Bataille informationnelle autour de l’introduction d’insectes comestibles dans les habitudes alimentaires en Europe

A ce jour, 1900 espèces d’insectes comestibles sont recensées dans le monde. Ils font partie des régimes alimentaires de nombreux pays. En Asie, les charançons rouges du palmier comptent parmi les plus prisés, et sont considérés comme une friandise dans de nombreux pays.

En République démocratique du Congo, chez les Ngandu, on se nourrit de chenilles pendant les mois pluvieux. « En Europe et en Amérique du Nord, on voit de plus en plus de points de vente garnir leurs étagères de ces produits riches en protéines. L’Union européenne prend aussi des mesures pour normaliser la source de nourriture que représentent les insectes en établissent dans les grandes lignes des réglementations qui permettront de les commercialiser pour la consommation humaine » 

De quoi s'agit-il ?

La Commission européenne a autorisé il y a quelques jours la commercialisation de deux nouveaux insectes à des fins alimentaires en Europe : le ver de ténébrion, qui est un ver de farine, et le grillon domestique en poudre, sous forme dégraissée. On parle bien d’alimentation humaine. Un tabou est en train de tomber en Europe.

A la suite de cette autorisation est née une polémique entre les conservateurs de la tradition qui pensent que le fait qu’un aliment soit comestible ne veut pas dire qu’il est consommable pour un être humain, ceux qui sont allergiques aux crustacés, les végétariens et ceux qui pensent que c’est une opportunité voire un marché de niche pour régler en partie le problème de la faim.

Les acteurs impliqués

. La Commission de l’Union Européenne.

. Les antis-UE.

. Les Ultras conservateurs.

. Les végétariens.

. Les politiques.

Ce qui est autorisé par la Commission Européenne

La Commission Européenne a en fait accepté la demande d'une société vietnamienne, « Cricket One ». Cette dernière avait déposé en 2019 un dossier afin d'utiliser de la poudre d'Acheta domesticus (grillons domestiques) sur le marché de l'UE dans différents aliments comme des pains, des biscuits, des pâtes sèches etc….

Le feu vert a été octroyé le 3 janvier dernier par la Commission européenne. Dans le texte détaillant cette autorisation, elle précise d'ailleurs que « seule la société Cricket One est autorisée à mettre sur le marché » ce nouvel aliment, « pendant une période de cinq ans à compter du 24 janvier 2023 ». Si d'autres entreprises en font la demande par la suite, ils pourraient éventuellement obtenir eux aussi cette autorisation.

Les nouveaux ingrédients dans lesquels la farine sera présente devront être mentionnés sur les emballages sous leur nom scientifique et d'usage courant, en vertu de la règlementation en matière d'étiquetage figurant dans les documents de la Commission Européenne de janvier 2023 sur l'ajout d'insectes dans l'alimentation. Les étiquettes doivent également prévenir qu'il existe un risque d'allergie.

En effet, les insectes comestibles ont une valeur nutritionnelle élevée et peuvent être un aliment d’appoint dans des régimes alimentaires sains. Ils fournissent un apport en énergie, en graisses, en protéines et en fibres et, selon l’insecte, ils peuvent être de bonnes sources de micronutriments tels que le zinc, le calcium et le fer.

Les insectes sont aussi une source de protéines pouvant se substituer à la viande traditionnelle. Par exemple, une comparaison entre la viande de bœuf et le ver de farine montre que si la teneur en acides aminés et en graisses de la viande de bœuf est supérieure à celle des vers de farine, ces derniers contiennent des valeurs comparables de minéraux et ont une teneur en vitamines généralement plus élevée.

L'Attaque polémique contre la décision de l'UE

La farine d'insectes, va-t-elle se retrouver petit à petit dans tous nos produits alimentaires ?  Tout part d'un mail reçu par un internaute qui lui a été envoyé par une connaissance, ce mail rapporte que "les gens mangeront désormais des insectes sans le savoir". L'Union européenne aurait accepté, dans le plus grand secret, la présence de grillons dans nos aliments. Seule l'inscription latine "Acheta domesticus" serait obligatoire sur les paquets. 

Si cet internaute est inquiet, c'est parce qu'il est "très allergique aux acariens". Or, la consommation d'insectes peut provoquer des réactions chez les personnes déjà allergiques aux crustacés, aux mollusques ou aux acariens.

