Le collectif BDS contre la société Veolia

En août 2015, la société Veolia a quitté le marché Israélien où l’entreprise et ses filiales étaient présentes depuis une vingtaine d’années dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, des services à l’environnement et des transports. Les raisons officiellement évoquées par la société française sont d’ordre économiques cependant l’impact des actions menées au travers de la campagne BDS, pour Boycott Désinvestissement et Solidarité, dans divers pays d’Occident et d’Orient ne peuvent être négligées. Cette campagne initiée depuis dix ans pour nuire au rayonnement culturel, politique et économique d’Israël aurait déjà fait perdre l’équivalent de 10 milliards d’euros chaque année au pays par une pression exercée sur les entreprises internationales ainsi que les consommateurs. Ainsi le retrait des investissements du plus important fonds de pension hollandais ainsi que de la principale banque danoise des banques israéliennes marquèrent une réussite évidente des actions menées par les soutiens du mouvement. En Juin 2014 le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré la campagne BDS comme une menace stratégique à l’encontre des intérêts de l’Etat hébreu.
Les conséquences financières seraient estimées à 20 milliards de dollars pour Veolia, selon les responsables de BDS, du fait de la perte de marchés publics en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique durant les sept années qu’ont duré la campagne BDS à son encontre.

Le mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions
Ce mouvement répond à un appel de la « société civile palestinienne » représentée par 172 associations qui, le 9 juillet 2005 dénonce la situation inchangée en Israël, une année après la décision prise par la Cour Pénale Internationale, CPI, de sanctionner la construction d’un mur de séparation de la part de l’Etat israélien sur les territoires occupés ainsi que la colonisation de ces derniers par des citoyens israéliens. L’« Appel au Boycott, aux Sanctions et aux Retraits des Investissements contre Israël jusqu’à ce qu’il applique le Droit International et les Principes Universels des Droits de l’Homme » repose sa logique sur une initiative similaire ayant été utilisée contre le régime Sud-africain lors de l’apartheid. Le choix du boycott répond aux politiques israéliennes qui offraient des avantages fiscaux aux entreprises s’implantant sur les territoires colonisés. Les demandes de la part de cette société civile sont les suivantes :
1. Mettre fin à l’occupation d’Israël et à sa colonisation de toutes les terres arabes et démanteler le Mur ;
2. Reconnaitre les droits fondamentaux des citoyens arabo-palestiniens d’Israël à une égalité absolue ;
3. Respecter, protéger et favoriser les droits des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et propriétés comme stipulé dans la résolution 194 de l’ONU.

ONG internationales, nationales et personnalités comme relais d’information
La puissance de la campagne BDS est d’avoir pu bénéficier de relais d’opinion dans de nombreux pays de la part d’associations et personnalités reconnus localement et mondialement. L’appel de BDS permis d’agréger dans un mouvement unifié les organisations et personnalités s’étant prononcées à titre individuel contre la politique israélienne. Ainsi ceux-ci serve à la fois de porte-parole et de donateur à l’instar de Desmond TUTU, Ofra Ben-Artzi la belle-sœur de la femme du Premier ministre Benjamin Netanyahou, Stéphane Hessel, un ancien résistant et diplomate à l’Onu pour la France, plusieurs prix Nobels de la paix et même le groupe de musique américain Gorillaz. Les motivations de ces personnes physiques et morales sont diverses et les détracteurs du mouvement soulignent une possible confusion entre discours antisionistes et antisémites chez certains membres.

