Sommes-nous en guerre ?

A l’extérieur, c’est une évidence puisque l’armée française mène sporadiquement des actions militaires sur plusieurs théâtres d’opération en Afrique et au Moyen Orient.
A l’intérieur, la situation est plus contradictoire. Les terroristes islamistes ont frappé à plusieurs reprises en provoquant la réaction émotionnelle que l’on connait. Mais le bilan à froid de ces attaques souligne plusieurs évidences : les terroristes sont peu nombreux, pas très bien organisés et leur niveau de réflexion est faible. Tirer sur des gens désarmés ne réclame pas beaucoup de connaissances politico-militaires. Les attentats ratés démontrent aussi le niveau d’improvisation de cette mouvance. Ceux qui connaissent bien la dynamique de la lutte armée savent qu’il est particulièrement difficile de mener un combat de ce type dans le contexte strictement européen. Le bilan d’échec du terrorisme d’extrême gauche en Italie est là pour le démontrer. Aujourd’hui, Daesh n’a pas le millième des capacités de frappe en France que les Brigades Rouges avaient de l’autre côté des Alpes à leur apogée.
En revanche, si nous ne sommes pas vraiment en situation de guerre militaire sur le territoire français, nous sommes en revanche en guerre de l’information. Cette dernière se mène aussi bien dans les médias, sur Internet et aussi par le biais électoral. Si Daesh est un ennemi, il est loin d’être le principal.
Ne nous masquons pas la réalité : les attentats de l’année dernière ont révélé deux grandes peurs dans la population française :
• la perception de l’Islam comme une religion conquérante et potentiellement menaçante par rapport à nos valeurs et à notre mode de vie.
• L’évolution de la courbe démographique française qui favorise la population d’origine immigrée.
De ce constat ressort la crispation croissante d’une partie de la société française qui penche de plus en plus vers le rejet et non vers une tentative de dialogue constructif. Cette situation est très dangereuse. De nouveaux attentats de masse risquent d’accentuer cette tendance qui dépasse très largement la représentation électorale du Front National.
Ce défi est donc majeur. Et les réponses doivent être très claires si on ne veut pas aboutir à la pire des situations. L’activisme silencieux ou visible des forces qui jouent sur ces deux éléments doit être combattu avec la plus grande fermeté. Les Frères Musulmans et les Salafistes ne sont plus des interlocuteurs fréquentables. N’en déplaise à une partie de la gauche française prisonnière de sa géométrie électorale.
Dans le même ordre d’idées, la France ne peut plus se permettre de faire le grand écart en réprimant pour l’instant avec retenue les mouvances qui veulent déstructurer la société française et de l’autre en vendant des armes aux régimes qui les soutiennent. Ce cynisme-là peut être compris par certains industriels de l’armement. Il est dès à présent rejeté par une bonne partie de la population française. Et je ne parierai pas sur le fait que, dans ce genre de situation, ce soit toujours le plus puissant qui gagne. La vox populi peut un jour trancher à vif dans les visions opportunistes à court terme, qui guident les décideurs.
Il existe un autre défi tout aussi important : comment construire une France unifiée à partir de la population actuelle et en devenir ? L’attirance du consumérisme et l’achat de la paix sociale par les subventions assurent pour l’instant la stabilité de la société française. Mais la dynamique de rejet alimentée par les peurs désormais assumées et de plus en plus audibles, ronge peu à peu ce subtil équilibre. Le moindre attentat de masse dont la symbolique serait non maîtrisable par les institutions et les médias, peut provoquer une rupture de digue.
La guerre que nous devons mener est d’abord un combat pour consolider les bases de notre démocratie qu’elles soient politiques, culturelles et religieuses. Tout citoyen, peu importe son origine, a sa place dans ce combat qui vise à protéger la France d’une tentative de colonisation revancharde, certes vouée à l’échec mais susceptible de faire connaître à notre pays des tragédies inutiles.