La face noire de la finance - Sécurité globale n° 16 – Choiseul

Sécurité Globale des Editions Choiseul consacre un dossier sur la face noire de la finance. Dans un article captivant, complété d’une chronologie précise de la crise et d’une bibliographie bienvenue, Jean-François Gayraud traite de la crise des subprimes sous l’angle du diagnostique criminel, faisant ressortir le caractère frauduleux, mensonger et obscur du système politico-financier américain. L’auteur rappelle également que cela ne peut que perdurer au regard du système juridique, basé sur le plaidé coupable (sans reconnaissance de culpabilité) et les juridictions civiles (amendes financières encourues) ce qui renforce le sentiment d’impunité.

 

L’article de Xavier Raufer revient sur l’étude du triptyque Davos-Goldman Sachs-Idéologie qui encadre la finance mondiale afin d’en déceler « des tendances, des tropismes criminogènes, pour les signaler et, par l’enseignement, l’échange et le dialogue, tenter de les réduire, voire de les prévenir ». On lira également avec intérêt l’article de Pascal Junghans sur les Unsponsored American Depository Receipt, créés par les banques et avocats d’affaires, avec la bénédiction juridique des autorités américaines. En créant des sortes d’actions d’entreprises non américaines, sans le consentement de celles-ci, les acteurs financiers développent, à leur profit, un nouveau marché purement artificiel et opaque.

 

CSFRS, remettent en question les modèles froids qui rendent inaudibles des alertes de moins en moins rares. L’objectif est ainsi d’améliorer notre capacité d’analyse stratégique. Trois griefs sont avancés : nos modèles technocratiques éculés, notre aveuglement stratégique et notre confiance en soi qui vire à l’arrogance, préjudiciable dans la détection et l’analyse des signaux faibles. L’aveuglement qui est le nôtre nous empêche d’éviter les surprises stratégiques. En écho à cet article, le papier de Léon Koungou retrace la culture stratégique camerounaise au regard de l’histoire du pays, notamment de son passé de pays colonisé.

Pour finir, deux articles didactiques et très pertinents complètent ce numéro de Sécurité Globale. Celui de Marc-Antoine Pérouse de Montclos porte sur les ONG humanitaires islamiques afin d’en analyser les buts et les différences avec d’autres types d’ONG, notamment chrétiennes. Le papier attache un soin particulier à expliquer les différences entre ONG, notamment le caractère évangélique ou prosélyte, tout comme la nécessaire certification et surveillance gouvernementales afin d’éviter les écueils. Le second article, de Carole Stora-Calté, analyse les enjeux politiques et frontaliers au Sud-Soudan nouvellement indépendant, ainsi que la question sous-jacente du Darfour et du pétrole.