Concept civil : Les théories et Les technologies de la guerre psychologique

Les théories et Les technologies de la guerre psychologique à l'aube du 3ème millénaire (par Claude MICHEL Ingénieur chez Thomson-CSF communications / RSC Professeur à l'Ecole Militaire - EMSST[1] Conférencier à la SAE [2])1. Résumé de l'article
2. Un nouveau défi pour l'Armée française
3. Guerre de l'information et gestion des crises internationales
4. Les nouveaux outils électroniques et informatiques pour la gestion des médias
5.1. Le système informatisé d'aide à l'argumentation pour la communication opérationnelle et spéciale. (Projet Protagoras)
5.4. Le système informatisé d'aide à la création de la déception médiatique : (projet : Sun Tzu)
6. Ethique et gestion des médias
7. Citations
8. Conclusions
9. Sigles utilisés
10. Bibliographie sommaire

 

1. Résumé de l'article

PSYOPS [4] aux Etats-Unis, en possèdent déjà quelques unes...


 

2. Un nouveau défi pour l'Armée française:

Les Forces Armées se trouvent, de plus en plus aujourd'hui, confrontées à un nouveau défi : la gestion de crises à l'étranger où le but recherché est de réguler et de contenir la violence pour rétablir la paix en utilisant autant que possible des stratégies d'actions où la démonstration et l'utilisation des forces sont combinées avec une panoplie d'autres moyens d'actions : la Guerre de l'information, les actions économiques et juridiques, les pressions internationales et la diplomatie. Si la force reste l'outil ultime des puissances intervenantes dans de telles situations, l'idéal est de la faire peser sans y recourir effectivement. En effet le recours effectif à la violence peut se révéler contre-productif car il entraîne toujours le risque de déclencher une nouvelle spirale de violences avec des conséquences imprévisibles.


 

 

3. Guerre de l'information et gestion des crises internationales:

Pour améliorer l'efficacité des interventions, il y a donc lieu de disposer et de mettre en oeuvre conjointement avec les moyens militaires et en étroite coordination avec eux, un ensemble d'autres types de moyens avec des procédures d'utilisation adaptées.

Actuellement pour gérer efficacement les crises, le besoin est grand de disposer d'outils de maîtrise et de coordination de l'information médiatique utilisables par un ensemble de cellules de futurs centres C3 R spécialisés en gestion des crises.

On peut citer par exemple:



La cellule du Conseiller Politique,

La cellule du Porte Parole,

La cellule du Conseiller Juridique,

La cellule des Opérations Psychologiques (manoeuvre médiatique et déception),

La cellule du Renseignement.


Outre les systèmes existants dans les C3I classiques (tenue de situation, messagerie, planification,...), des outils nouveaux pourraient être développés :




 

René Girard avec près de 600 sites sur INTERNET est considéré aujourd'hui comme le père fondateur de la polémologie contemporaine. Ses théories de la mimésis (violence mimétique); du sacrifice et du bouc émissaire, ... lui ont permit de fournir des explications scientifiques et opératoires du comportement violent des sociétés humaines, et des mécanismes d'explications des conflits humains . Ces modèles englobent toutes les autres théories anthropologiques connues . Une théorie de la médiation pour les forces d'interposition pour gérer les guerres ethniques est en cours d'élaboration par l'auteur de cet article avec la collaboration du CNRS/CREA [5] . Depuis plus de 15 ans le CREA a en effet formalisé cette théorie pour l'appliquer aux domaines économiques notamment.


 

Des guides et des logiciels d'aides à la décision pour optimiser l'utilisation des moyens d'actions économiques, militaires, diplomatiques en prenant en compte l'éthique de la guerre, et les effets pervers des actions économiques.

Des nouveaux Systèmes d'Informations Géopolitiques : comme un atlas géopolitique renseigné et des logiciels pour guider les décisions en fonction des actions envisagées sur le terrain.

De nouveaux moyens de Guerre Electronique : capture, brouillage d'émetteurs civils (TV), écoute de l'activité radioélectrique notamment GSM.

Des moyens de Guerre Informatique : pénétration des réseaux, générations de nouveaux virus indécelables avec les outils classiques, chevaux de Troie pouvant être déclenchés à distance par radio,...

Des capteurs adaptés sur plates-formes avec des traitements permettant l'observation par satellites ou par drones.

Des moyens de communications protégés pour assurer les liaisons de ces capteurs vers les centres de traitement.



 

 

Des outils de gestion des médias (que nous allons développer ci-après) :


 

4. Les nouveaux outils électroniques et informatiques pour la gestion des médias:

Les brigades PSYOPS possèdent depuis plusieurs années des doctrines et des équipements, qui leurs permettent d'être plus efficaces sur les théâtres d'opérations.

