Confrontation informationnelle liée à l’implantation de la plus grande raffinerie d’Afrique à Lekki (2023-2024)

La guerre informationnelle est un phénomène complexe qui implique la manipulation et la diffusion d'informations pour influencer l'opinion publique, les décisions politiques et les stratégies économiques. Dans le contexte de l'implantation de la raffinerie du Groupe Dangote à Lekki, cette guerre prend une dimension particulière. La raffinerie, annoncée comme la plus grande d'Afrique, suscite des débats intenses et des controverses, tant au niveau national qu'international.

En effet, bien que premier producteur de pétrole en Afrique, le Nigeria dépendait amplement des importations de produits pétroliers raffinés. Dans l’optique de réduire cette dépendance et éviter les pertes économiques liées au raffinage à l'étranger, le groupe Dangote, dirigé par Aliko Dangote, lance en 2013 un projet très ambitieux visant à rendre le Nigeria autosuffisant en produits pétroliers et le transformer en exportateur net : la plus grande raffinerie d’Afrique et la plus grande du monde en un seul site. Il est cependant perçu par les importateurs de produits raffinés et autres producteurs comme une menace existentielle. Et très vite, de nombreux obstacles se sont dressés sur le chemin, soutenus par une guerre informationnelle intense. 

Porteur d’enjeux économiques et géopolitiques majeurs, ce projet a suscité de vives réactions dans l’espace public et médiatique. Il est devenu le théâtre d’une véritable guerre informationnelle entre partisans et opposants, mobilisant divers acteurs nationaux et internationaux. Cette guerre de l’information soulève des interrogations fondamentales sur la souveraineté économique, la transparence, le développement durable et le rôle des médias dans la construction de l’opinion publique. L’analyse de cette guerre est essentielle pour en évaluer les impacts réels sur cet important projet et les stratégies de communication employées par les protagonistes.

 

Contexte de l'implantation de la raffinerie Dangote à Lekki

Le projet de raffinerie du Groupe Dangote à Lekki a été annoncé en 2013, avec l'objectif de construire une installation capable de traiter 650 000 barils de pétrole par jour. Ce projet, financé par des investissements colossaux et des partenariats stratégiques, vise à répondre aux besoins énergétiques croissants du Nigéria et à renforcer sa position sur le marché mondial du pétrole. Depuis son annonce, le projet a connu plusieurs phases de développement, marquées par des défis techniques et financiers. Située dans la zone franche de Lekki, près de Lagos, sur un site de 2.500 hectares, la raffinerie bénéficie d’une situation géographique stratégique : proximité des routes maritimes, accès direct aux marchés africains et infrastructure portuaire moderne. Ce choix logistique permet de limiter les coûts de transport et d’assurer une meilleure intégration régionale.

Sa construction a nécessité un investissement de plus de 20 milliards de dollars américains[i], mobilisés en grande partie sur capitaux propres du groupe Dangote. Inaugurée le 23 mai 2023, elle entre en production en janvier 2024 avec les premières livraisons de gazole et de gazole et kérosène[ii]. Le projet a également mobilisé des partenariats technologiques avec des entreprises comme Honeywell UOP (groupe Honeywell), Axens et Saipem, toutes leaders mondiaux dans les technologies et services en matière de traitement du pétrole, du gaz naturel et des procédés de production de carburants et d’amélioration l'efficacité et de la rentabilité des opérations de raffinage. 

 

Caractéristiques et impacts économiques de l’infrastructure

La raffinerie Dangote est conçue comme une installation de pointe, intégrant les technologies les plus avancées pour le raffinage du pétrole. Avec une capacité de production de 650 000 barils par jour, elle représente « la plus grande raffinerie d'Afrique et la plus vaste raffinerie en un seul site au niveau mondial »[iii]. Située dans la zone industrielle de Lekki, elle bénéficie d'une localisation stratégique, proche des principales voies de transport et des marchés de consommation. Les avantages de cette localisation incluent une meilleure accessibilité aux ressources et une réduction des coûts logistiques. 

L'implantation de la raffinerie Dangote à Lekki promet de générer des retombées économiques significatives pour le Nigéria. Elle est prévue pour répondre à 100 % des besoins en produits raffinés du Nigéria avec un surplus de production destinée à l'exportation, et la création d’un marché pour 21 milliards de dollars par an de brut nigérian.[iv] Par la création de milliers d'emplois directs et indirects, elle prévoit de contribuer à la réduction du chômage et à l'amélioration des conditions de vie des populations locales. De plus, en augmentant la capacité de raffinage du pays, elle ambitionne de réduire la dépendance aux importations de produits pétroliers, et partant, des économies substantielles et une meilleure stabilité économique. La raffinerie est également susceptible de stimuler le développement d'autres secteurs économiques, tels que la pétrochimie et les infrastructures.

