Contexte de guerre économique : le cas du Rwanda

Le Rwanda est un petit pays d'Afrique centrale, bordé par l'Ouganda, la Tanzanie, le Burundi et la République démocratique du Congo. Sa capitale est Kigali et sa population est d'environ 13 millions d'habitants. L'histoire du Rwanda remonte au 15ème siècle, lorsque le peuple Tutsi, d'origine nilotique, a commencé à migrer vers la région depuis l'actuel Soudan. Les Tutsis ont établi un système monarchique et ont dominé le pays jusqu'à l'arrivée des colons européens à la fin du 19ème siècle.

Au cours de la période coloniale, le Rwanda est devenu une colonie allemande, puis une colonie belge après la Première Guerre mondiale. Les Belges ont renforcé la division entre les Tutsis et les Hutus, les deux groupes ethniques principaux du pays. Les Tutsis ont été considérés comme supérieurs aux Hutus et ont été favorisés par les autorités coloniales.

Après l'indépendance du Rwanda en 1962, les tensions entre les Hutus et les Tutsis ont continué de s'aggraver. En 1994, le pays a été le théâtre d'un génocide qui a fait entre 800 000 et 1 million de morts, principalement des Tutsis mais aussi des Hutus modérés. Le génocide a été organisé par le gouvernement hutu extrémiste en place à l'époque.

Depuis le génocide, le Rwanda a connu une reconstruction remarquable sous la direction du président Paul Kagame. Le pays a mis en place des politiques économiques ambitieuses axées sur le développement des industries technologiques et touristiques. Le Rwanda a également travaillé à la réconciliation nationale et a mis en place un système politique stable et démocratique. Malgré cela, le pays reste confronté à des défis tels que la pauvreté, la corruption et les tensions ethniques persistantes.

Un pays en essor mais encore  marqué par la pauvreté

Le Rwanda a connu une croissance économique remarquable au cours des deux dernières décennies, avec une croissance moyenne du PIB de 7,5 % par an entre 2001 et 2019. Le pays a réussi à diversifier son économie en dehors de l'agriculture, en investissant dans les industries technologiques, les services financiers et le tourisme.

Le secteur de l'agriculture reste cependant crucial pour l'économie rwandaise, employant environ 70 % de la population active et contribuant pour environ un tiers au PIB du pays. Les principales cultures sont le thé, le café, le maïs, les bananes et les pommes de terre.

Le secteur industriel est en pleine expansion, avec des investissements importants dans les industries manufacturières, notamment les textiles, les chaussures et les produits électroniques. Le pays est également devenu un centre de technologie de l'information et de la communication (TIC) en Afrique, avec une croissance rapide du secteur des TIC et des entreprises de logiciels.

Le tourisme est un secteur en croissance, attirant de plus en plus de visiteurs étrangers chaque année. Le gouvernement a mis en place des politiques visant à développer le tourisme durable et responsable, en mettant en valeur les parcs nationaux et les attractions culturelles.

Malgré les progrès économiques, le Rwanda reste confronté à des défis tels que la pauvreté, le chômage et le manque d'infrastructures de base. Le gouvernement a mis en place des politiques de développement inclusif, visant à réduire la pauvreté et à améliorer les conditions de vie de la population.

Les objectifs économiques

Le Rwanda est un pays en développement situé en Afrique de l'Est, avec une économie en croissance soutenue depuis plusieurs années. Le pays s'est engagé dans une politique ambitieuse de développement économique et de réformes structurelles visant à stimuler la croissance et à attirer les investissements étrangers.

Le secteur agricole est le principal pilier de l'économie rwandaise, représentant environ un tiers du PIB et employant près de 80% de la population active. Les cultures principales sont le café, le thé, le coton, le maïs, le riz, les légumes et les fruits. Le Rwanda est également un important producteur de minerais, notamment d'étain, de tungstène et de tantale, qui sont des matériaux essentiels pour les industries de haute technologie.