On peut citer, par exemple:




 

l'USAF qui permet de diffuser des messages médiatiques



 

 

(illustration).




Ces technologies font appels aux techniques de l'argumentation appliquées aux domaines de l'image, du son et du texte;


 

Dans nos société modernes, des outils sophistiqués de gestion des médias pourraient prendre une importance grandissante. Ils permettraient aux décideurs d'anticiper les effets de leurs choix argumentatifs et communicationnels sur les opinions nationales, internationales mais aussi sur les populations cibles.Ils pourraient aussi servir de guide pour la préparation et l'accompagnement médiatique des opérations militaires et permettre ainsi de tester les forces respectives des argumentations qui soutiendrait différentes stratégies de communications. De plus la manoeuvre médiatique doit de plus en plus intégrer la détection de la désinformation, ou la déception médiatique .

sont techniquement réalisables ; citons par exemple :




 

5.1. Le système informatisé d'aide à l'argumentation pour la communication opérationnelle et spéciale. (Projet Protagoras) (voir la figure ci-après)

 

Ce premier système aiderait les cellules de communications des armées (opérationnelles et spéciales) à concevoir des messages médiatiques parfaitement argumentés; ceci grâce à plusieurs modules logiciel qui permettraient :

De rechercher des arguments génériques: lieux communs et spécifiques :

D'utiliser des SGBD de figures de rhétorique (de textes et d'images) (métaphores, méthonymies, synecdoque, ...) en cours d'élaborations ou existantes pour l'aide à la conception (10) (11) des argumentaires.

De permettre de sélectionner, interpréter, adapter, et présenter les données brutes en vue d'une argumentation : modules (2), (3) et (4) reliées au moteur d'inférence.


En outre, ces modules logiciels auraient pour autre fonction d'aider l'utilisateur à imaginer de nouveaux arguments pour défendre une thèse. Ce module (5) est le plus important dans le cycle du traitement. Il permet de passer en revue les différents types d'arguments (12) et de les proposer à l'utilisateur qui doit les adapter en fonction du contexte; à savoir :

 

 

Les arguments " quasi-logiques " :

 

L'argument de justice : appliquer le même traitement à des êtres ou à des situations que l'on intègre dans la même situation (" sinon deux poids deux mesures

 

 

L'argument de réciprocité : appliquer le même raisonnement à deux situations symétriques exemple : " si les vendre n'est pas honteux pour vous, les acheter ne l'est pas non plus pour nous

 

 

L'argument de transitivité , exemple : " les amis de mes amis sont mes amis "

 

L'argument de la division du tout en ses parties , exemple : "  prouver qu'une ville est détruite à quelqu'un qui le nie, peut se faire par énumération exhaustive de tous les quartiers détruits ".

 



 

 

L'argument de comparaison, exemple : " Le crime est le même ou de voler l'état , ou de faire des largesses contraires à l'intérêt public ".

 

L'argument du sacrifice, à savoir : faire état du sacrifice que l'on est disposé à subir pour obtenir un résultat : " Je retournerai la même dague contre moi ". Brutus dans Jules César de Shakespeare.

 

 

L'argument des probabilités (cf : le pari de Pascal)

 

 

les arguments " empiriques " :

 

L'argument pragmatique : qui permet d'apprécier un acte ou un évènement en fonction de ses conséquences présentes ou futures.

 

 

L'argument de la fin et des moyens : exemple : " Je ne voudrais pas que la cupidité et l'ambition nous enlève tout ce qui nous a grandi jusqu'à présent par la charité et le mépris du monde ".

(Ignace de Loyola suppliant le pape de ne pas donner à un Jésuite de charge épiscopale).


 

L'argument du gaspillage : puisqu'on a commencé une oeuvre, accepté des sacrifices, qui seraient perdus en cas de renoncement à l'entreprise, il faut poursuivre dans la même direction...

 

 

Argument de la direction (qui consiste à décomposer la poursuite d'une fin en plusieurs étapes et à envisager la manière dont la situation se transforme.)

 

 

Argument du dépassement : ou possibilité d'aller toujours plus loin dans un certain sens sans voir les limites dans cette direction avec accroissement de la valeur continue du type " plus c'est bon meilleurs c'est ",

 

 

L'argument d'autorité qui utilise les actes ou des jugements d'une personne comme moyens de preuve en faveur d'une thèse.

 

 

L'argument de double hiérarchie ; " a fortiori ",.... exemple : " Etre tempérant est bon, attendu qu'être intempérant est nuisible, si la guerre est cause des maux présents, c'est avec la paix qu'il faut les réparer " (Aristote).,

fondements sur un cas particulier, par l'illustration ou le modèle, par l'analogie...

