La semaine dernière, le fameux lobby du tabac a fait grand bruit en invitant les parlementaires amateurs de cigares à goûter des produits de haute qualité. La presse, unanime, a dénoncé l’influence de l’industrie sur le pouvoir législatif.
Et pourtant, le pouvoir d’influence de l’industrie du tabac a perdu de sa superbe depuis que ses mensonges sur l’impact de la cigarette sur la santé des consommateurs ont été mis en lumière.
Industrie ultra influente jusque dans les années 2000, les grandes entreprises du tabac n’ont depuis pu contrer une législation et une fiscalité chaque année plus désavantages. La faute à une rupture de confiance actée entre l’industrie et les consommateurs d’une part, et entre l’industrie et les parlementaires d’autre part.
Désormais, les politiques ; Gouvernement, Parlement et partis, « black-listent » les représentants du tabac. L’industrie a endossé malgré elle l’image du « lobby », sorte de monstre désincarné et malveillant, capable d’influencer le politique et de légiférer à sa place. On comprend aisément que les politiques ne souhaitent pas être associés à cette industrie : ils ont peur que l’on rappelle les collusions passées qui sont à l’origine de la mauvaise santé de certains consommateurs. Dès lors, il est quasi impossible pour un ancien membre de cabinet ministériel qui travaille désormais pour l’industrie du tabac d’être reçu par un ministre ou un parlementaire, qu’il connaît par ailleurs. Le dialogue entre l’industrie du tabac et le politique a été rompu. Résultat, les lois se font sans que l’on prenne véritablement en considération le point de vue des acteurs concernés. Les deux nouvelles hausses du tabac décidées par le Gouvernement Ayrault n’en sont que les révélateurs.
Quand l’industrie pharmaceutique tire sur l’ambulance
Depuis quelques mois, l’industrie du tabac se modernise et prend un coup de jeune grâce à la cigarette électronique ou e-cigarette. Une nouvelle manière de consommer puisque désormais, on ne fume plus, on « vapotte ». Derrière cette nouvelle expression du XXIe siècle se cache une réalité économique, un nouveau marché estimé pour l’Union européenne à environ 400-500 millions d’euros et qui dépasse le marché des thérapies de remplacement de la nicotine (timbres, gommes, inhalateurs). Ce nouveau marché profite, non pas à l’industrie du tabac comme on pourrait le croire, mais à une autre industrie, celle du médicament.
L’industrie pharmaceutique fait appel à ses experts pour démontrer que la cigarette électronique possède tous les atouts pour devenir un médicament. Ainsi plusieurs études, dont celle publiée dans le Journal of Public Health Policy de la Boston University School of Public Health (2011) montre que la cigarette électronique est moins nocive que la cigarette ordinaire et est comparable, en termes de toxicité, aux spécialités pharmaceutiques contenant de la nicotine. Par ailleurs, la cigarette électronique possède deux autres atouts, elle permettrait aux fumeurs d’arrêter de fumer et ne provoquerait pas de tabagisme passif chez les non-fumeurs.
L’industrie pharmaceutique fait donc tout ce qu’elle peut pour que ce produit soit reconnu comme un médicament. Pour se faire, elle fait appel à des experts comme le pneumologue Bertrand Dautzenberg qui demande que la cigarette électronique bénéficie en France du statut similaire aux autres substituts de drogues comme la méthadone. Et surtout, elle fait tout pour que la cigarette électronique soit vendue en pharmacie. Visiomed, « entreprise spécialisée dans le développement, la conception et la fabrication de produits de santé innovants » souhaite déployer dans les pharmacies un dispositif marketing important. Des présentoirs seraient ainsi situés à l’entrée des pharmacies pour vanter le « dispositif médical adapté pour le traitement du sevrage de la gestuelle tabagique ». Faire la même chose pour l’industrie du tabac chez un buraliste serait inconcevable et impossible !
En France, les autorités rechignent à reconnaître la cigarette électronique comme un médicament, le travail de lobbying de l’industrie pharmaceutique est donc plus compliqué qu’il ne l’est à Bruxelles où la commission ENVI semble plus enclin à reconnaitre le produit comme un médicament. Dans le cadre du projet de révision de la Directive sur les produits du tabac, la commission travaille à la définition d’un statut légal de la cigarette électronique. Dans le texte initial proposé par le commissaire à la santé Tonio Borg, la cigarette électronique est reconnue comme un médicament si le dosage n’excède pas le 4mg/ml de nicotine.
