Christian Harbulot, Directeur de l’Ecole de Guerre Economique – EGE, était l’invité de Magali FORESTIER dans l’émission On se dit tout, sur L’Hémicycle TV.
Figure majeure de l’intelligence économique en France, Christian Harbulot, Directeur de l’École de Guerre Économique, son parcours a été marqué par un engagement militant dans sa jeunesse. « J’ai été engagé dans le militantisme maoïste, ce qui m’a amené à traverser des épreuves, à tirer des bilans », explique-t-il. Cette période a été « très formatrice », car elle lui a permis de comprendre comment « l’information pouvait être utilisée comme un outil critique ». Une révélation fondatrice, qui le conduira à s’intéresser au renseignement et aux rapports de force, et à concevoir une lecture géopolitique de l’économie à travers le concept de « guerre économique ».
Selon le stratégiste, nous vivons dans une ère de conflits économiques permanents : « La guerre économique, c’est une guerre en temps de paix, où les puissances s’affrontent par l’économie », appuie-t-il. C’est dans cet esprit qu’il participe à l’élaboration du rapport Martre, au début des années 1990, lorsqu’il était conseiller auprès du Commissariat au Plan. Un rapport qui a été à l’origine de l’officialisation du concept d’intelligence économique en France. Il y pose une question centrale : « Dans une société de l’information, comment utiliser l’information comme un outil au service de la stratégie ? »
Face à la guerre commerciale menée notamment par les États-Unis, Christian Harbulot alerte : « L’Europe et la France sont désarmées. Nous nous sommes trop longtemps habitués à être dépendants d’un ordre mondial dirigé par les États-Unis. » Pour remédier à ce retard, il plaide pour un changement profond de culture stratégique. « On ne pourra renforcer notre souveraineté industrielle que le jour où on comprendra que la priorité des priorités est de penser comment accroître notre puissance par des stratégies économiques. » En ce sens, son école a mené un travail sur un « indice sur les risques de désindustrialisation », issu de la fusion de connaissances entre le monde ingénieur et l’intelligence économique, qui pourrait déboucher sur la création d’un observatoire national.
Aux politiques, Christian Harbulot invite à incarner une vision stratégique claire, capable de rassembler les Français autour d’un objectif commun, en utilisant un discours de combat et pas seulement de rupture : « Dans un pays comme la France, nous ne nous en sortirons que lorsque la majorité des gens qui souhaitent se battre pour développer ce pays l’emportera sur ceux que cela n’intéresse pas », conclut-il.