quatrième étape d’une réflexion commencée, en 1990, par la publication de Techniques offensives et guerre économique, commanditée par le Ministère de la Recherche et publiée par Aditech. Cette étude, publiée au sortir de la Guerre froide, sert de fonts baptismaux pour la démarche d’intelligence économique développée en France ces vingt dernières années, mettant en exergue le rôle de l’information dans les rapports de force entre acteurs de toute sorte.
Ensuite, le rapport Martre (Intelligence économique et stratégie des entreprises), en 1994, a cherché à comprendre les facteurs immatériels de la compétitivité dans un monde mondialisé, où des logiques de d’affrontement et de coopération dans la sphère économique s’entremêlent.
L’information nécessite alors une gestion stratégique car elle détermine la performance globale des entreprises et des nations.
Enfin, les deux rapports Carayon (Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale, en 2003 ; A armes égales, en 2006) visaient, d’une part, à construire l’intelligence économique en tant que politique publique avec des objectifs de défense et de sécurité économique. D’autre part, le but était de proposer des moyens de renforcer la compétitivité de la France dans le monde en lui donnant de vrais moyens d’anticipation, notamment l’importance d’avoir une démarche spécifique consistant à peser sur la production de normes, dans les instances internationales.

VM : A qui s’adresse-t-il ?
Cet ouvrage est destiné en priorité aux étudiants, futurs managers, leur donnant des grilles de lecture de l’économie de marché. Le manuel met en exergue que l’intelligence économique, ça sert aussi à confronter théories et réalités. Un soin particulier est apporté pour faire preuve de pédagogie car la formation, l’éducation continue aux problématiques d’affrontement est cruciale.
Les managers actuels ne sont pas pour autant oubliés. Evoluant dans un environnement complexe, ils doivent s’ouvrir à de nouveaux modes de pensée. L’intelligence économique apprend à penser autrement, à sortir des sentiers battus. Elle forme les futurs managers à un usage offensif de l’information pour conquérir des marchés dans une mondialisation des échanges qui est loin d’être pacifiée.

Vous pouvez retrouver l'interview dans le dernier VeilleMag.

 

 

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