La propagande à l'heure du Web

Les modérateurs des médias en ligne sont en tout cas sur le pied de guerre pour ne pas laisser passer trop de propos incitant à la haine ou illégaux. Sur les médias participatifs, les commentaires sont beaucoup plus nombreux et beaucoup plus virulents car souvent modérés à postériori et par l'ensemble de la communauté. C'est le cas d'Agoravox, par exemple, où le sujet pro ou antisioniste revient d'ailleurs très souvent dans les commentaires, et ce, quel que soit le sujet de l'article.


advocacy room) pour défendre en ligne les intérêtes d'Israël et publier des commentaires, articles, etc. Cette cellule de crise est montrée par un des étudiants qui a mis en ligne une vidéo.

des cours en ligne d'explication ou d'éclaircissement pour défendre le point de vue et la politique de l’État d’Israël auprès de l’opinion publique internationale.

Si nous n'avons pas clairement identifié de dispositif similaire du côté palestinien, les résultats de campagne de désinformations sont visibles sur le Net. Vous trouverez ainsi une photo d'une petite fille déchiquetée et dont la légende attribue la mort à un raid de l'armée de l'air israélienne. Cette image provient pourtant d'un film (The Final Destination).

Il existe aujourd'hui plusieurs façons de mener de la cyber-propagande : Former des activistes déjà actifs ou non, disposant déjà de réseau d'influence ou pas ; Leur expliquer comment fonctionnent les réseaux, les persona et les signatures, les sensibiliser sur les pièges à éviter (traces laissées en ligne, IP, avatars, adresses mails, redondance syntaxiques, etc.) et les former sur le contenu à diffuser. Si le panel des activistes est varié vous obtiendrez une armée de rédacteurs diffusant des contenus variés (commentaires, articles, vidéos, images, ...) avec leur style, leur origine géographique, leur histoire, etc. Ces réseaux ainsi créés sont très difficilement détectables, car une fois chaque individu formé, il repart sans aucun lien avec les autres. Parfois, des sites internet, des forums ou groupes de discussions fermés ou encore des échanges de mails diffusent à tous quelques instructions ou actions à mener. Mais cela multiplie les risques de rendre visible le réseau en créant des point de connexion entre les membres. Ce type de réseau est très difficilement contrôlable puisque composé d'internautes indépendants minimisant les rencontres ou les échanges.

Une autre possibilité est de rassembler en un même lieu, une war room, des activistes venant d'horizons différents et d'influences variées. Le principal avantage de cette solution est créer une synergie, rassembler ses forces en multipliant les échanges entres les membres présents sans que ces connexions soient visibles sur le web. Plusieurs équipes voient souvent le jour dans ces war-room : veille, production de contenu, traduction, graphisme et retouche d'images, diffusion et influence, attaque et dénonciation, etc. La seule précaution à prendre est de rendre cette war-room la plus discrète possible. Tout d'abord en veillant à ce que toutes les publications ne viennent pas de la même adresse IP mais aussi en tâchant de ne pas ébruiter le procédé pour éviter, comme évoqué plus haut, que son efficacité ne soit atteinte.

En conclusion, la propagande ne s'est donc jamais arrêtée, elle est facilitée par l'ère numérique et la démocratisation de l'accès à l'information. Hier, le citoyen accédait à l'information par le biais d'intermédiaire (les médias notamment) qui faisait un travail de vérification et de recoupement de l'information (Ne soyons pas trop sévère, quelques journaliste le font encore aujourd'hui). De nos jours, l'internaute cherche par lui même l'information, sans avoir été formé, comme l'étaient les documentalistes pour trouver les sources pertinentes avec des méthodes efficaces via des outils professionnels, ni comme le sont les journalistes pour recouper l'information. L'internaute utilise des outils (voire un seul) qui fonctionnent sur le bruit et non sur la pertinence. Ces moteurs ne font donc que renforcer les actions de propagande.

(vous pouvez retrouver cet article sur http://fjb.blogs.com/)

François JEANNE-BEYLOT