Le gouvernement rwandais a mis en place des politiques visant à encourager l'investissement dans les secteurs clés tels que les technologies de l'information, le tourisme, la production d'énergie et l'industrie manufacturière. Le pays dispose également de zones économiques spéciales qui offrent des avantages fiscaux et réglementaires pour les entreprises étrangères qui souhaitent investir au Rwanda.

Le Rwanda aspire à devenir une économie à revenu intermédiaire d’ici 2035, et à rejoindre les pays à revenu élevé à l’horizon 2050. Le gouvernement entend concrétiser cette ambition à travers une suite de Stratégies Nationales pour la Transformation (SNT-1) d’une durée de sept ans, qui reposeront sur des plans sectoriels détaillés orientés vers la réalisation des Objectifs de développement durable.

En matière d'intelligence économique, le Rwanda a mis en place une stratégie nationale pour stimuler le développement économique et attirer les investissements étrangers. Le gouvernement rwandais a créé une agence de promotion des investissements, Rwanda Development Board (RDB), qui est chargée de faciliter les investissements étrangers, de promouvoir les exportations et de fournir des services aux entreprises locales et étrangères.

L'agence RDB a également lancé un certain nombre d'initiatives pour attirer les investissements étrangers, notamment la facilitation de l'installation d'entreprises étrangères, la mise en place de centres de services pour les entreprises, la création d'un guichet unique pour les investisseurs et la formation de personnel qualifié pour répondre aux besoins des entreprises locales et étrangères. Cette agence est dirigée par Clare Akamanzi, young leader 2012.

Cependant, le Rwanda reste confronté à des défis économiques, notamment des infrastructures de transport et de communication insuffisantes, une main-d'œuvre peu qualifiée, des contraintes budgétaires et une dépendance à l'égard des exportations de produits primaires. Il est important pour les entreprises et les investisseurs intéressés par le Rwanda de bien comprendre ces défis et de s'informer régulièrement sur les développements économiques et politiques du pays afin de prendre des décisions éclairées en matière d'investissement.

Un condensé des prédations africaines

Le Rwanda est un acteur central de la prédation économique en Afrique centrale.

Niché dans la région des Grands Lacs, il connait une histoire particulièrement mouvementée depuis son indépendance, le 01 juillet 1962.

La guerre informationnelle domestique au Rwanda s’articule autour de la question Hutu-Tutsi. Ces deux groupes humains se disputent âprement le pouvoir économique et politique au Rwanda depuis l’indépendance qui avait rebattu les cartes en remettant en cause la domination Tutsi qui était à l’œuvre dans le Rwanda précoloniale.

Cette dualité Tutsi-Hutu s’inscrit dans les dynamiques ethniques à l’œuvre en Afrique centrale qui structurent d’une certaine façon le débat politique et les enjeux économiques.

Le Rwanda a pour voisin le géant qu’est la République Démocratique du Congo, véritable mastodonte démographique, géographique avec un sous-sol très riche en minerais.

Le destin du Rwanda est intimement lié à celui de la RDC et en particulier celui des provinces du Kivu et du Nord Kivu à l’est de la RDC qui sont particulièrement riches en minerais et notamment en Cobalt.

L’actuel président Paul Kagame fut d’abord un exilé politique en se réfugiant en Ouganda voisin pour organiser la résistance Tutsi en exil dans les années 1980. Cette résistance s’organisa autour du Front Patriotique Rwandais dont il fut un des principaux leaders.

A la suite du génocide rwandais, Paul Kagame organisa sa conquête du pouvoir d’abord en restructurant l’appareil d’État rwandais entre 1994 et 2000 avec un accent particulier sur la prise en main des forces armées rwandaises. Il fut ainsi Vice-Président et ministre de la Défense sur cette période.  Il occupe depuis l’année 2000 la fonction de Président de la République en ayant été réélu à trois reprises (2003, 2010 et 2017).