Et pourtant, le pouvoir d’influence de l’industrie du tabac a perdu de sa superbe depuis que ses mensonges sur l’impact de la cigarette sur la santé des consommateurs ont été mis en lumière.
Industrie ultra influente jusque dans les années 2000, les grandes entreprises du tabac n’ont depuis pu contrer une législation et une fiscalité chaque année plus désavantages. La faute à une rupture de confiance actée entre l’industrie et les consommateurs d’une part, et entre l’industrie et les parlementaires d’autre part.
Désormais, les politiques ; Gouvernement, Parlement et partis, « black-listent » les représentants du tabac. L’industrie a endossé malgré elle l’image du « lobby », sorte de monstre désincarné et malveillant, capable d’influencer le politique et de légiférer à sa place. On comprend aisément que les politiques ne souhaitent pas être associés à cette industrie : ils ont peur que l’on rappelle les collusions passées qui sont à l’origine de la mauvaise santé de certains consommateurs. Dès lors, il est quasi impossible pour un ancien membre de cabinet ministériel qui travaille désormais pour l’industrie du tabac d’être reçu par un ministre ou un parlementaire, qu’il connaît par ailleurs. Le dialogue entre l’industrie du tabac et le politique a été rompu. Résultat, les lois se font sans que l’on prenne véritablement en considération le point de vue des acteurs concernés. Les deux nouvelles hausses du tabac décidées par le Gouvernement Ayrault n’en sont que les révélateurs.
Quand l’industrie pharmaceutique tire sur l’ambulance
Depuis quelques mois, l’industrie du tabac se modernise et prend un coup de jeune grâce à la cigarette électronique ou e-cigarette. Une nouvelle manière de consommer puisque désormais, on ne fume plus, on « vapotte ». Derrière cette nouvelle expression du XXIe siècle se cache une réalité économique, un nouveau marché estimé pour l’Union européenne à environ 400-500 millions d’euros et qui dépasse le marché des thérapies de remplacement de la nicotine (timbres, gommes, inhalateurs). Ce nouveau marché profite, non pas à l’industrie du tabac comme on pourrait le croire, mais à une autre industrie, celle du médicament.
L’industrie pharmaceutique fait appel à ses experts pour démontrer que la cigarette électronique possède tous les atouts pour devenir un médicament. Ainsi plusieurs études, dont celle publiée dans le Journal of Public Health Policy de la Boston University School of Public Health (2011) montre que la cigarette électronique est moins nocive que la cigarette ordinaire et est comparable, en termes de toxicité, aux spécialités pharmaceutiques contenant de la nicotine. Par ailleurs, la cigarette électronique possède deux autres atouts, elle permettrait aux fumeurs d’arrêter de fumer et ne provoquerait pas de tabagisme passif chez les non-fumeurs.
L’industrie pharmaceutique fait donc tout ce qu’elle peut pour que ce produit soit reconnu comme un médicament. Pour se faire, elle fait appel à des experts comme le pneumologue Bertrand Dautzenberg qui demande que la cigarette électronique bénéficie en France du statut similaire aux autres substituts de drogues comme la méthadone. Et surtout, elle fait tout pour que la cigarette électronique soit vendue en pharmacie. Visiomed, « entreprise spécialisée dans le développement, la conception et la fabrication de produits de santé innovants » souhaite déployer dans les pharmacies un dispositif marketing important. Des présentoirs seraient ainsi situés à l’entrée des pharmacies pour vanter le « dispositif médical adapté pour le traitement du sevrage de la gestuelle tabagique ». Faire la même chose pour l’industrie du tabac chez un buraliste serait inconcevable et impossible !
En France, les autorités rechignent à reconnaître la cigarette électronique comme un médicament, le travail de lobbying de l’industrie pharmaceutique est donc plus compliqué qu’il ne l’est à Bruxelles où la commission ENVI semble plus enclin à reconnaitre le produit comme un médicament. Dans le cadre du projet de révision de la Directive sur les produits du tabac, la commission travaille à la définition d’un statut légal de la cigarette électronique. Dans le texte initial proposé par le commissaire à la santé Tonio Borg, la cigarette électronique est reconnue comme un médicament si le dosage n’excède pas le 4mg/ml de nicotine.