Derail Veolia and Alstom Campaign
En 2007 deux associations françaises, l’AFPS et l’OLP, ont poursuivi devant le tribunal de Versailles les sociétés Alstom, Alstom Transport et Veolia Transport pour leur association au sein de la société de droit israélien Citypass ltd (Alstom et Polar détenant 75% du capital, Alstom Transport 20% et Veolia Transport 5%) concernant la construction du tramway de Jérusalem (projet JLR) traversant les quartiers Est de la ville, jugés sous contrôle illégal par résolution de l’ONU. Bien que le JLR fût mis en fonction en 2011 et que les associations furent contraintes de versées la somme de 30 000 euros à chacune des trois sociétés françaises, les associations décidèrent de continuer leur lutte sur le terrain de l’influence.
Dès 2006 des actions internationales ont pénalisés les activités de la société française.
En Irlande, sous la pression des unions syndicales et de L’Ireland Palestine Solidarity Campaign dans les milieux médiatiques, académiques et politiques la société Veolia Transport Ireland a décidé de ne pas former dans le pays les futurs employés du tramway de Jérusalem. De plus, toujours en 2006, la banque hollandaise ASN a décidé de retirer ses participations des actifs du groupe Veolia jusqu’à ce que l’entreprise respecte les résolutions de l’ONU en Israël. La campagne BDS à l’encontre de l’entreprise Veolia fut officiellement lancée à Bilbao, Espagne le 1er novembre 2008 à l’initiative de l’association The Alternative Information Center, un regroupement d’activistes palestiniens, israéliens et issus du reste de la scène internationale.
A l’issu de cette réunion fut publié le « Final Declaration and Action Plan of The Bilbao Initiative » dont les articles 5 et 7 font respectivement les demandes de la création de moyens de pressions sur les institutions et entreprises privées engagées dans des relations avec Israël et ses territoires occupés ainsi que la volonté de renforcer la coordination et la coopération entre les différents acteurs de la société civile internationale pour soutenir ces initiatives. En réponse de la campagne BDS contre Veolia l’entreprise a subit de sévères revers commerciaux en Europe. Le 15 novembre 2008 en Suède, l’association Diakonia distribua des cartons rouges aux usagers du métro de Stockholm afin de manifester contre la participation de la société française au JLR. Cette pression sur l’opinion publique fut l’une des raisons de la perte du contrat de 4,5 milliards d’euros auprès de la mairie de Stockholm, bien que seules des raisons commerciales furent mises en avant par cette dernière. En mars 2009 le Palestine Solidarity Campaign fit pression sur le Sandwell Metropolitan Borough Council afin que Veolia soit écarté du marché public d’amélioration de gestion des déchets pour un montant de 1,5 milliards d’euros. Des campagnes similaires écartèrent l’entreprise de marchés publics au Royaume-Uni dans les localités de Hampshire County, Liverpool, Camdem et South Yorkshire, en partie due à la pression politique, médiatique et juridique faite sur les autorités locales. Le 17 juin 2010, le conseil de la ville de Swansea se fit d’autant plus pressant en votant la résolution de ne pas signer de nouveaux contrats ou de renouveler les contrats existants tant que Veolia ne respecterait pas le droit international. La même résolution fut adoptée par le Dublin City Council le 10 mai 2010. La création de sites internet, à l’instar de stopveoliaseattle.com et electronicintifida.com, a permis aux détracteurs de Veolia de trouver une base d’informations sur les activités de l’entreprise jugées immorales du point de vue du BDS.

Retrait progressif de Veolia d’Israël
Au cours de l’année 2012, Veolia Transport a vendu un quart de ses participations dans la société Citypass gestionnaire du métro de Jérusalem ainsi qu’une partie de ses activités dans sa division autobus. En 2014 Veolia Environnement sous l’impulsion de son président Antoine Frérot change de stratégie afin de se concentrer sur le Moyen Orient. La même année, après la perte de contrats au Koweit dans les secteurs de l’eau et de l’environnement pour un montant total de 2,25 milliards d’euros sous la pression de BDS, le groupe décide de céder l’ensemble de ses activités en Israël au fonds d’investissement Oaktree Capital Management. Veolia Transport devenu Transdev a vendu l’ensemble de ses activités du JLR ce qui a marqué le retrait total du pays de la part du groupe Veolia, selon sa direction les seules raisons de son part sont liées à une restructuration des activités de l’entreprise et à un choix économique. Cependant la même année Israël a décidé d’entamer un renforcement de sa lutte d’influence à l’encontre du mouvement BDS par des biais politiques, économiques et informationnels.

Sources :
http://europe.newsweek.com/boycott-movement-claims-victory-veolia-ends-all-investment-israel-332337
09/01/2015, newsweek.com, « Boycott movement claims victory as veolia ends all investment in israel », Jack Moore, NOTE : B3
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/20120524trib000700207/veolia-jette-l-eponge-en-israel-dans-les-transports-en-commun.html
25/05/2012, latribune.fr, « Veolia jette l'éponge en Israël dans les transports en commun », Pascal Lacorie, NOTE : B2
http://www.politis.fr/Victoire-BDS-au-Koweit-contre,28363.html
29/09/2014, politis.fr, « Victoire BDS au Koweït contre Veolia », Denis Sieffert, NOTE :D3
http://www.france-palestine.org/IMG/pdf/decision_de_la_cour_d_appel.pdf
22/03/2013, france-palestine.org, « ARRET N° CONTRADICTOIRE DU 22 MARS 2013 R.G. N° 11/05331 », cour d’appel de Versailles, NOTE : D1
http://www.whoprofits.org/content/translation-article-published-calcalist-veolia-group-negotiating-sale-its-operations-israel
23/12/2013, whoprofits.org, « Veolia group negotiating sale of its operations in Israel », Connie Hackbarth, NOTE : D2
15/03/2011, Editions Paperback, « Boycott, Divestment, Sanctions: The Global Struggle for Palestinian Rights », Omar Barghouti, NOTE : F3