Une image internationale lisse et moderne

Paul Kagame s’est attaché à construire une nouvelle image pour lui et son pays ces 20 dernières années, dans une stratégie gagnante alliant :

. Une valorisation victimaire du génocide rwandais à l’international le plaçant dans un statut de personnage quasi inattaquable et ceci en dépit d’une histoire personnelle active dans les guerres civiles rwandaises. Cette stature a longtemps été consolidé par le soutien de Washington.

. Une participation active des forces armées rwandaises aux programmes de maintien de la paix de l’ONU. Le Rwanda est le 1er contributeur africain en nombre de soldats avec 6000 soldats engagés dans des missions de maintien de la paix.

. Une mobilisation des forces internes au pays sur des questions à fort écho international. L’écologie, et l’égalité hommes-femmes en particulier. Une action particulièrement forte a été menée sur la question de la propreté faisant de Kigali l’exemple mondiale de la propreté en Afrique. Présenté comme un véritable miracle rwandais, la propreté des rues de Kigali permet au gouvernement rwandais de capitaliser sur une image très contrastante en comparaison d’autres capitales africaines.

Une main de fer et des clivages ancestraux

Dans le même temps, Paul Kagame et son gouvernement jouent la carte des clivages ancestraux en distribuant les postes à responsabilité essentiellement à des Tutsis.  Le régime se montre également arbitraire et brutal dans le traitement de son opposition, en intimidant, en emprisonnant, en assassinant. La terreur règne.  Bien que tracé et documenté au niveau international, ce comportement arbitraire et autoritaire du régime rwandais ne résonne pas sur le plan médiatique.  L’image policé du régime rwandais à l’international reste encore dominante.

Une prédation directe

Le Rwanda participe activement au pillage des ressources minières de la RDC dans les provinces voisines du Kivu et du Nord Kivu. Dans le flou propre à cette région ou les groupes paramilitaires pullulent au profit des pays frontaliers de la RDC et ou l’armée congolaise peine à s’imposer, le Rwanda, notamment à travers son soutien au M23 contribue au pillage des ressources congolaises et au désespoir des populations civiles locales. Au point que le Rwanda apparait comme un des plus gros exportateurs des minerais 3T (coltan, étain, tungstène) au niveau mondial alors même que l’essentiel des ressources se trouvent en RDC. Ce processus de prédation implique des procédés logistiques et administratifs complexes dans une zone trouble.

Il met en œuvre une organisation quasi systématisée de « blanchiment » de ses minerais de guerre au travers d’une logistique difficilement traçable en zone de guerre et d’une instrumentalisation habile d’outils de contrôle et de régulation. L’ITSCI, une initiative sectorielle de traçabilité des minerais, l’ITSCI, étant mise en défaut régulièrement ;

Condamnés à s’affronter ou déplacer les frontières…

Les derniers épisodes de cette relation prédatrice ont démontré une très forte tension entre les gouvernements rwandais et congolais avec un risque de guerre ouverte réelle. l'histoire bégaie. Le Rwanda se trouve mis sous pression internationale, notamment dans le camp occidental, dans lequel les USA se montrent beaucoup moins conciliant avec Kigali. Les nouvelles velléités russes en Afrique peuvent aussi battre de nouveau les cartes. Le Rwanda pourra-t-il poursuivre sa stratégie habile mêlant séduction politique et prédation économique ?

Après plus de 30 ans d’exercice du pouvoir, le Président Kagame semble plus que jamais mobilisé. Il porte de nouveau son combat dans le champ informationnel global. En recherche de légitimité et de pérennité pour son action, il vient de lancer une nouvelle offensive en remettant en cause la frontière Rwanda-Congo. Par un procédé d’encerclement cognitif via une argumentation sur l’histoire coloniale des frontières, il interroge la légitimité historique et culturelle de ces dernières. Il entend ainsi justifier les gains territoriaux de son camp, dans le but d’enregistrer et de valider sa prédation économique dans le champ cognitif global, nouvelle frontière.

 

Alexis Durand, Désiré Raymond Kadio-Morokro, Laura Tedesco,
étudiants de la 41ème promotion MSIE