Les pertes de souveraineté industrielle : cas d’école à la française

L’affaire Alstom Power peine à émerger dans l’opinion publique française comme un acte de guerre économique et la démonstration de l’inconséquence de la classe dirigeante française. Il s’agit du rachat à vil prix par General Electric d’une entreprise stratégique française en charge notamment de produire et de maintenir les turbines pour centrales nucléaires dénommées Arabelle. Le fait que ces dernières équipent les centrales nucléaires françaises en font un enjeu de sécurité nationale. Le bref chantage de GE sur la maintenance des centrales pour obtenir une responsabilité financière moindre en cas d’incident accrédite une perte importante de souveraineté économique^1.

Le cas d’école d’Alstom Power

Au vu de la couverture médiatique de l’affaire, il pourrait sembler qu’il s’agissait du principal intérêt de l’entreprise mais ce n’est pas tout ce qu’elle produisait.

Alstom annonçait en 2011 se positionner en pole position pour la génération d’électricité à partir de gaz^2. Une technologie d’avenir vu que la stratégie de décarbonation suivie par les États-Unis ou l’Allemagne consiste à substituer le charbon par le gaz dans la production d’électricité. Les États-Unis ont converti 13% de leur capacité de production électrique par charbon au gaz entre 2010 et 2019 selon l’EIA^3, cela correspond grosso modo au tiers de la capacité de production électrique française. Cette énorme conversion aurait été largement facilitée par les innovations de GE en matière de technologies de turbines. Cela permet à l’entreprise d’annoncer en 2018 être derrière l’une des turbines les plus efficaces du marché comme a pu le démontrer son premier prototype qui a fait son entrée dans le Guiness Book^4. Ce prototype a été construit en France et équipe une centrale EDF !^5 L’appropriation d’Alstom Power n’aurait-elle pas été le plus bel investissement dans l’innovation réalisé par GE ?

En 2008, Alstom est aussi la première entreprise à avoir mis au point des dispositifs de captation de dioxyde de carbone^6. Une technologie dans laquelle une entreprise américaine a englouti plus de sept milliards de dollars entre 2010 et 2017^7. Vu les montants en jeu et les échelles concernées, racheter l’entreprise française pour 12 milliards de dollars n’était-il pas une très bonne affaire pour une nation qui peut imprimer presque autant de billets qu’elle veut sans craindre un écroulement ? L’État fédéral américain aurait par exemple subventionné le développement de l’exploitation de schiste à hauteur de 20 milliards de dollars par an depuis les années 2000^8. Cette seule politique pèse pour plus de 400 milliards de dollars.

Le rachat d’Alstom Power par GE en 2015 a été maquillé comme un rapprochement des deux entreprises via trois co-entreprises dont le contrôle s’est révélé être exclusivement américain le jour de l’officialisation de l’accord fin 2014. Alstom était censée récupérer les activités de transport de GE, ce qui n’arrivera pas. Les tractations autour des conditions de l’accord ont été gardées secrètes et Bercy a été mis à l’écart de cette négociation. Le rachat a été soutenu publiquement et validé par M. Macron alors qu’il pouvait s’y opposer en tant que ministre de l’Économie^9. L’affaire aurait pu passer sous les radars mais c’était sans compter sur la détermination, le courage et le travail de M. Pierucci qui a permis de faire émerger cette affaire dans les médias. Cet homme est un cadre de l’entreprise qui a été emprisonné presque quatre ans en quartier de haute sécurité pour ne pas avoir collaboré avec les autorités américaines et il a été utilisé comme moyen de pression pour faire plier le comité exécutif d’Alstom^10.

