Confessions of an Economic Hit Man, traduisez par “Confessions d’un tueur à gage économique”, est le témoignage édifiant d’une vie, celle de son auteur. Le travail de John Perkins a consisté pendant 30 ans à « piéger » les pays en voie de développement pour que ces derniers s’endettent auprès des Etats-Unis et tombent sous leur influence. Menacé et payé pour qu’il ne rédige jamais son ouvrage, John Perkins le publie finalement après 20 ans d’hésitations.L’auteur définit les « Economic hit men (EHMs) », dont il fait partie, comme étant des professionnels très bien rémunérés dont la mission consistait à capter les fonds de la Banque mondiale, de l’USAID et des autres organisations d’aide au développement pour les dérouter vers des multinationales. D’après lui, pour parvenir à leurs fins, ces EHMs truquent rapports financiers et élections, extorquent des fonds, exercent des chantages, et vont même jusqu’au meurtre.
Plus précisément, le travail de John Perkins consistait à encourager les leaders mondiaux à faire partie d’un vaste réseau visant la promotion des intérêts commerciaux des Etats-Unis. Pour s’assurer de leur loyauté, ces leaders contractaient d’énormes dettes ce qui les rendaient malléables aux besoins américains. Les EHMs participent de la sorte à la construction de l’« empire global ».
« We are an elite group of men and women who utilize international financial organizations to foment conditions that make other nations subservient to the corporatocracy running our biggest corporations, our government, and our banks. Like our counterparts in the Mafia, EHMs provide favors. These take the form of loans to develop infrastructure: electric generating plants, highways, ports, airports, or industrial parks. A condition of such loans is that engineering and construction companies from our own country must build all these projects. In essence, most of the money never leaves the United States; it is simply transferred from banking offices in Washington to engineering offices in New York, Houston, or San Francisco.”
L’auteur fait également référence à une autre catégorie d’individus, beaucoup plus inquiétante : les « jackals ». Si les EHMs viennent à faillir à leurs missions, les « jackals » prennent le relais. Ce sont eux qui se chargent des « accidents » violents et autres renversements de gouvernements. Perkins prend l’exemple de Jaime Roldós et d’Omar Torrijos, respectivement Présidents de l’Equateur et du Panama, qui décédèrent brutalement, mais pas accidentellement. Ils furent assassinés car ils s’opposaient au vaste projet d’ « empire global », et comme les EHMs n’ont pas réussi à les contraindre, les « jackals » ont pris la suite des opérations.
Ce n’est qu’en dernier recours, lorsque les EHMs et les « jackals » ont échoué, que les soldats US sont envoyés sur place pour assurer la mainmise sur l’objectif.
Dans son ouvrage, John Perkins emmène le lecteur aux quatre coins du globe, de Panama à l’Indonésie, en passant par l’Iran, l’Equateur, sans oublier l’Arabie Saoudite et la Colombie. Il nous propose une relecture des évènements qui ont secoué les XXème siècle, loin de la ligne officielle de l’Histoire.
Alors que certains s’interrogent sur la notion de « paix économique », cet ouvrage nous livre une vision précise et édifiante de ce qu’est la « guerre économique ». Loin de la loi des marchés et de l’offre et de la demande, John Perkins soulève un voile sur les actions invisibles menées dans le plus grand secret par les cercles d’influence et de pouvoir.
AVS