Aussi bien en sa capacité qu’en la qualité de ses infrastructures, la raffinerie de Lekki est prévue pour prendre le part sur les installations similaires en Afrique, grâce à des d’équipements ultramodernes, et l’utilisation des technologies de pointe respectant les normes environnementales internationales, tout en traitant divers types de bruts, du léger au lourd, et produit essence, diesel, kérosène, jet A1, GPL, etc. Avec à la clé, des milliers d’emplois directs et indirects, favorisant le transfert de compétences et la formation de main-d’œuvre locale. 

Sur le plan stratégique, la raffinerie Dangote à Lekki devrait renforcer la position du Nigéria sur le marché mondial du pétrole. En augmentant la production nationale de produits raffinés, le pays peut mieux répondre à la demande intérieure et exporter des surplus vers d'autres marchés. Cette capacité accrue de raffinage confère au Nigéria une influence régionale et internationale, en lui permettant de jouer un rôle clé dans la stabilisation des prix du pétrole et la sécurité énergétique. De plus, le projet contribue à la diversification de l'économie nigériane, en réduisant sa dépendance aux exportations de pétrole brut. 

En somme, le projet porte en lui l’ambition de renforcer la position du Nigeria comme puissance régionale énergétique et de limiter l’influence des multinationales étrangères sur le secteur, redéfinissant les rapports de force sur le continent. Une menace certaine pour les cercles d’intérêts établis.

 

La confrontation informationnelle autour de la raffinerie

Elle implique plusieurs acteurs clés. Le gouvernement nigérian, en tant que principal soutien du projet, utilise divers moyens de communication pour promouvoir les avantages économiques et stratégiques de la raffinerie. Le Groupe Dangote, en tant que développeur du projet, mène des campagnes médiatiques pour renforcer son image et répondre aux critiques. Les médias locaux et internationaux jouent également un rôle crucial, en diffusant des informations et des analyses sur le projet. Enfin, les ONG et les groupes de pression, souvent critiques envers le projet, utilisent les réseaux sociaux et les relations publiques pour exprimer leurs préoccupations environnementales et sociales.

Les principaux protagonistes restent cependant le Groupe Dangote et les producteurs et importateurs de pétrole, en l’occurrence les compagnies pétrolières internationales et les producteurs nationaux. Face à l’objectif visé par le Groupe Dangote de réduire la dépendance du Nigeria aux importations de produits pétroliers et de créer une industrie pétrochimique locale, les producteurs de pétrole, cherchant à maintenir leur contrôle sur le marché pétrolier nigérian et à protéger leurs intérêts économiques, se sont sentis menacés par le projet du milliardaire nigérian n’ont pas tarder à développer une véritable stratégie de communication et d’influence.

Les stratégies de communication employées dans cette guerre informationnelle notamment sur la période de 2023 à 2024 sont variées et sophistiquées. Attaques de toutes parts depuis le lancement du projet aussi bien sur les media que sur les réseaux sociaux sur les impacts environnementaux du projet, son manque de réalisme et la faible prise en compte des populations locales dans sa conception, le Groupe Dangote, soutenu par moment par le gouvernement, améliore leur communication plutôt passive jusque-là et contre-attaque grâce a des campagnes médiatiques grandement menées et qui mettent en avant les bénéfices économiques et les promesses de développement, la prise en compte des aspects environnementaux et sociaux et dénoncent la manipulation de l’opinion par les importateurs de produits raffines et quelques agents publics corrompus . Ils font recours à des communiqués de presse, des interviews et des reportages tous azimuts y compris sur sites, pour éclairer et influencer favorablement l'opinion publique. Les réseaux sociaux (X, Facebook, Instagram, Tic Toc, etc.), quant à eux, sont utilisés pour diffuser des messages ciblés surtout en langues locales visant à atteindre un large public, et les communautés locales des lieux d’implantation. Les relations publiques et le lobbying sont également mis à contribution, permettant de nouer des alliances et de convaincre les décideurs politiques, de part et d’autre. Mais tandis que les médias proches du pouvoir ou de Dangote diffusent des messages valorisant les bénéfices socio-économiques, certains groupes militants continuent jusqu’à la fin de 2023 des messages dénonçant « l’opacité, les risques écologiques et les impacts humains du projet ». « Nous n’avons plus nulle part ou pecher »[v], lancé par l’un d’entre eux fut très vite abondamment relayés sur les réseaux sociaux et divers autres canaux digitaux.