Peu avant l’élection présidentielle de 2022, l’Élysée cherche à effacer cette tache en annonçant en grande pompe la récupération des activités turbines, la seule part du savoir-faire d’Alstom Power à avoir fait l’objet d’attention médiatique^11. Cependant, selon des révélations du Canard Enchaîné, ce rachat à plus d’un milliard d’euros ne comprendra pas les contrats de maintenance des turbines à charbon— qui assurent une bonne part de la trésorerie de l’activité — et la construction des turbines stratégiques Arabelle destinées aux réacteurs nucléaires doit rester sur le sol américain^12. Une valorisation deux fois plus élevée que celle payée par GE à l’époque, une perte de contrôle sur la production des turbines Arabelle et une activité amputée du quart de ce qu’elle était. Une opération de communication chère payée pour le résultat. Surtout qu’elle se double d’un pot-pourri pour EDF alors que la guerre en Ukraine s’enlise : le premier client des turbines nucléaires est l’énergéticien nucléaire russe Rosatom^13.

Fin mai 2022, alors que la France est vue comme le vilain petit canard du soutien militaire à l’Ukraine par les Anglo-saxons^14, Disclose révèle qu’un montage fiscal soumis à Bercy a permis à General Electric de transférer vers des paradis fiscaux suisses et américains plus de 800 millions d’euros entre 2015 et 2020, au détriment de l’activité sur le sol français – où l’entreprise a licencié plus de 5000 personnes – et du Trésor public — un manque à gagner évalué à plus de 100 millions d’euros^15.

La directrice de GE en France de 2016 à 2019 a reçu la légion d’honneur des mains de M. Macron^16 et est maintenant directrice de Microsoft France. La direction de GE France a été reprise par le conseiller de M. Macron en charge des affaires industrielles à Bercy au moment du rachat. M. Stéphane Fouks, vice-président d’Havas, « meilleur pote »^17 du premier ministre de l’époque, était le « conseiller en influence et en communication du PDG de GE sur cette acquisition »^18. Havas, une société dont le président Yannick Bolloré est au conseil d’administration de l’association d’influence américaine French American Foundation. Le deal a été géré par la Bank of America et la banque Rothschild — l’ancien employeur de M. Macron. La Bank of America a débauché le directeur de l’Agence des Participation de l’État soucieux de « faire de l’argent » à l’été 2014, quelques mois avant que les détails de l’offre de GE ne soit connue du grand public^19.

C’est à se demander qui des élites françaises ou des Américains a été le plus grand prédateur des intérêts de la France dans cet acte de guerre économique. Ce mélange des genres et des intérêts est souvent omis des communications médiatiques où les « éléments de langage » distillés ne concernent que des concepts censément objectifs comme le marché ou la concurrence.

Le corollaire Technip

Nous pourrions espérer qu’une telle combinaison d’inconséquence, de cynisme ou d’une autre qualité dont ont su faire preuve les élites françaises se serait limitée à cette affaire mais ça serait être loin du compte. C’est pour cela que nous nous permettons d’analyser une autre affaire contemporaine de celle d’Alstom Power et qui concerne aussi le secteur énergétique et les impératifs de développement américains : le rapt de Technip. Une histoire tout aussi rocambolesque que celle d’Alstom Power, l’emprisonnement injuste d’un cadre français dans les geôles américaines en moins, des suicides au siège social en plus.

Une entreprise de pointe dans la liquéfaction de gaz et les champs off-shore

Technip est une entreprise issue de dizaines d’années d’investissement public en France, elle dérive tout droit de l’Institut français du pétrole. En 2015, 80% de ses résultats proviennent de son activité sous-marine qui la place en « leader mondial des pipelines sous-marins, rigides ou flexibles, ainsi que des ombilicaux, ces assemblages de câbles électriques, de canalisations hydrauliques et de fibres optiques utilisés pour contrôler les installations sous-marines », une expertise très prisée puisqu’elle constitue généralement 30% du coût des champs off-shore^20. Pour avoir une idée des ordres de grandeur à l’œuvre, le coût du champ d’hydrocarbure Gorgone au large des côtes du nord-ouest de l’Australie a coûté plus de 54 milliards de dollars, son exploitation a commencé en 2017^21. Technip est aussi une entreprise dotée d’un grand savoir-faire en matière de liquéfaction de gaz, une technologie particulièrement intéressante pour les Américains qui désirent exporter leur gaz de schiste et développer un marché international du gaz plus « libéral » mais cette branche d’activité réalise moins de marge et présente plus de risques.

