La Russafrique pour tenter de briser l’encerclement économique de la Russie

Affaiblie par la politique de sanctions économiques orchestrée par les Etats-Unis avec l'appui de plusieurs pays européens, la Russie recherche un gain d’influence auprès de nouveaux partenaires économiques tels que les pays africains afin notamment de « s’approprier » des ressources  stratégiques. Son objectif est de briser son encerclement économique et politique en venant asseoir sa présence et sa domination. 

Le passé a son importance

La Russie est revenue en Afrique, mais il ne faut pas oublier qu’elles se connaissent toutes deux de longue date. Pour revenir aux origines de cette relation, il faut retourner à la période soviétique de l’URSS et à celle de l’Afrique coloniale. Jusque dans les années 1950, l’ex URSS ne s’était pas intéressée à l’Afrique et aux possibilités qu’elle représentait. Son changement d’orientation s’opère lorsque des puissances européennes telles que le Royaume-Uni et la France perdent le « contrôle » de leurs colonies. La décolonisation violente donnait l’opportunité idéale pour l’exportation du régime soviétique.

En effet, la Guerre froide donnant l’excuse d’une recherche d’influence permanente sur tous les pays satellites, c’est donc naturellement que l’URSS a soutenu les mouvements de libération nationaux en Afrique. Ainsi l’URSS a noué des liens avec des pays au développement socialiste comme l’Egypte, la Guinée, le Ghana, le Togo, le Mali, l’Ethiopie, l’Angola, le Mozambique et le Bénin. Rien qu’entre 1970 et 1975, ce sont près de 40 000 conseillers soviétiques qui ont résidé en Afrique. Le partenariat reposait sur une notion encore d’actualité « concession contre protection » c’est-à-dire l’exploitation des minerais contre « une assistance militaire et technique, un soutien économique direct et une assistance économique indirecte » (1). En 1991, à l’effondrement du bloc soviétique, l’ex URSS et future Fédération de Russie est en perte d’influence économique et connaît un passage à vide qui ne cessera qu’en 2000. La Russie éprouve le besoin de se recréer à travers une nouvelle politique étrangère. Ceci afin de se démarquer entre autres du monopole de la puissance américaine, en faisant la promotion de ses intérêts commerciaux telle que l’exportation d’armement. A ce titre, elle réactive ses liens avec l’Afrique à compter de 2006.

GERASIMOV et la guerre de type nouveau.

A nouvel empire, nouvelle vision, une nouvelle stratégie contemporaine est créée à la suite de plusieurs conflits (Géorgie, Crimée, Est d’Ukraine, Syrie) permettant à la Russie de terminer son cycle « d’apprentissage » et sa phase de test quant à son efficacité. Les Russes, contrairement aux occidentaux ne fonctionnent pas par cycle ou temps de guerre et paix. La guerre est la continuation de la politique de paix et la paix est la continuation de la politique de guerre. Il n’existe donc aucun changement des politiques de gouvernement en temps de guerre ou de paix apparente. A l’image de la permanence du cycle de renseignement français, la guerre moderne russe est également permanente. Cette nouvelle notion permet à la Russie de brouiller les lignes de démarcation entre moyens militaires, économiques, diplomatiques, criminels, renseignement, l’important étant d’atteindre l’objectif politique défini. De plus les occidentaux ont ce besoin d’assoir leur légitimité d’action par les biais de la légalité, la moralité, la justice réelle ou perçue ; quand les Russes exigent que leurs opérations soient perçues comme légitimes et crédibles.

Plusieurs officiers supérieurs russes ont travaillé à redessiner la stratégie contemporaine russe depuis 2007, à l’instar du général chef d’état-major des armées russes GERASIMOV lors de plusieurs discours affirme que les conflits actuels sont non déclarés, en prenant l’exemple des « révolutions de couleurs » (soulèvements de populations tels que les Printemps Arabes). Les guerres étant à nouveau jugées ordinaires, les techniques et approches non-militaires sont plus à même de fournir des résultats que les moyens militaires seuls. Selon les mots du général chef d’état-major des armées russes GERASIMOV, la Russie dans sa stratégie ne doit pas copier mais surpasser ses ennemis. Pour cela, la principale stratégie à utiliser désormais est l’engagement sans conflit ou à distance, couplé aux méthodes non-militaires et militaires devant être utilisées dans un rapport de 4 pour 1.