 

Les techniques de " ruptures et de freinages " qui permettent de séparer l'acte de l'agent, exemple :  " il faut être aussi sainte qu'elle pour en faire autant sans pêcher " (Bossuet) ; ainsi que les techniques de " dissociations des notions " (l'inverse des techniques de l'amalgame) classiques en rhétorique ; qui refusent de reconnaître des liaisons argumentatives d'éléments qui doivent rester séparés et indépendants ; exemple " Il n'est pas permis de dire qu'ils furent vaincus aucun d'eux n'ayant accepté de fuir " (Isocrate)

Les modules (6) et (14) permettent d'analyser les interactions et l'ordre des arguments à respecter pour générer le message final.

Des modules optionnels (16) pourraient permettre de donner des indications sur le style et la théâtralité du discours à tenir en fonction de la situation argumentative; de l'auditoire et du contexte géopolitique du moment.







 



 





 



 


.

La théorie de la révision permet de formaliser les techniques argumentatives issues des systèmes d'information et donc d'aider à détecter la désinformation par l'analyse des (in)cohérences et des (in)compatibilités des arguments. Ceci est possible grâce à une analyse de réseaux de priorités entre les informations issues de plusieurs sources.

Cette théorie a été mise à l'épreuve au CNRS sur plusieurs exemples (contemporains et historiques) :



L'affaire des essais nucléaires en 1995 (opération Nautile)

La manoeuvre médiatique américaine lors de la guerre du Golfe (faisant croire à un débarquement sur les côtes du Koweit, un scénario largement repris par les médias illustré par des images de bâtiments de débarquement)

La désinformation réalisée par les forces alliés lors du débarquement en Normandie en 1944.


Le système informatique met en oeuvre une aide semi-automatisée qui compare des priorités implicites ou explicites dans un ensemble d'informations (cf : d'arguments) avec les priorités d'autres ensembles, et qui montre que si :



Le message est cohérent avec les faits.

Le message est cohérent sur plusieurs points (pas sur tous) avec les priorités amies.

Le message est totalement cohérent avec les priorités ennemies


Alors il y a présomption de désinformation !.




5.4. Le système informatisé d'aide à la création de la déception médiatique (projet : Gorgias)


 

Inversement, il est possible connaissant le réseau de priorités d'un adversaire d'en déduire des stratégies efficaces pour renverser le jugement de ses croyances. Ici l'information est compatible avec ses priorités admises, et le système en rajoute d'autres; voire suggère des échanges de priorités entre celles-ci. Il aide le commandement à créer une déception crédible chez l'adversaire.


 

6. Ethique et gestion des médias

 




 



 


 

7. Citations

 

(Ludwig Wittgenstein)


 

 

8. Conclusions ...

Et après tout, ce n'est qu'une affaire de tuyaux:



Le sang qui coule dans les veines,

Les canons qui lancent les obus ,

Les plumes d'oie qui servaient à écrire,

Aujourd'hui, les réseaux de communications qui véhiculent l'information, et donc l'argumentation...


 

 



 

9. Sigles utilisés :

[1] SAE : cours de perfectionnement de la Société des Amis de l'ENSAE et de l'ENSTA

[2] EMSST : Enseignement Militaire Supérieur Scientifique et Technique.

[3] C3R : Contrôle, Commande, Communications et Renseignement (ou Système d'Information et de Communications )

[4] PSYOPS: Psychological Operations

[5] CREA : Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

[6] DoD : Department of Defence aux USA



 

10. Bibliographie sommaire :

 

 
 

Argumentation : Le traité de l'argumentation (C.Pérelman . édition: Vrin)

 

Cours de la SAE : (l'argumentation Scientifique et Technique) livre à paraître chez Lavoisier (C.Michel et Bernard Pauly)

 

Argumentation et raisonnement juridique - Pierre Livet - éditeur : Vrin et Ottawa - à paraître -

 

Réfutation : L'art d'avoir toujours raison (Schopenhauer . édition: Circé )

 

Théorie de la révision : " On monotonic logics " - Basic concepts and techniques - edition :Springer - Collection : lecture note in Artificial Intelligence - N° 1187 - Karl Schelsta -

 

René Girard :  la violence et le sacré, des choses cachées depuis la fondation du monde,  le bouc émissaire - Edition: Grasset .

 

C3R de gestion des crises et guerre de l'information : cours SAE : S 08 et O 32 et cours de l'EMSST (par C.Michel)

 

Théorie de la médiation, gestion des crises : " Managing global chaos " ( US Institut of peace press )

 

Internet : tapez " psyop " ou " psyops " sur un moteur de recherche  - environ 800 pages web aujourd'hui !