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Entretien avec Nicolas Arpagian, VP Stratégie & Affaires publiques d’Orange Cyberdefense et enseignant du MBA Intelligence Juridique

Un grand merci à Nicolas Arpagian, VP Stratégie & Affaires publiques d’Orange Cyberdefense, enseignant au sein du nouveau MBA Executif d'Intelligence Juridique de l'Ecole de Guerre Economique, d'avoir accepté de répondre à nos questions.

Qu'est-ce que l'Intelligence Juridique et ce MBA Executif peuvent apporter aux juristes ?

Nicolas Arpagian : Les juristes doivent constamment se tenir informés des évolutions de leur matière (nouvelles législations, jurisprudence…) mais cette connaissance technique doit s’adapter à des manières de travailler liées au contexte culturel, sectoriel et parfois générationnel des parties prenantes. Il est donc souhaitable de disposer d’une culture transverse qui permette aux spécialistes du Droit d’intégrer les spécificités et les contraintes de leurs interlocuteurs professionnels dans les meilleures conditions.

En quoi le juriste stratège, connaissant le contexte, est-il une voie d’évolution pour les entreprises ?

NA : Les responsables métiers ont souvent une approche du Droit qui se limite à une stricte mise en conformité de leurs activités. Avec toujours l’envie de se limiter au strict nécessaire exigé par la réglementation. La contribution d’un juriste davantage stratège doit faciliter la prise en compte très en amont, par exemple lors de la conception du contrat, des évolutions possibles de la vie du produit et des changements possibles de contexte. Les opérationnels de l’entreprise apprécieront ainsi de disposer d’un cadre juridique qui prenne en compte les caractéristiques de leur secteur. Loin de figer une situation, le Droit participera à sa protection sur la durée. De quoi consolider le développement de modèles d’affaires et de relations contractuelles satisfaisantes.

En tant que dirigeant d’entreprise, quelle est la valeur ajoutée de l’intelligence juridique pour l’entreprise et en quoi cela permettra-t-il de mieux collaborer avec les juristes ?

NA : La partie sera gagnée quand les praticiens d’un domaine exigeront dès le début de leurs travaux la présence d’un/e juriste. Comme un conducteur qui, désormais, ne penserait pas à prendre le volant s’en mettre sa ceinture de sécurité. Le chauffeur n’a pas de doute sur l’importance du rôle de cet équipement et de ce qu’il pourrait perdre à ne pas le mettre à contribution. L’ambition du juriste doit être d’être perçu comme un contributeur à valeur ajoutée dont les avis et suggestions participent à la création de valeur du projet. Cela suppose d’avoir une connaissance fine du domaine et une capacité de formulation de ses propositions qui s’appuient sur un savoir-faire juridique mais aussi adoptent le vocabulaire et les attentes des professionnels du marché en question.

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Nicolas ARPAGIAN est VP Stratégie & Affaires publiques d’Orange Cyberdefense.
Il est administrateur de la plateforme www.cybermalveillance.gouv.fr et enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure de la Police (ENSP). Et intervient à l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM).
Il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages, parmi lesquels « La Cybersécurité » aux Presses Universitaires de France (PUF).
Twitter : @cyberguerre