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Stratégie d'influence, l'expertise EGE dans le dossier sur le soft-power de SD Magazine

SD Magazine publie un article sur le Soft-power intitulé "L’universalité à la française, vers une stratégie d’influence ?" et s'interroge sur les marges de manoeuvre de la France dans un monde sous influence. Explications avec Christian Harbulot, directeur de l'Ecole de Guerre Economique, et Pierre-William Fregonese, diplômé de l'EGE, docteur en sciences politiques et enseignant à Sciences Po Lille.

Le terme de soft-power ne fait pas l’unanimité mais permet tout de même de révéler les schémas d’influence. « Le concept de soft power est une théorie américaine née à la fin de la Guerre Froide de la plume de Joseph Nye, théoricien et homme politique américain, destiné à pérenniser la puissance américaine en prévision d’un éventuel déclin à venir. Il n’existait d’ailleurs pas de terme français équivalent car le concept n’a pas été repris par l’école française. » précise Pierre-William Fregonese, docteur en sciences politiques et enseignant à Sciences Po Lille, qui lui préfère la théorie de « stratégie culturelle » développée dans son ouvrage De la stratégie culturelle française au XXIe siècle1. « Le classement soft-power 30 du cabinet Portland qui sort tous les ans, s’appuie davantage sur le jeu des influences à court terme que sur les grandes tendances que l’on observe au fil des décennies. » complète-t-il.

Un monde sous influence

L’accroissement des moyens de communication, notamment par les réseaux sociaux, a renforcé les jeux d’influence entre les puissances. Dorénavant, il ne s’agit plus seulement d’utiliser la diplomatie culturelle mais de remporter une guerre de l’information en mobilisant les masses. « Les Etats-Unis sont très impliqués dans cette lutte caractérisée par la crise de l’attention. En effet, l’enjeu est de capter et de mobiliser l’attention du public comme le font Netflix et Amazon par exemple, pour ensuite pouvoir faire passer des messages. » indique Pierre-William Fregonese. Des gains politico-économiques sont à la clé. « Nous sommes aujourd’hui très exposés à ces influences étrangères, avec un risque de perte de marchés stratégiques et d’influence politique. Les Etats-Unis sont à la manoeuvre et leurs offensives sont indirectes et difficilement identifiables. L’élection d’un candidat démocrate pourrait renforcer cette tendance à vassaliser l’Europe. » expose Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de Guerre Economique. De la même manière, « la Turquie use de l’arme informationnelle pour se jouer des contradictions de l’Union européenne. Elle utilise les minorités turques en Europe comme autant de relais d’influence permettant d’atteindre des objectifs politiques. »

Malgré la première place au classement SP30, « il ne semble pas que la France soit particulièrement active en matière de stratégie d’influence et de contre-influence. » déplore Christian Harbulot. Pourtant, la crise sanitaire a révélé les capacités françaises en la matière. « Face à l’offensive informationnelle chinoise du printemps visant à faire oublier son rôle dans l’éclatement de la pandémie, nos médias ont été réactifs et efficaces. En exhibant certains dossiers compromettant, ils ont su mettre l’Empire du Milieu devant ses contradictions politiques, probablement avec l’assentiment de l’exécutif. »

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