Forêts africaines et guerre informationnelle sur le climat : Le cas du Bassin du Congo
Au cœur de la lutte climatique, les forêts du bassin du Congo font face à une guerre d'information. Quels sont les acteurs, leurs tactiques et les impacts écologiques ?
Depuis plus d'une décennie, les forêts du bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète, sont au centre d'une mobilisation croissante de la société civile, des gouvernements et des multinationales. Ces forêts, essentielles à la régulation du climat mondial, sont menacées par l'exploitation des ressources naturelles et les projets de développement économique.
Deux camps s'opposent : d'un côté, les défenseurs de la préservation, soutenus par des ONG, qui appellent à une protection stricte et à une meilleure répartition des financements. De l'autre, les partisans de l'exploitation durable, comprenant des gouvernements locaux et des multinationales, qui estiment que l'exploitation contrôlée peut générer des revenus essentiels pour le développement économique de la région.
Les mécanismes de financement, comme les crédits carbone, REDD+ (Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation), CAFI (Central African Forest Initiative), exacerbent ces tensions, certains y voyant des avantages pour les multinationales plutôt que pour la préservation des écosystèmes et des communautés locales.
La gestion alarmante des forêts du bassin du Congo
La déforestation dans le bassin du Congo est principalement due à des activités économiques locales, telles que l'agriculture de subsistance et la production de charbon de bois. Ces pratiques, intensifiées par la pauvreté et les conflits armés, amènent des populations locales, y compris des déplacés de guerre, à abattre des arbres pour produire du charbon de bois qu'ils vendent sur les marchés afin de subvenir à leurs besoins immédiats.
Par exemple, dans des régions comme le parc national des Virunga, cette exploitation contribue à une destruction rapide des forêts.
La déforestation est encore aggravée par d'autres facteurs économiques, tels que l'exploitation industrielle (mines, extraction de bois), qui augmentent la pression sur les forêts. L'ampleur de la perte forestière dans cette région compromet non seulement l'écosystème local, mais exacerbe également la crise climatique en prédominant les capacités de ces forêts à capturer le dioxyde de carbone.
Cette destruction rapide, alimentée à la fois par des besoins de subsistance et des pressions industrielles, met en péril la biodiversité et les moyens de subsistance des populations locales.
Les acteurs impliqués dans le discours sur la déforestation dans le bassin du Congo
Sur le plan environnemental et politique, le bassin du Congo, qui abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde après l'Amazonie, fait l'objet d'une attention internationale importante en raison de son rôle crucial dans la séquestration du carbone et la biodiversité mondiale. Différents acteurs influencent le discours entourant la gestion de ces forêts, notamment en ce qui concerne la déforestation, l'exploitation et les efforts de conservation.
Sur le plan politique, les gouvernements locaux de la République démocratique du Congo (RDC), du Gabon et du Congo Brazzaville, entre autres, jouent un rôle central dans la prise de décision, souvent soutenus par des accords internationaux comme REDD+ (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts). Le soutien financier et les efforts de gouvernance sont soutenus par des initiatives mondiales majeures, telles que le Partenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC) et des donateurs comme l'USAID, la Banque mondiale et l'Union européenne. Ces projets visent à atténuer la déforestation tout en promouvant des pratiques de développement durable dans la région.
Sur le plan économique, les intérêts industriels, notamment dans l’exploitation minière et forestière, contribuent largement à la déforestation. La région est riche en ressources naturelles, notamment en minéraux précieux comme le cobalt et le cuivre, qui stimulent la demande internationale et exercent par conséquent une pression sur les efforts de conservation des forêts.
Pour illustrer cette pression économique croissante, les graphiques suivants mettent en évidence, d'une part, l'évolution de la déforestation dans la forêt tropicale du bassin du Congo au fil des ans, et d'autre part, les principaux moteurs responsables de cette perte forestière entre 2000 et 2014. Ces données montrent l'ampleur de la déforestation liée à l'exploitation industrielle et à l'agriculture de subsistance, parmi d'autres facteurs.
Source :https://storymaps.arcgis.com/stories/b1716e43fbb6406b8c94d643743d7878