Cette école de pensée est bientôt suivie par les officiers supérieurs CHEKINOV, BOGDANOV en 2010, qui affirment que la supériorité de l’information et les opérations d’anticipation sont les principales exigences, dans les guerres de nouvelle génération, identifiées par la Russie. Le point principal à retenir de la part de ces deux auteurs est la nécessité d’établir une supériorité en matière de guerre de l’information et psychologique, soit un contrôle soutenu sur la « pression informationnelle » ; pression pouvant être exercée contre un adversaire par le biais des médias, des ONG, les subventions étrangères, les organisations religieuses, la propagande (démoralisation, manipulation) et la désinformation destinée à semer le chaos dans une société. Cette « pression informationnelle » nous rapproche de la situation médiatique actuelle africaine.

Utiliser tous les moyens pour atteindre ses fins

En 2017, le général chef d’état-major des armées russes GERASIMOV reconnaît la variété des guerres, « les conflits n’ont pas dépassé les limites des frontières, ni les limites de la nature conventionnelle de la guerre, leurs composantes sont des types de lutte, tels que la lutte armée directe (qui a perdu sa position d’élément central en tant que principal facteur de conflit), la lutte politique, la lutte diplomatique, la lutte pour l’information ».

En résumé cette « guerre de nouvelle génération » n’est pas inédite, plusieurs fois abordées dans d’autres discours, elle met en avant le caractère essentiel de l’utilisation des moyens non militaires. Ils permettent d’atteindre les objectifs stratégiques et politiques, dépassant de loin l’efficience la force des armes. « Le principal champ de bataille est aujourd’hui la conscience, la perception et les calculs stratégiques de l’adversaire » (1). Le but des forces armées russes est d’atteindre la supériorité informationnelle, utilisant le terme adéquat de « guerre de l’information » pour décrire ces pratiques d’un genre nouveau.

La guerre conçue comme une lutte entre états est une vision dite « normale » dans le monde occidental. L’affrontement dans le domaine de l’information bouscule ces certitudes. L’information est devenue un élément du pouvoir national, un outil de poursuite des objectifs politiques permettant à celui qui la détient la capacité de réagir en premier. Il n’est donc pas surprenant que la Russie ait cherché à utiliser la dimension informationnelle pour créer du pouvoir. Son manque de capacité dans le domaine militaire, le refus de la légitimité politique par les puissances occidentales et une économie toujours faible sont autant de facteurs qui limitent la capacité de la Russie à atteindre des objectifs militairement significatifs. L’utilisation des opérations d’information comme une facette centrale de la guerre et le travail intellectuel visant à les placer dans les cadres stratégiques et opérationnels de la guerre démontrent l’engagement de la Russie envers le nouveau mode de guerre.

La Russie a toutefois conscience que ses ennemis continueront d’utiliser les forces militaires comme principales formes de compétition et donc continuer à un niveau classique.

Les pressions occidentales sur l’économie russe et leurs conséquences

La Russie envisage de nouveau l’Afrique comme potentiellement un partenaire d’importance à compter de 2014. Alors que jusque-là les échanges entre eux se limitaient à des contrats d’armement au profit de l’Afrique, la crise ukrainienne redistribue la donne. Les relations russo-occidentales éclatent. La France qui participait aux négociations sur l’issue de la guerre du Donbass, voit ses relations avec la Russie se fracturer définitivement à la suite de l’affaire des deux BPC de la classe Mistral. Le sommet UE-Russie qui devait se tenir en 2014 a été annulé, ainsi que tous les sommets bilatéraux périodiques. Le G8 passe à un G7, les négociations concernant l’adhésion de la Russie à l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) et à l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) sont suspendues (2). En tout ce sont 185 personnes et 48 entités faisant l’objet d’un gel des avoirs et d’une interdiction sur le territoire de l’UE.

Des sanctions économiques portant sur les échanges avec la Russie ont également été mises en place par l’UE : limitation de l’accès aux marchés primaires et secondaires de l’UE pour certaines banques et entreprises russes, embargo sur les exportations et exportations d’armes russes, interdiction d’exportation des biens à double usage militaire en Russie, restriction d’accès aux services et technologies participant à la production/exploitation pétrolière. Sans parler des conséquences sur les partenariats et programmes de coopération bilatérale.