Technip c’est aussi l’entreprise derrière une usine d’extraction de gaz off-shore avec capacité de liquéfaction intégrée^22, ce monstre d’ingénierie a été lancé en 2012 et est entré en service en 2018 au large des côtes australiennes, il a un poids six fois plus élevé que le plus grand porte-avion du monde. Les Échos nous en parlent ainsi en 2017: « Prelude est la première usine de liquéfaction flottante à avoir été imaginée au monde, un FLNG dans le jargon des experts: au lieu que le gaz soit transporté à terre via un gazoduc sous-marin extrêmement coûteux – comme c’est le cas habituellement –, l’idée est de le liquéfier sur place, afin de le transférer directement dans des méthaniers et de le transporter ensuite par voie maritime », la plateforme est également taillée pour affronter des conditions climatiques extrêmes et il a fallu « adapter tous les équipements à la houle, les rendre capables de résister à des cyclones de classe 5, avec des vents de 250 kilomètres/heure…». M. Pilenko, le PDG de Technip à l’époque, annonce : « La rentabilité d’un tel projet se mesure sur sa durée. Or Prelude, dont la durée de vie est de cinquante ans, doit produire en Australie pendant vingt-cinq ans et pourra ensuite être utilisé sur un autre champ. En outre, notre expérience devrait nous permettre de réduire les coûts d’au moins 20%. La question de recourir à un FLNG se posera pour tous les champs offshore découverts ces dernières années. »

Technip est donc une entreprise de premier plan dans l’exploitation de champs d’hydrocarbures off-shore, elle est leader dans la construction et l’installation de « tuyaux » permettant d’acheminer les ressources du plancher marin à la surface. Il s’agit donc d’une compétence clé surtout qu’un grand nombre de champs off-shore a été découvert récemment : au large des côtes israéliennes par exemple^23. Les champs off-shore sont le futur de l’extraction d’hydrocarbure et c’est principalement pour cette raison que les Américains ont décidé d’accaparer Technip, un joyau de l’ingénierie française. Plongeons à présent dans les ramifications de ce scandale.

Une chronologie de l’affaire Technip

Il y a d’abord M. Pilenko. Cet homme a travaillé entre 1984 et 2004 pour un concurrent de Technip^24, la société d’équipements pétroliers Schlumberger dont certains héritiers font partie des plus grands donateurs de Sciences Po. M. Pilenko a été directeur de certaines des filiales du groupe créé par des Alsaciens^25. Depuis la seconde guerre mondiale, Schlumberger a son siège à Houston, tout comme le géant américain Halliburton^26.

En 2004, M. Pilenko prend la direction de Veritas, une société également installée à Houston^27, l’entreprise est notamment spécialisée dans les études géologiques pour le développement de nouveaux projets gaziers. En juin 2006, Veritas fusionne avec la Compagnie Générale de Géophysique (CGG), une entreprise française leader dans la prospection pétrolière off-shore^28.

En 2007, M. Pilenko prend la tête de Technip. L’entreprise voit à ce moment-là ses marges s’amoindrir à cause notamment des coûts de projets de construction de trains de liquéfaction de gaz au Qatar conclus entre 2004 et 2006, dossier connu sous le nom de « Qatar gas »^29. À l’instar de M. Kron, ancien patron d’Alstom, M. Pilenko participera au redressement de l’entreprise qui se trouvait mal en point à son arrivée.

En 2010, l’entreprise est condamnée à 338 millions de dollars d’amende par les autorités américaines pour avoir versé des pots de vin dans un contrat nigérian pour la construction d’usines de liquéfaction de gaz^30. C’est l’activité on-shore qui est concernée pour un contrat estimé par les autorités américaines à plus de 6 milliards de dollars. Technip n’aura pas été la seule à payer cher pour ce contrat, Halliburton et son ancienne filiale KBR, deux entreprises partenaires dans la joint-venture, ont versé quant à elles 579 millions de dollars d’amende en 2009^31. S’agit-il d’une petite vengeance de l’establishment démocrate à l’encontre d’une entreprise précédemment dirigée par Dick Cheney — l’ancien vice-président de M. Georges W. Bush — et entretenant des liens étroits avec le Parti républicain ?