Le Groupe Dangote dès le début de 2024 a également pris d’assaut les même plateformes (X précédemment Twitter, Facebook et Instagram, Tic Toc, WhatsApp) pour diffuser des messages positifs louant les mérites socio-économiques du projet et dénonçant la manipulation. Des influenceurs ont été engagés pour soutenir le projet. En parallèle, les producteurs de pétrole et les groupes militants ont également exploité ces réseaux pour contester les affirmations des pro-raffinerie. Ils ont publié des rapports sur les risques environnementaux, partagé des témoignages de communautés locales affectées et organisé des pétitions en ligne pour attirer l'attention sur les conséquences négatives du projet.

Le lobbying, quant à lui, s'est manifesté par des rencontres avec des décideurs politiques, des conférences de presse et des interventions dans les médias. Le Groupe Dangote a mobilisé ses ressources pour influencer les régulateurs et obtenir des soutiens au sein du gouvernement. Les producteurs de pétrole ont riposté en s'assurant que leurs préoccupations soient entendues et en tentant de bloquer certaines décisions favorables à la raffinerie.

 

Analyse des discours et des narratifs

Se lançant dans une véritable guerre de l’information, les pro et les anti-raffineries ont investi l’espace public notamment sur la période de 2023 à 2024 et ont concentré les échanges sur les impacts potentiels de la raffinerie sur l'économie nigériane, l'environnement et les communautés locales. Les deux parties ont utilisé les médias et les réseaux sociaux, les relais communautaires, les influenceurs pour promouvoir leurs intérêts et influencer l'opinion publique.

Le narratif des discours pro-raffinerie met en avant notamment la réduction de la dépendance énergétique. Il met en avant les avantages économiques, tels que la réduction des importations de carburant, la création d’emplois et le développement industriel. Fer de lance de du projet et principal promoteur Aliko Dangote, Président du groupe Dangote, a notamment déclaré que ce : « Ce projet aidera à stabiliser l’économie nigériane en réduisant notre dépendance aux prix internationaux volatils du pétrole. »  Selon lui, : « La raffinerie transformera le Nigeria d’un importateur de carburant à un exportateur net de produits raffinés. » (blog.petroleumprice.ng).

L’inauguration de la raffinerie le 23 mai 2023, une semaine avant la fin du mandat du Président Buhari, défenseur du projet, ne pouvait non plus être le fruit du hasard. Elle visait assurément à s’assurer que la raffinerie soit mise en exploitation avant le départ d’un gouvernement favorable au projet. Lors de son discours, le Président Dangote a exprimé sa gratitude envers le Président Buhari en affirmant : « Votre soutien constant et vos encouragements au cours des huit dernières années ont été, pour moi personnellement, une source de grande motivation et de force. » Cette déclaration peut également être interprétée comme une invitation à l’administration entrante à poursuivre le soutien au projet. En outre, la communication politique en faveur du projet a été aussi portée par le Vice-Président Kashim Shettima qui a également salué le projet en affirmant sans ambages : « Nous devons construire notre propre nation par nous-mêmes, pas [compter sur] les investissements étrangers.»[vi]

Mais la mise en exploitation dès janvier 2024 de l’infrastructure n’a pas pour autant résolu le problème ; pas plus qu’elle n’a mis fin à la guerre informationnelle. Un nouveau chapitre s’ouvrait plutôt à travers notamment les blocages dans l’approvisionnement en matière première de la raffinerie et les allégations relayées à grande échelle dans l’opinion publique de la qualité médiocre de produits issus de la raffinerie et le non-respect des normes environnementales. Avec en soutien, d’autres opposants qui soulignent, entre autres, des risques environnementaux qui découleront de l’installation et de l’exploitation de la raffinerie (pollution de l’air, des sols, des nappes phréatiques, etc.). « Il n’y a désormais plus d’endroits où pêcher. », a déclaré un résident.[vii] Ils évoqueront également le manque de concertation avec les populations locales et la marginalisation des communautés affectées par l’expropriation.

