Le vendredi 19 octobre, le quotidien Libération titre en première page «Au Pakistan, la guerre des drones». Le « reportage » (car l’article est décrit comme tel) fait une double page dans la rubrique Monde et titrée « Au Waziristan, la vie sous les drones ».
La journaliste nous fait part du décès d’un adolescent de 17 ans tué par un tir de drone qui a pulvérisé son véhicule, acte qualifié d’assassinat. Seulement, voilà: à peine quelques lignes plus loin, notre «envoyée spéciale à Tank» (qui est aussi, selon les moments «envoyée spéciale à Karachi» ou «correspondante à Islamabad») nous avoue: «il reste très difficile de vérifier les circonstances de la mort de ces victimes, les étrangers étant interdits de territoire»... Les affirmations précédentes pourraient-elles donc être fausses?
Dans la suite de son article, notre journaliste cite des chiffres très précis, où tout du moins qui ont l’apparence de l’être: ces chiffres sont cités à l’unité près (entre 474 et 884), alors que la fourchette va du simple au double!
Et notre correspondante au Pakistan s’appuie sur ces chiffres issus d’un bureau de ... Londres! (The Bureau of Investigative Journalism - TBIJ)
Sur le site de cette source, on trouve la phrase suivante: « The Bureau of Investigative Journalism exists to put investigative journalism back on the front page.». C’est donc les journalistes d’investigation qui sont censés alimenter ce site pour valoriser leur travail, et non, comme c’est le cas ici, aux données du site d’alimenter les articles des journalistes de terrain...
D’autant plus que sur cette page, le TBIJ indique obtenir ses données de sources officielles, de «média crédibles» (sic), ainsi que «d’autres sources» (lesquelles?).
Et l’auteur de l’article de s’appuyer sur ces chiffres pour la suite de son reportage, et nous faire prendre la mesure de ces survols «incessants» de drones, «parfois 24 heures sur 24, et qui frappent plusieurs fois». Elle met en avant les «349 attaques depuis 2004, dont 297 sous la présidence d’Obama».
Mais un lecteur attentif et avisé s’apercevra, toujours à partir des mêmes sources, qu’il n’y a eu «que» 41 frappes de drone en 2012, soit une moyenne de 4 par mois. On est loin des attaques incessantes citées dans l’article de Libération.
On pourrait enfin discuter sur les témoignages de ceux qui «entendent» les drones, ou qui les voient. Un drone «Predator» est un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) qui vole aux alentour de 7000 m et fait 14m d’envergure: difficile d’apercevoir un objet fin de 14m à 7km de distance... Et difficile d’entendre un moteur Rotax à 7km aussi.... En résumé, un «reportage terrain» sur une zone où la journaliste n’a pu aller, s’appuyant sur des chiffres invérifiables (400? 800?) issus d’un site basé à Londres, et une manipulation des chiffres pour coller à l’article. Qui croire ?
La journaliste nous fait part du décès d’un adolescent de 17 ans tué par un tir de drone qui a pulvérisé son véhicule, acte qualifié d’assassinat. Seulement, voilà: à peine quelques lignes plus loin, notre «envoyée spéciale à Tank» (qui est aussi, selon les moments «envoyée spéciale à Karachi» ou «correspondante à Islamabad») nous avoue: «il reste très difficile de vérifier les circonstances de la mort de ces victimes, les étrangers étant interdits de territoire»... Les affirmations précédentes pourraient-elles donc être fausses?
Dans la suite de son article, notre journaliste cite des chiffres très précis, où tout du moins qui ont l’apparence de l’être: ces chiffres sont cités à l’unité près (entre 474 et 884), alors que la fourchette va du simple au double!
Et notre correspondante au Pakistan s’appuie sur ces chiffres issus d’un bureau de ... Londres! (The Bureau of Investigative Journalism - TBIJ)
Sur le site de cette source, on trouve la phrase suivante: « The Bureau of Investigative Journalism exists to put investigative journalism back on the front page.». C’est donc les journalistes d’investigation qui sont censés alimenter ce site pour valoriser leur travail, et non, comme c’est le cas ici, aux données du site d’alimenter les articles des journalistes de terrain...
D’autant plus que sur cette page, le TBIJ indique obtenir ses données de sources officielles, de «média crédibles» (sic), ainsi que «d’autres sources» (lesquelles?).
Et l’auteur de l’article de s’appuyer sur ces chiffres pour la suite de son reportage, et nous faire prendre la mesure de ces survols «incessants» de drones, «parfois 24 heures sur 24, et qui frappent plusieurs fois». Elle met en avant les «349 attaques depuis 2004, dont 297 sous la présidence d’Obama».
Mais un lecteur attentif et avisé s’apercevra, toujours à partir des mêmes sources, qu’il n’y a eu «que» 41 frappes de drone en 2012, soit une moyenne de 4 par mois. On est loin des attaques incessantes citées dans l’article de Libération.
On pourrait enfin discuter sur les témoignages de ceux qui «entendent» les drones, ou qui les voient. Un drone «Predator» est un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) qui vole aux alentour de 7000 m et fait 14m d’envergure: difficile d’apercevoir un objet fin de 14m à 7km de distance... Et difficile d’entendre un moteur Rotax à 7km aussi.... En résumé, un «reportage terrain» sur une zone où la journaliste n’a pu aller, s’appuyant sur des chiffres invérifiables (400? 800?) issus d’un site basé à Londres, et une manipulation des chiffres pour coller à l’article. Qui croire ?