Mais la polémique ne s'est malheureusement pas cantonnée seulement à la sphère internet. Dans plusieurs pays européens, des responsables politiques ont pris la parole à ce sujet. Ils ont dénoncé une incitation trompeuse à consommer des bestioles non identifiées, une menace pour la gastronomie traditionnelle nationale et même un plan sinistre mettant les existences en danger.

En France par exemple, le sénateur Laurent Duplomb, du parti de droite Les Républicains, avait fustigé deux jours plus tôt cette autorisation, affirmant que les Français consommeraient des insectes « à leur insu » et que les nouveaux ingrédients seraient intégrés aux produits alimentaires « sans information claire des consommateurs ». Comment en sommes-nous arrivés là, à devoir consommer des grillons alors que la France est le pays de la gastronomie et des terroirs ? s'est-il indigné.

En Bulgarie, certains partis politiques anti-Union Européenne s'enflamment face à l'objectif de ce pays de rejoindre la zone euro, l'autorisation a été présentée par des hommes politiques comme menaçant la vie humaine. L'ancien ministre de l'Intérieur et chef du parti prorusse ABV Roumen Petkov a parlé de « crime contre l'Europe ». Il a accusé l'exécutif européen d'être « prêt à tuer nos enfants européens », qui consommeraient involontairement des produits à base d'insectes en dégustant leurs snacks préférés.

L'euro-sceptique britannique d'extrême droite Nigel Farage s’est insurgé à son tour « Je ne veux pas de criquets pour mon petit-déjeuner » 

Bien que l'Union européenne n'impose pas l'introduction d'ingrédients à base d'insectes dans les produits alimentaires, des responsables politiques souverainistes ont dénoncé la mesure comme étant une obligation dont leur pays doit se protéger. En Hongrie, le ministre de l'Agriculture Istvan Nagy a affirmé que « les habitudes alimentaires traditionnelles pourraient être en danger »

Oui le constat est clair que la peur de l’inconnu ne s’est pas transformée en une envie de savoir mais plutôt en une certitude qu’on leur veut du mal.

Le marché des insectes est-il une réponse aux défis alimentaires de demain ?

D’ici 2050, la population mondiale devrait atteindre le seuil des 9 milliards de personnes. L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (Food and Agriculture Organisation) prévoit qu’il faudra doubler le volume de production alimentaire à l’échelle mondiale d’ici là pour nourrir toute la population mondiale. Sources alternatives riches en protéines pour les hommes et le bétail, les insectes sont l’une des alternatives sérieuses de consommation durable face à ces nouveaux enjeux alimentaires. En effet, la production d’insectes comestibles répond aux enjeux démographiques, nutritionnels, sociaux et environnementaux pour subvenir aux besoins alimentaires de demain. Globalement dans le monde, il existe un vivier d’environ 250 d'entreprises et de startups très innovantes qui travaillent sur les insectes comestibles. La course à l’industrialisation et aux innovations technologiques et scientifiques fait progresser rapidement le marché pour amener les insectes dans l'assiette du consommateur.

Ainsi, la croissance du marché des insectes est poussée par la croissance de la population, mais également par le besoin de sources de protéine, produites de manière durable pour l'alimentation humaine et animale. Le chiffre d'affaires européen du marché des insectes comestibles pourrait dépasser 260 millions de dollars (220 millions d'euros) à l'horizon 2023, selon des prévisions réalisées par Meticulous Research, soit le triple par rapport à 2018. En 2021, la demande était même plus importante que les capacités à produire les insectes comestibles.

 

                                                                                 Nounagnon Brice Russell Dansou,
étudiant de la 41ème promotion MSIE 

Autres sources

https://www.operanewsapp.com/bj/fr/ /detail?news_id=49e227b2c48fecbb3a6e1bd72d655856&news_entry_id=1caf138c230216fr_bj&open_type=transcoded&from=news&request_id=share_request

https://food.ec.europa.eu/horizontal-topics/farm-fork-strategy_fr?etrans=fr

https://www.capital.fr/economie-politique/voici-pourquoi-les-insectes-vont-bientot-se-multiplier-dans-nos-assiettes-186824

https://www.fao.org/3/i3253f/i3253f.pdf

https://www.fao.org/edible-insects/fr/

https://mrmondialisation.org/la-consommation-dinsectes-solution-davenir-ou-fausse-bonne-idee/

https://www.reussir.fr/la-fao-prone-la-comestibilite-des-insectes