Un levier non négligeable sur lequel agissent les anti-raffinerie suscitant une nouvelle confrontation, réside dans le blocage de l’approvisionnement de la raffinerie en matière première par la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC). L’agence a allégué que le Groupe Dangote ne respectait pas les réglementations en matière de quotas de distribution et de qualité du brut. Ces accusations ont conduit à une interruption de l’approvisionnement en brut national à compter de mai 2024, forçant la raffinerie à chercher des sources alternatives à des coûts plus élevés. Cette période de blocage a intensifié la guerre informationnelle, exacerbant les tensions entre les parties impliquées.

Dangote Refinery monte au créneau et exhorte la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC) au respect des règles d’approvisionnement en brut, en garantissant l’approvisionnement des raffineries locales dont la sienne en brut national. L’entreprise a exprimé ses préoccupations sur les conséquences dommageables du non-respect de ces obligations sur le fonctionnement de sa raffinerie, contraignant le Groupe à chercher des sources alternatives à coûts plus onéreux, notamment aux États-Unis. Le camp d’en face ne se limite pas pour autant en si bon chemin.

En outre, la raffinerie est accusée de vendre à des prix élevés du carburant de moindre qualité, désavantageant ainsi les distributeurs locaux par rapport aux importateurs étrangers. Le Directeur de la Nigerian Midstream and Downstream Petroleum Regulatory Authority (NMPDRA)[viii], Faruk Ahmed, enfle la polémique en affirmant le 14 juin 2024 que les produits provenant de la raffinerie de Dangote sont de piètre qualité et a accusé Dangote de tenter d'instituer un monopole dans le secteur. [ix]

Le Groupe Dangote riposte à l’attaque et soutient que ses produits sont aux standards internationaux et défie la NMPDRA de prouver le contraire. Il est allé jusqu'à effectuer des tests, supervisés par des membres de la Chambre des représentants du Nigeria, qui ont montré que la qualité de son produit raffiné est meilleure que celle de deux échantillons importés. La NMPDRA n'ayant pu apporter les preuves de ses allégations, les membres de la Chambre des représentants demande au Président de la République d’en suspendre le Directeur, non seulement pour ses déclarations imprudentes contre la raffinerie Dangote, mais aussi pour avoir autorisé l'importation de diesel à haute teneur en soufre. 

Voyant en cet énième blocage une ultime tentative de ruiner ses investissements et saboter le projet, l’homme d’affaires y a joint l’émotion. Lors d’un point de presse tenu le 15 juillet 2024 et destinée a alerté l’opinion publique nationale et internationale, le richissime homme d’affaire éclate en sanglots devant les caméras. Le symbole est fort ! L’homme le plus riche d’Afrique[x], victime d’injustice face à des actes de sabotages d’un investissement de plus 20 milliards de dollars américains, qu’il décrira comme le plus grand risque de sa vie et dont l’échec entrainerait sa ruine. La sympathie monte dans l’opinion favorablement au camp Dangote. Il devient le symbole de la lutte contre la corruption, au Nigeria et sur presque tout le continent africain.  Le camp des anti-raffinerie fait désormais face à des attaques tous azimuts dans les media et sur les réseaux sociaux.

Prenant l’opinion publique a témoin, le groupe a multiplié sa présence sur les réseaux sociaux abondamment utilises dans le pays, notamment Facebook, WhatsApp, Instagram, ainsi que dans les media locaux notamment.

De même, en vue de contrer l’élan des ONGs protagonistes et certaines agences gouvernementales, le Groupe Dangote obtient le soutien de certaines organisations de la société civile (OSC). En effet, accusées de faire la politique des multinationales et autres négociants pétroliers afin de maintenir la dépendance du pays aux importations de carburant, des OSC telles que l’Energy Reforms Advocates of Nigeria (ERAN), ont commencé par alerter, dès le second semestre de 2024, sur des tentatives de sabotage des opérations de la raffinerie, attribuées à un “cercle vicieux” au sein de certaines agences gouvernementales.

Les syndicats de travailleurs pétroliers, le National Union of Petroleum and Natural Gas Workers (NUPENG) et le Petroleum and Natural Gas Senior Staff Association of Nigeria (PENGASSAN), ont de même dénoncé le complot et la manipulation et exigé une enquête sur ce qu’ils qualifient de « sabotage par des compagnies pétrolières internationales, visant à déstabiliser les opérations de la Dangote Refinery. » Ces syndicats, qui représentent des milliers de travailleurs dans le secteur pétrolier et gazier, exercent une influence significative sur l'échiquier socio-économique du Nigeria. Ils sont connus pour leur capacité à organiser des grèves et des manifestations massives, influençant ainsi les politiques gouvernementales et les décisions des entreprises. Ils ont également appelé le gouvernement à prendre des mesures pour protéger cette infrastructure stratégique.

