Les entreprises pilotes en matière de sécurité globale : mythe ou réalité



 

Le concept de sécurité globale appliqué à un État trouve son plus bel exemple dans l’organisation de la sécurité nationale aux États-Unis. Piloté par l’exécutif américain, le « Homeland Security » est un enjeu politique et stratégique majeur pour assurer la domination mondiale du pays, notamment sur le plan économique. Mais les États-Unis ne sont pas les seuls à apporter une importance capitale à l’organisation de la sécurité nationale. La Chine fait preuve également d’une redoutable efficacité depuis qu’elle a décidé de devenir la première puissance mondiale.

La mondialisation et la numérisation de l’économie ont également poussé les entreprises à organiser leur sécurité. Si les entreprises de taille moyenne resteront vulnérables du fait du manque de moyens humains et financiers pour apporter une réponse globale à leurs enjeux de sécurité, ce n’est pas le cas des grands groupes qui s’organisent. De la sécurité-sûreté « classiques », les entreprises ont intégré la cybersécurité ainsi que l’intelligence économique dans leur organisation pour protéger les personnes et les biens matériels et immatériels. Mais l’organisation de tous ces métiers dans l’entreprise et la bonne circulation de l’information sont des difficultés très présentes. L’évolution très rapide des risques cyber et la difficulté de prise en compte de l’ensemble du domaine de l’intelligence économique sont des défis que les entreprises peinent à surmonter pour pouvoir prétendre être pilote en matière de sécurité globale.

De plus, les entreprises ne peuvent pas assurer seules leur sécurité économique. En effet, face au patriotisme économique agressif des pays comme les États-Unis ou la Chine, les entreprises subissent les enjeux de puissance et sont les victimes directes des guerres économiques entre États. Les lois extraterritoriales, le protectionnisme ou encore les fonds d’investissements sont autant d’armes de guerre économique face auxquelles les entreprises peuvent difficilement se prémunir sans le soutien d’un État fort.

Il ne faut pas oublier les dépendances créées indirectement par ces États, que ce soient dans les domaines technologique, numérique, énergétique ou encore simplement dans le monde des affaires (cabinets de conseil et d’affaires). Ce sont des risques face auxquels les entreprises dépendantes n’ont pas de solution de protection.

L’organisation de la sécurité des entreprises a fait des progrès considérables au cours des dernières décennies. Aujourd’hui, les grands groupes qui sont « adossés » à un État fort, sont bien protégés. Mais néanmoins, les vulnérabilités sont encore trop grandes pour que ces derniers puissent prétendre maîtriser leur sécurité globale. Les entreprises françaises, et notamment celles du CAC 40 restent encore trop vulnérables et dépendantes dans de nombreux domaines.

 

Hamza Benkaïd –  Arthur Guiol – Nathalie Kienga – Alexandre Morliere


 

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