Quelle légitimité pour l’intelligence économique ?

Nicolas Moinet a réussi à relever le défi inclus dans la citation qui est dans la page de garde de son ouvrage Intelligence économique, mythes et réalités, paru aux éditions du CNRS : « ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin » (Kierkegard) C’est la première fois que le CNRS accepte de publier un ouvrage sur l’intelligence économique. Dominique Wolton a rédigé la postface en insistant sur la prochaine bataille à venir qui « est celle du savoir ». Ce premier pas d’un illustre représentant du monde universitaire vers la reconnaissance d’un enjeu stratégique est encore timide mais nous ne sommes qu’au début d’un processus. Nicolas Moinet fait partie de cette nouvelle génération de professeurs d’université qui relève les défis de son temps. Il a su exposer avec une grande rigueur le véritable contenu de la démarche d’intelligence économique. Tout étudiant ou professionnel qui lira son livre ne confondra plus les faits divers de barbouzerie avec la place prise par l’économie de la connaissance dans la compétition économique mondiale. Nicolas Moinet a su éviter deux écueils fondamentaux :
•    Le premier écueil est la focalisation sur l’usage de l’information dans le cœur de métier. Les pionniers de la veille technologique, les chercheurs en système d’information rattachés aux sciences de gestion ont une approche  « outils et veille » de l’IE.
•    Le second écueil est l’incapacité d’intégrer l’IE à la grille de lecture Puissances/ Marchés/ Territoires. Les idéologues libéraux ne veulent pas établir une corrélation entre une politique d’accroissement de puissance et l’arme économique.  Les idéologues socialistes confondent la discrétion et l’impérative nécessité de construire un discours structurant sur l’information et la stratégie.
Nicolas Moinet est le premier à avoir su conceptualiser le passage laborieux de l’étape « connaître pour agir » au « connaître est agir ». Cette distinction  n’a rien d’une subtilité d’intellectuel. La France a le deuxième domaine maritime au monde, aucun pouvoir politique n’a su jusqu’à ce jour en tirer un plan stratégique de long terme pour accroître la puissance économique de notre pays. Il s’agit pourtant d’emplois et d’activités économiques.