Les enjeux cachés de la sécurisation des moyens de paiement bancaire



 

La question de la sécurisation des moyens de paiement est un enjeu important dans la lutte contre le terrorisme et les organisations criminelles ou la criminologie en matière de  cybersécurité. Les Etats-Unis  exercent aujourd'hui une pression de plus en forte auprès des banques notamment européennes pour qu'elles adoptent des solutions technologiques qui sont souvent d'origine américaine. Cette attention louable est pourtant sujette à interrogation. L'accès à la masse croissante de données pose problème car aucune garantie n'existe aujourd'hui sur la manière dont ces données peuvent être transmises à des entreprises du type GAFAM pour leur permettre de développer leur position monopolistique dans l'offre numérique sur les marchés où elles ne sont pas bloquées d'accès comme c'est le cas en Chine. Mis la Chine n'est plus tout-à-fait un exemple isolé. Visa et Mastercard sont bloqués en Inde. Ce pays semble s'orienter vers une meilleure maîtrise de ses flux informationnels dans un cadre de préservation de sa puissance économique et commerciale.

Comme l'explique le site Voyage forum, "sous l'impulsion de l'aile droite du Bharatiya Janata Party, le parti dont est issu le Premier ministre Narendra Modi, le gouvernement travaille sur des mesures protectionnistes destinées à entraver la collecte, le stockage et la revente de données des 1,3 milliard de citoyens indiens (dont environ 500 millions d'internautes) par les géants américains et favoriser l'émergence de start-up locales. Alors qu'un prochain texte portant sur l'industrie du e-commerce est en préparation (et menace notamment Amazon et Walmart, qui a pris le contrôle du groupe indien Flipkart pour 16 milliards de dollars), c'est donc le secteur financier qui connaît les premiers soubresauts du souverainisme indien appliqué aux données.
En témoigne l'émergence de RuPay, une société de paiement lancée conjointement par plusieurs banques indiennes et largement supportée par le gouvernement, qui revendique une croissance de 135 % en 2017".

Cette prise de conscience de l'usage des transferts de données comme élément vital dans la prise de parts de marché du monde immatériel, est encore loin d'être acquise en France comme dans l'Union Européenne.  Paris comme Bruxelles ont la particularité d'agir avec retard sur ces questions stratégiques.

 

Lire à ce propos  le PDF : Nouveaux moyens de paiement - France

Ce rapport a été rédigé par Damien Buffet, Nicolas Fiocre, Loïc Giraud,  Marie Landini,  Marion Lachiver, Médéric Mezzano, Mickael Popovics et Ronan Wanlin, de la SIE 22 de l'Ecole de Guerre Economique.