Les nanoparticules représentent-elles un risque sanitaire majeur ?

Les nanoparticules manufacturées représentent aujourd'hui un enjeu technologique et économique majeur pour la société. Elles permettent des innovations majeures dans de nombreux domaines : santé, énergie, information, transports, sécurité… Depuis les années 90, les nanoparticules sont utilisées dans de très nombreux domaines : électronique, revêtements, textiles, articles de sports, applications pharmaceutiques, applications agroalimentaires, aéronautique, automobile, chimie, construction, cosmétique, optique, etc. aujourd'hui, elles sont présentes dans plus d'un millier de produits.
Leur développement très rapide, l'absence de dispositifs réglementaires spécifiques et les inconnues concernant leur toxicité pour l'Homme génèrent des réactions d'inquiétude devant des risques qui semblaient nouveaux, en tout cas mal connus. Cette inquiétude s'est cristallisée autour de premiers résultats toxicologiques (nanotubes de carbone…) et sur le corpus d'études indiquant une pathogénicité possible pour l'Homme des particules ultra fines provenant de processus de chauffage ou de combustion (diesel…) présentes depuis toujours sur les lieux de travail et dans l'environnement.
Or, à ce jour, aucune étude sanitaire n'existe sur les conséquences de leur absorption par l'organisme. Plusieurs associations s'inquiètent de l'accumulation des nanoparticules dans certains organes, et en particulier le cerveau. Fin novembre 2014 France Nature Environnement évoquait au micro de France TV Info un lien possible avec certaines maladies dégénératives comme Parkinson et Alzheimer.
Dans une interview donnée à la télévision française sur RMC et BFMTV mardi 17 mars, l'eurodéputé EELV José Bové déclare que : "Je dis aux gens : boycottez ces produits, vous n'avez pas besoin de manger cette merde". "Les citoyens ne sont informés de rien et se retrouvent menacés y compris dans leur santé". L'eurodéputé reproche à ces confiseries fabriquées par les américains Kraft Foods et Mars, ainsi qu'à d'autres produits de même type, de faire entrer dans leur composition l'additif E171. Il s'agit d'un pigment où se retrouvent des nanoparticules de dioxyde de titane utilisées pour renforcer la blancheur et la brillance de certains aliments.
Nous assistons à une mainmise des Etats-Unis dans le domaine des nanoparticules. En effet, dans l'alimentation par exemple, plus de 300 nano-aliments ont été répertoriés et constituent déjà un marché de plusieurs centaines de milliards de dollars dans le monde, les Etats-Unis en tête, suivis par le Japon et la Chine. Sachant que nous retrouvons trois groupes américains dans les six premiers leaders mondiaux de l'industrie agroalimentaire, dont Kraftfoods. Kraftfoods a même créé "Nanotech", un consortium qui fait de la recherche sur les nanotechnologies appliquées à la nourriture et qui met en place des brevets pour imposer les fruits de leurs recherches. Les États-Unis sont actuellement leader en matière d'investissement dans ce domaine, ainsi qu'en termes de production scientifique et de valorisation de la recherche.
Les pays européens n'ont aucune souveraineté sur ce dossier et se contentent de suivre le dictat des américains. En effet, c'est Bruxelles qui décide des orientations européennes et étant infecté de lobbyistes américains, nous assistons à une impulsion de la mise en œuvre de structures de recherche adéquates.
L'effort financier de la France dans le domaine des nanotechnologies place le pays au 2ème rang européen derrière l'Allemagne. La France se classe au 5ème rang mondial en termes de nombre de publications dans le domaine des nanosciences. Entre 2001 et 2005, plus d'un milliard d'euros de fonds publics ont été investis en France pour développer la recherche dans le secteur des nanosciences et des nanotechnologies. Pour l’année 2007, l’effort public est de l’ordre de 280 millions d’euros.
En France, peu d'informations sont disponibles, car la mention de nanomatériaux sur l'étiquetage n'est pas obligatoire dans notre pays. Sans doute les effets de la nano transparence…
Ce qu'il est regrettable de constater est que face un enjeu financier conséquent, les industriels, les pouvoirs publics ainsi que certains scientifiques mettent tout en œuvre pour minimiser les risques encourus. L'INRS par exemple souligne que par voie orale "aucun effet cancérogène n'a été observé". Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a présenté le 6 mai 2009 Nano-INNOV, le Plan "Nanotechs", visant à mettre en place une stratégie d'innovation dans les nanotechnologies. Ce plan repose notamment sur la création de centres d'intégration des nanotechnologies à Grenoble, Saclay et Toulouse, où la recherche fondamentale travaillera avec les entreprises pour mettre au point des technologies, déposer des brevets, créer des produits. Dès 2009 et dans le cadre du plan de relance, 70 millions d'euros seront consacrés à ce plan.
Seuls certains organismes ou agences pointent les effets encore malheureusement méconnus de ces technologies infiniment petites en multipliant les publications sur le web. Dans son rapport intitulé "Evaluation des risques liés aux nanomatériaux" publié en mai 2014, l'Anses  met en avant qu'en l'absence d'études épidémiologiques, pour la santé de l'homme, leur taille infinitésimale pourrait plutôt représenter un danger. Il en est de même de  l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments qui tire la sonnette d’alarme : « il n’est pas possible, aujourd’hui, d’évaluer l’exposition du consommateur ni les risques sanitaires liés à l’ingestion de nanoparticules. » Et de conclure : « La prudence s’impose. »
Mais en attendant les industriels continuent à mettre sur le marché des produits contenant des nanoparticules, et cela sans aucune étude de toxicité préalable à leur mise sur le marché. Il serait donc important d'évaluer le ratio bénéfice/risques et de savoir si les nanoparticules sont vraiment indispensables dans notre quotidien. Les nanoparticules risqueraient de représenter pour la France, pour le monde un scandale similaire à l'amiante contrairement à ce qu'affirme les industriels, les pouvoirs publics et certains scientifiques.