Reconquête para)militaire officieuse de l’Afrique par la Russie

A la suite de ces sanctions, la Russie a la nécessité de trouver d’autres partenaires économiques et doit réenvisager ses ambitions en matière de politique étrangère : contrer l’influence française en se rapprochant des pays africains, réduire la pression occidentale en échange d’une nocivité moindre en Afrique. Par son réinvestissement la Russie offre une « alternative » aux pays africains dans ce qu’elle leur propose mais également dans sa manière de coopérer avec eux : elle adhère aux principes de justice, de droit international, du respect des droits de l’Homme et la reconnaissance de la souveraineté de ces nations. La Russie se présente également en opposition à l’Occident qui chercherait seulement à s’approprier les ressources africaines et renforcer sa sphère d’influence à travers la mise en place d’un système politique lui convenant (la démocratie).

Avant d’exporter le savoir-faire militaro-technique russe qui n’arrivera que quelques années plus tard en Afrique, la Russie doit gagner la confiance de futurs partenaires africains. Ces retours s’opèrent autour de 3 dates charnières que sont : 2006, annulation de la dette algérienne contre l’obtention de contrat d’armement ; 2008, annulation de la dette libyenne sur le même système qu’en Algérie mais à travers le marché ferroviaire et l’installation du géant GAZPROM ; enfin en 2014 en Egypte, faisant suite à la suspension temporaire de l’aide américaine (de 2013 à 2015), la Russie s’engouffre dans la brèche pour mettre en place des contrats d’armement (2014).

A compter de 2017, les coopérations russo-africaines connaissent un virage, la Russie leur propose une expertise dans la sécurité et le contre-terrorisme, fer de lance des partenariats initiés surtout ces dernières années. Cette réputation s’est créée grâce au succès russe dans ces démonstrations de gestion des crises, sans parler de sa participation au conflit syrien lui servant de « champ de démonstration quant à ses capacités, la Russie est devenue un acteur incontournable » (1). La Russie revient donc à un fonctionnement connu ayant fait ses preuves celui de la « concession contre protection ». Entre 2014 et 2019, plus de dix-neuf accords sont signés entre la Russie et des pays africains portant sur l’exportation d’armement et un partenariat militaire et technique. Les africains voient ces accords comme une possibilité de freiner la montée du terrorisme sur leur territoire ; les attentats sur le sol africain étant passés de « 114 à 1051 entre 2007 et 2017 » (2).

Les 23 et 24 octobre 2019, le retour de la Russie sur le continent africain est officiel à travers l’organisation du premier sommet Russie-Afrique à Sotchi. Les termes des partenariats sont délimités : l’appui technico-militaire de la Russie contre l’exploitation des ressources africaines.

Bien que non reconnu par le gouvernement russe, le groupe WAGNER est connu de la scène internationale pour être présent depuis 2017 en République de Centrafrique. En Russie comme dans beaucoup d’autres pays le recours à des groupes armés privés et/ou mercenaires est interdit (3, depuis 1996 en Russie). Toutefois, il faut le reconnaître l’emploi de ces forces représente un outil d’influence précieux.

WAGNER permet à la Fédération de Russie d’atteindre des objectifs diplomatiques et économiques sans s’engager officiellement militairement. Elle est également l’un des meilleurs exemples de la guerre de type nouveau recommandé par le Général GERASIMOV dans les nouveaux conflits. Cette société paramilitaire n’a donc pas qu’un simple rôle formatif. Elle opère un rôle de conseil auprès de hauts responsables politiques africains, sécurise les flux d'investissements et protège les intérêts des grands conglomérats russes.

Le recours au soft power par l’éducation et l’information

Toutes grandes puissances disposent de moyens divers et variés concernant sa politique étrangère. En l’état le soft power russe en Afrique est assez faible dû à l’héritage immatériel de son soutien aux lutte anticoloniales et anti-impérialistes. Des traces du passé subsistent toutefois grâce aux sociétés d’amitié soviétiques (RTSNK), des centres de science et de culture soviétiques en Afrique. Pour ce qui est de la Russie, elle a ouvert ses portes à plus de 9 000 étudiants d’origine africaine dans des universités russes. Cependant ce n’est pas suffisant aux yeux de la Fédération de Russie pour faire renaître sa puissance passée. Elle poursuit sa mise en œuvre de guerre de type nouveau en mixant l’utilisation de services d’état (2, exemples des mesures actives du KGB, ensemble des stratégies/techniques utilisés par le Kremlin pour influencer l’opinion publique) et réseaux d’influence.

