La dépendance économique de la Grande Bretagne

« God save the Queen !», une phrase symbolique tirée d’un hymne entendu à travers le monde au moment où le Royaume-Uni et son empire colonial arrivent à l’apogée de leur puissance. Pendant plus de trois siècles, les Britanniques mettent sur pied un empire colossal exerçant une influence politique, économique et culturelle sur plus d’un quart du globe. Leur position géographique leur permet à partir du 16e siècle de devenir une puissance navale et commerciale. Cet accès privilégié aux mers et océans continue de jouer un rôle important dans la culture et l’esprit national, expliquant en partie les décisions politiques prises ces dernières années.

Les conséquences néfastes des deux guerres mondiales

Cependant, son puissant empire et sa situation géographique avantageuse n’empêcheront pas le Royaume-Uni de s’engouffrer dans deux guerres mondiales dont il sortira affaibli économiquement. Lors de son entrée dans le conflit, l'Angleterre tient le choc face à la crise économique des années 1930 et son industrie est une des seules à rivaliser face à l’Allemagne. Mais pour maintenir son effort de guerre, Londres s’essouffle et ruine ses colonies, entraînant décolonisation et retrait des Indes en 1947. Son rapprochement auprès des États-Unis à la fin du conflit marque alors un changement dans la dynamique du pays qui devient le pont entre l'Amérique et l’Europe. Mais cet accord le rend dépendant de son allié sur de nombreux aspects, dont la gestion de la paix sociale et des parties les moins productives de la population. Une réalité que les Britanniques ont dissimulée, mais qui continue de s’amplifier, dans les années 1980, période charnière comme le souligne la Royal Society for the encouragement of Arts, Manufactures and Commerce. Entre 1970 et 1980, de nombreuses régions d'Angleterre subissent d'importants changements, concentrant les opportunités d'emplois dans les centres urbains régionaux et créant des inégalités économiques non résolues depuis.

Une vulnérabilité accrue en termes de dépendance

Aujourd’hui, malgré une alliance en apparence forte avec les États-Unis, les objectifs changeants de son allié érodent doucement la fonction du Royaume-Uni de pont vers l’Europe. À l’heure où Washington se tourne vers l’Asie et dans un contexte post-Brexit en 2016, la Grande-Bretagne doit tisser de nouvelles alliances commerciales et économiques. Bien que profitant encore de sa proximité aux marchés européens à fort potentiel, d’une longue histoire de prouesses commerciales et d’un système éducatif de premier plan, elle est aussi le 4e pays importateur au monde et plus de 80% des biens qu’elle consomme proviennent de l’extérieur. En résulte une balance commerciale de plus en plus déficitaire qui peine à être soutenue par un système bancaire éminent, mais menacé. Sa place dans le top dix des économies mondiales est menacée par des décisions politiques qui participent à sa vulnérabilité, sa gestion de la crise COVID-19 et à l’accroissement de ses dépendances avec l’Union Européenne et les États-Unis.

 

Vincent Bernaud, Anaïs Briault, Alexandre Perfetti, Romain Schloesing

 

 

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