En 2013, Technip se lance dans le développement d’usines de liquéfaction de gaz en partenariat avec Total et une société russe^32. Le projet baptisé Yamal LNG exploitera des ressources de gaz se trouvant dans le nord du pays, il s’agit d’un des premiers chantiers d’exploitation de ressources hydrocarbures profitant de la fonte de la banquise. Le principal importateur de ces ressources en gaz est la Chine. Au mois d’avril, Total doit verser 398 millions de dollars à la justice américaine au sujet d’une affaire de pots de vin versés en Iran dans les années 90 pour un profit estimé à 150 millions de dollars^33. Le délai de prescription empêche malheureusement les autorités américaines d’ouvrir un dossier concernant le renversement de M. Mossadegh dans les années 50 par les services américains et britanniques pour assurer la rente pétrolière de multinationales anglo-saxonnes en Iran^34.

L’ingérence américaine

En 2014, les États-Unis décident de sanctionner Gennady Timchenko^35, un oligarque proche de M. Poutine et co-directeur du projet Yamal LNG^36. Cette sanction implique que toutes les banques occidentales doivent geler les avoirs de M. Timchenko et empêcher tout mouvement d’argent lié à sa personne sous peine de lourdes amendes de la part de la justice américaine. M. Timchenko est l’une des deux têtes de proue du géant du négoce de matière première Gunvor dont il doit céder ses parts. Cette même année, la justice américaine fait payer à BNP Paribas une amende record de presque 9 milliards de dollars assortie d’une interdiction de se porter contrepartie sur des deals d’hydrocarbure pendant un an^37, la banque est la première à avoir mis en œuvre ce type de contrepartie dans les années 70^38. Les sanctions décidées par les Américains impliquent in fine que le marché du pétrole soit mieux contrôlé par Glencore, Vitol et Mercuria, trois géants du négoce de pétrole plus soucieux de respecter les règles du jeu américaines que Gunvor et Trafigura. Cette dernière a été fondée et dirigée par deux Français, la BNP Paribas était sa banque partenaire de référence pour la sécurisation de ses deals. En mars 2014, le président fondateur de Trafigura, Claude Dauphin, a cédé sa place à un Australien. En 2014 toujours, le PDG de Total, une figure charismatique du capitalisme français et un critique notoire de l’hégémonie américaine, meurt dans un accident d’avion avant même d’avoir pu décoller. Quelques jours avant Noël, le 22 décembre 2014, Alstom est condamnée par la justice américaine à payer 772 millions de dollars^39.

En mars 2015, la presse nous annonce que Technip va mettre en œuvre une « alliance stratégique » avec la société américaine FMC Technologies — qui a son siège à Houston comme toutes les précédentes entreprises pour lesquelles M. Pilenko a travaillé^40. Selon Technip « cette société commune, qui comptera 320 salariés issus des deux groupes, répondra à la demande des compagnies pétrolières de réduire les coûts des projets »^20. L’idée fait sens car si Technip pose les « tuyaux », FMC installe les « puits » sur lesquels se connectent les « tuyaux ».

La non-résistance apparente de Technip

En juillet 2015, quatre mois plus tard, nous apprenons que Technip lance un plan de restructuration pour effectuer 830 millions d’euros d’économie. Cette restructuration va détruire 6 000 emplois. L’entreprise compte alors plus de 38 000 salariés. Le prétexte invoqué est la baisse du cour du pétrole même si l’entreprise dispose « d’un porte-feuille de contrats à 20,6 milliards d’euros » soit presque deux fois son chiffre d’affaires annuel^42. De plus, sur six des sept années de direction de M. Pilenko, de 2008 à 2014, l’entreprise a dégagé plus de 400 millions d’euros de résultats nets par an^43, malgré l’amende de 338 millions de dollars infligée par la justice américaine en 2010. L’année 2015 voit aussi la production de schiste américaine devenir suffisamment importante pour rendre plus volatile le cours des hydrocarbures et cette volatilité se fait au détriment des investissements d’hydrocarbure plus classiques qui se font dans le temps long^44.