La désinformation fait partie des mesures actives russes (3) stricto sensu (interview de faux experts, documents, photos, vidéos falsifiés), elle s’est plus que développée comme arme de guerre, parmi les exemples les plus connus on peut retenir l’opération Trust, la théorie de l’assassinat de JFK par la CIA, l’attribution de la paternité aux USA du putsch des généraux en 1961, ou encore la création du virus du SIDA. Si la Russie n’est plus l’URSS, elle a quand même gardé les techniques transposables à la période contemporaine, diversion, désinformation, manipulation, propagande agressive. La technique la plus importante et la mieux employée actuellement par la Russie est l’exploitation du potentiel de protestation de la population locale.

La dénonciation de l’ingérence post-coloniale

Pour renforcer l’influence russe informationnelle auprès des pays africains par exemple, il est nécessaire : « de créer, encourager un sentiment négatif vis-à-vis des occidentaux (qu’il s’agisse du passé colonial ou de l’exploitation des ressources) ; rappeler le soutien soviétique lors de la période pré-indépendance ; diffusion d’informations à caractère de propagande auprès des populations « sensibles » ; soutien aux désirs d’indépendances et de recherche d’autonomie par rapport aux occidentaux ; assistance et prise en compte des résolutions de conflits africains ; plaider pour la non-ingérence de l’Occident dans les affaires intérieurs des Etats africains ; encourager une vision positive  de la Russie et de ses actions auprès des populations africaines ». (4)

La présence russe a fait de beaucoup de bruit en République Centrafricaine. Peu de temps après le désengagement de la force SANGARIS, les Russes se sont proposés comme une « alternative » en sécurité. Pour cela, il fallait obligatoirement s’assurer du soutien de la population, à travers le canal des médias essentiellement. En novembre 2018, création de la radio LENGO SONGO (financée par LOBAYE INVEST, société russe) qui est favorable à la présence russe en RCA, mais hostile à celles de la France et de la MINUSCA (ONU). En mai 2021, la radio RFI est dénoncée par la radio LENGO SONGO comme propagande précoloniale en conséquence de la parution du dossier WAGNER. Enfin la société LOBAYE INVEST a également investi dans des médias parodiques comme « Le monde en vrai » et l’ONG ANA (Aimons Notre Afrique), bien évidemment pour la présence russe sur leur territoire.

Les opérations de guerre de l’information en appui des démarches de communication

Deux campagnes informationnelles ont été menées par la Russie en Afrique dans les périodes 2018-2019 et 2019-2020, concomitantes à une campagne informationnelle française en Afrique. Ces campagnes, toutes origines confondues, ont été dénoncées par Facebook. Les cibles étaient la RCA, la RCI, la RDC, le Cameroun, Madagascar, la Guinée Equatoriale, l’Afrique du Sud, la Libye et le Soudan. (Voir également la campagne russe anti-française à Goma en 2018)

Plus édifiant encore mais non moins réaliste, les experts du Centre du Dossier, en collaboration avec la société de télévision NBC, ont étudié des documents stratégiques sur la création d'un État panafricain en Amérique afin de déstabiliser la situation à l'intérieur du pays, ainsi que de saper son potentiel politique, économique et militaire. L'élaboration de "mécanismes visant à influencer les États-Unis conformément aux méthodes hybrides modernes" a été confiée au personnel d'Eugene PRIGOJIN, bien établi dans ce domaine.

Début janvier 2018, Mikhail POTEPKIN, directeur régional de M Invest (société faisant partie du patrimoine de E. PRIGOJIN), s'est vu présenter un projet de "stratégie de développement pour la division africaine de la société" visant à "façonner une attitude négative envers les puissances européennes et les États-Unis". Selon le document, les employés de PRIGOJIN prévoyaient de recruter des Afro-Américains vivant dans les villes les plus pauvres des États d'Alabama, de Géorgie, de Caroline du Sud, du Mississippi et de Louisiane, et ayant une expérience de la participation à des groupes criminels organisés, ainsi qu'ayant purgé une peine de prison. Les membres des mouvements radicaux noirs étaient censés participer à des actes de désobéissance pour déstabiliser la situation intérieure de l'Amérique. Dans le même temps, la société avait l'intention de créer un réseau de camps d'entraînement en Afrique pour former les militants noirs américains au combat et à l'idéologie (1).

