Il est difficile de définir la position japonaise sur la guerre de l'information. Nous nous limiterons ici à évoquer le point de vue du Colonel Koji Shimohira (F.A.A. Japonaises), Attaché de Défense à l'Ambassade du Japon à Paris.
Selon lui, compte tenu des limitations imposées après 1945, la conceptualisation de la guerre de « l'Information Warfare » n'en est qu'à ses débuts au Japon. De ce fait, la Défense japonaise n'est pas très avancée conceptuellement, et encore moins sur le plan opérationnel (dans tous les cas, moins qu'aux Etats-Unis). Le Gouvernement commence à peine a commander des rapports pour faire le point sur le sujet et à s'équiper en matériels performants (Awacs, JSTARS).
« On peut donc espérer qu'à court terme, lesforces d'auto-défense japonaises établissent des éléments plusfins sur cette question ».
Quelle est la cause de ce retard ?
La dislocation du bloc soviétique n'a pas fondamentalement changé la nature des risques pour le Japon. La proximité géographique de la Corée du Nord qui tente de se doter de l'arme atomique, de la Chine et des pays de l'ex-URSS augmente les risques de guerre conventionnelle.
Le CFE entraîne un redéploiement des armes stratégiques Russes de l'Europe vers la zone asiatique. Parallèlement la qualité des armes russes (NEg 27) et chinoises s'améliore sans cesse. Ainsi, contrairement aux pays occidentaux, le Japon voit-il la menace conventionnelle s'accroître.
< align=justifyP>De plus, le Japon n'a pas noté de menace particulière sur le champ de la guerre de l'information.
Sur le concept de guerre de l'information, le Colonel Shimohira se déclare en accord avec la typologie proposée dans la présente étude (pour, par, contre). Celle de la Rand Corporation, rappelée ci-après, n'est pas adaptée au contexte japonais :
Compte tenu de sa situation, de sa culture et de la domination absolue des milieux économiques sur la société japonaise, le Japon ne distingue que deux sphères dans lesquelles la guerre de l'information peut se développer : La sphère militaire et le reste. En effet, les sphères économique et socio-politique sont confondues.
Le Colonel Shimohira est en accord avec l'idée que le plus grand danger que véhicule la guerre de l'information concerne les contenus et non les contenants.
< align=justifyP>Le Colonel Shimohira estime que les forces d'auto défense japonaises ont simultanément besoin des trois composantes suivantes pour être en mesure de lutter efficacement contre la guerre de l'information : des forces spéciales, des structures spéciales et des matériels spécifiques. Mais le Japon n'est qu'au début de sa réflexion sur les cellules de crise et les forces spéciales.
La guerre de l'information est prise en compte avec plus de sérieux et de vigilance dans les milieux d'affaires japonais. Les sociétés privées ont chacune sa conception de la guerre de l'information et ont développé des systèmes de renseignement et de protection perfectionnés, y compris sous l'angle technologique. Toutefois, il n'y aurait ni concertation, ni coordination des activités de guerre de l'information civile : chacun pour soi.
Même s'il développe des systèmes d'information très perfectionnés dans la société civile, les forces d'auto-défense japonaise ne sont prêtes à affronter, dans un avenir proche, une guerre de l'information. « Nous devons donc construire notre capacité de combat dès le temps de Ipaix. Le civil dispose des techniques et du matériel. Pour l'instant, la Défense ne dispose _ni
des techniques et du matériel, ni de l'organisation et de la doctrine ». Cette situation est dûe à la différence de potentiel financier et technologique qui existe entre la Défense et le civil : « l'industrie estplus avancée que les militaire. » Les transferts de technologie informatique et de techniques de guerre de l'information du civil vers la Défense ne sont pas envisageables du fait de l'importance du décalage. Ce dernier s'accroîtra, même si la Défense augmente son potentiel, car les entreprises développent et développeront leurs capacités dans les technologies de l'information plus rapidement que les militaires.
La vulnérabilité du Japon à la guerre de l'information est moindre que celle des pays occidentaux. Par exemple, sur la variable « renseignement », il est plus facile pour le Japon de se renseigner sur le reste du monde que pour le reste du monde de se renseigner sur le Japon.
« Aujourd'hui, nous pouvons réfléchir, mais nous ne pouvons pas agir, construire dit hardware, à cause des limitations consécutives à la seconde guerre mondiale. Or, la réflexion n'a pas beaucoup de sens si la capacité de mise en oeuvre ne suit pas. Nous pourrons cependant agir dès que la pression américaine se relâchera. Cela ne saurait tarder. »
Remarque :
Les éléments fournis par le Colonel Shimohira doivent être considérés avec précaution et sont en cours de validation. Il est néanmoins possible de confirmer l'activité intense des firmes japonaises dans le renseignement, notamment ouvert. Cette activité est, pour partie, coordonnée et complétée par différents organismes tels le MITI, le JETRO, le JSCST, etc. Il serait donc erroné de considérer que, pour ce qui est du renseignement, les firmes japonaises agissent sans aucune coordination.