 

Conséquences de la guerre informationnelle

Les conséquences de la guerre informationnelle autour du projet de Dangote ont touché le projet, l'opinion publique et les pouvoirs publics :

  • Projet : retards et litiges juridiques affectant calendrier et budget. Raffinerie inaugurée avec huit ans de retard.
  • Opinion publique : division entre opportunité économique et craintes d'impacts négatifs.
  • Politiques publiques : renforcement de la réglementation environnementale et amélioration de la transparence dans le secteur énergétique.

En effet, cette guerre a ralenti aussi bien la construction que l’exploitation de la raffinerie, mais aussi a imposé au Groupe Dangote de revoir complètement ses pratiques de communication. La pression en a été tellement ressentie que même le President du Groupe n’hésitera pas à déclarer : « Si j’avais su ce que j’allais traverser, je ne l’aurais pas tenté. »[xi] Le Groupe Dangote a renforcé ses relations publiques, amélioré la transparence de ses rapports financiers et lancé des initiatives RSE pour apaiser les tensions (financement d’écoles, infrastructures locales, etc.).

Quant à la perception des citoyens, il faut reconnaitre que l’opinion est reste longtemps divisée, avant de se pencher véritablement du côté du Groupe. Si une majorité voit dans le projet une source d’espoir économique, d’autres demeurent sceptiques, influencés par les discours critiques et les incidents environnementaux signalés. 

Pour ce qui est de l’influence sur les politiques publiques, il est à noter que la pression soutenue de l’opinion et des ONG a conduit le gouvernement a adopté de nouvelles normes de régulation du secteur énergétique, visant à renforcer les pratiques environnementales et sociales dans la construction et l'exploitation de pareilles infrastructures. Ce qui a conduit à une surveillance accrue du projet, avec plusieurs mesures significatives mises en place pour répondre aux auxdites normes. De plus, des commissions indépendantes ont été créées pour suivre la mise en œuvre du projet, assurant une transparence accrue et une communication régulière avec les parties prenantes. Ces commissions sont chargées de vérifier le respect des normes, de surveiller les impacts environnementaux, et de garantir que les engagements sociaux, tels que le financement d’écoles et d’infrastructures locales, sont effectivement réalisés.

En somme, l’étude de la guerre informationnelle autour de la raffinerie Dangote montre à quel point l’information est devenue une arme stratégique dans les grands projets de développement. Le cas de Lekki illustre un affrontement entre promesses de croissance et préoccupations sociétales, entre ambition industrielle et exigence de transparence. La guerre informationnelle autour de la raffinerie Dangote à Lekki est un phénomène complexe, impliquant divers acteurs et stratégies de communication. Les enjeux économiques et stratégiques du projet sont considérables, promettant des retombées positives pour le Nigéria. Cependant, les critiques et les controverses autour de la raffinerie soulignent les défis et les obstacles à surmonter. Une analyse approfondie des discours et des narratifs permet de mieux comprendre les dynamiques en jeu et les impacts réels de cette guerre informationnelle.

L'avenir de la raffinerie Dangote à Lekki dépendra de la capacité des acteurs impliqués à gérer efficacement l'information et à répondre aux préoccupations des différentes parties prenantes. Des recommandations pour une gestion transparente et inclusive de l'information peuvent contribuer à renforcer la confiance et à assurer le succès du projet. En surveillant l'évolution de la guerre informationnelle, il sera possible d'anticiper les défis et de saisir les opportunités pour le développement durable du Nigéria. Il est essentiel de développer et de maintenir une stratégie de communication éthique, inclusive et fondée sur la transparence permettant à l’État et aux entreprises de coopérer avec les communautés et renforcer les cadres de régulation environnementale et sociale pour garantir une exploitation durable et équitable du projet.

Têko Louis Akakpo (MSIE47 de l’EGE)

 

Bibliographie 

 

 

Notes

[i] Certaines sources indiquent 25 milliards USD https://fr.wikipedia.org/wiki/Raffinerie_Dangote#cite

[iii] Reuters, « Inside Africa’s Largest Refinery », 2023

[v] There is nowhere to fish anymore’: life in the shadow of Nigeria’s biggest industrial complex. (theguardian.com)

[viii] l'Autorité nigériane de régulation du pétrole pour les activités intermédiaires et en aval

[x] Fortune estimée à 23,9 milliards en 2025, selon Forbes