La conquête russe des ressources énergétiques africaines.

Depuis 2017, vingt accords de coopération militaire ont été signés avec les états africains démontrant la confiance qu’inspire l’état slave dans ce domaine, comprenant la présence de formateurs russes couplés à de l’armement (ROSOBORONEXPORT). Ainsi la Russie est devenue le 1er exportateur d’armes vers le continent africain devant les USA et la France (2).

La Russie s’intéresse seulement aux ressources minières africaines ? Bien sûr que non, elle possède l’ensemble de ces mêmes ressources sur son propre territoire. La raison est beaucoup plus d’actualité : le contrôle des ressources énergétiques.

Avec le passif ukrainien en 2005, et aujourd’hui NORDSTREAM  2, les ressources énergétiques n’ont jamais été plus sensibles comme enjeu. L’Ukraine voulait son indépendance énergétique sans avoir à passer par la Russie, seulement les raffineries étaient contrôlées par des sociétés russes. C’est à force de manœuvres que les sociétés privées finirent par faire céder les raffineries ukrainiennes. Ce cas démontre la capacité russe à influencer la situation interne d’un pays, à partir du moment où elle contrôle dans ce cas les infrastructures et flux. Ramené à l’époque actuelle, la Russie se trouve dans un cas particulier : l’UE est dépendante des exportations de gaz russe à travers NORDSTREAM  2, mais elle est dépendante de l’UE d’un point de vue « géographique ». En effet, 90% de son réseau d’exportation de gaz est sur le sol européen. La possibilité d’un embargo à l’encontre de l’UE est donc peu probable, de plus la Russie est également dépendante de la ressource financière résultant de ses exportations. A l’heure actuelle, l’indépendance et la sécurité énergétiques sont des enjeux de premières heures, une préoccupation quant à la découverte de nouvelles voies d’approvisionnement. C’est ainsi que depuis les années 1990, les grandes puissances se battent pour le contrôle des ressources énergétiques, leur intérêt ayant glissé du Moyen Orient vers l’Afrique.

La recherche du statut de partenaire prioritaire

Devenir le partenaire prioritaire est un enjeu d’importance et pour cela les méthodes diffèrent : l’UE offre son soutien au développement économique de états africains quand la Russie favorise la coopération militaro-technique. La seconde option semble fonctionner le mieux surtout depuis les guerres d’influence russes auprès des populations africaines. La Russie est idéalement placée sur le marché du gaz et bien implantée en Afrique.

Le Gazoduc Transsaharien ou Trans Saharan Gas Pipeline (TSGP), projet devant relier les réserves gazières nigérianes (estimées à 256 milliards de mètres cubes de gaz) à l’Europe via l’Algérie, longtemps resté au stade zéro, devrait voir le jour les études de faisabilité ayant été enfin réalisées avec succès. Ce projet est à attribuer au géant russe GAZPROM déjà implanté dans le Sahara. D’un point de vue pétrolier, la Russie est également en bonne posture grâce à ROSNEFT présent en Afrique du Nord. Enfin LUKOIL, premier producteur russe a la chance de trouver de nouveaux champs au GHANA et au NIGERIA. Enfin d’un point de vue nucléaire, des accords sont signés avec des pays comme l’Algérie, le Nigéria ou la Zambie (1).

Charlotte Rousseaux

 

A retenir concernant la stratégie russe :

  1. Aucune distinction temps de guerre de temps de paix.
  2. Agir sans prendre part au conflit.
  3. Rechercher la faille permettant de s’intercaler dans la situation.
  4. Acculturation profonde du contexte.
  5. Toujours composer avec les acteurs locaux et/ou en présence.
  6. Proposer ce que les autres partenaires n’ont pas.
  7. Absence d’amis, alliés, « only partners ».
  8. Devenir incontournable dans la résolution du différend sans s’investir.
  9. Affaiblir les partenaires et/ou potentiels concurrents en divisant.