En février 2016, après le plan d’économie annoncé, nous apprenons que le résultat net est descendu à 45 millions d’euros. Ce qui justifie pour la direction un plan d’économie revu à la hausse pour atteindre le milliard d’euros^45. Il ne s’agirait pas de licencier mais d’économiser sur les achats et l’immobilier. L’entreprise est en position de faiblesse.

Le 30 mars 2016, l’affaire Unaoil éclate^46. Il s’agit d’un scandale de corruption ayant eu lieu entre 2002 et 2012. Il implique les sociétés pétrolières occidentales et les monarchies du golfe mais aussi l’Afrique, la Libye, la Syrie, l’Iran, le Kazakhstan, l’Irak, le Brésil et l’Australie. Cette affaire implique notamment les entreprises Technip et FMC Technologies. Du pain béni pour la justice américaine qui va pouvoir attaquer les entreprises corruptrices et négocier avec elles les peines encourues — qui seront fonction des intérêts américains.

Le 19 mai 2016, nous apprenons que Technip va fusionner avec FMC Technologies pour devenir TechnipFMC et que le siège social de la nouvelle entité sera à Londres, en « terrain neutre ». Technip comptait alors deux fois plus de salariés et avait un chiffre d’affaires presque deux fois plus élevé que celui de FMC Technologies. Technip prévoyait de fortes rentrées d’argent en 2016 / 2017 concernant son activité on-shore provenant largement du projet Yamal LNG sanctionné indirectement par les autorités américaines^47. De plus le document de fusion publié par la SEC montre que le cash-flow généré par les activités de la fusion au cours de prochaines années proviendrait à plus de 60% des activités de Technip et que Technip permet au groupe à la mi-année 2016 de faire un résultat net de 241 millions de dollars alors que FMC Technologies n’y contribue qu’à hauteur de 17 millions^48. La répartition des parts et des droits suite à la fusion a pourtant suivi la logique du fifty fifty et c’est sans compter que, selon un expert du milieu^49, la valorisation du goodwill rend la transaction encore moins équitable. Nous apprenons qu’il s’agit de créer « un leader mondial de la production et de la transformation du pétrole et du gaz » qui pourrait concurrencer Schlumberger.

La position prise par le Président de la République

Le 24 mai 2016, M. Macron défendra publiquement l’expropriation américaine en partie négociée par son ancien employeur — la banque Rothschild associée pour l’occasion à Goldman Sachs^50. Il confie dans un entretien au journal Les Échos, alors qu’il est toujours ministre de l’Économie : « Le secteur parapétrolier est secoué par la chute du cours du pétrole. La nécessité de consolider était évidente car Technip est le leader européen mais n’avait pas la taille critique. A l’issue du rapprochement avec l’américain FMC, le président exécutif, le patron des opérations, les dirigeants des principales branches d’activité et la R&D seront localisés en France. La seule chose qui se déplace au Royaume-Uni c’est le siège juridique comme Airbus l’a fait à sa création. Dont acte. Mais l’ancrage de Technip reste français et l’opération est excellente pour le groupe »^51. La justification donnée par M. Macron est un tissu d’insanités, les Américains ont fini par prendre le contrôle de l’entreprise. Pour l’anecdote, Airbus a employé un ancien de Google et de la DARPA — l’agence recherche militaire américaine — à la tête de sa direction technique^52 et a littéralement saborder son réseau commercial en se pliant volontairement aux exigences anglo-saxonnes^53.

Bastamag nous apprend en septembre 2019 au sujet de la nouvelle entreprise TechnipFMC : « Son patron américain Douglas Pferdehirt est l’un des mieux payés du CAC 40 avec plus de 11 millions d’euros par an, tandis que l’ancien PDG de Technip, Thierry Pilenko, est parti avec une indemnité de 14 millions. En 2018, l’entreprise a redistribué 600 millions d’euros à ses actionnaires malgré des pertes. Déjà en 2017, elle leur a versé l’équivalent de deux fois et demi ses résultats, 250 millions. » et surtout que l’entreprise « accuse une perte de 1,9 milliard d’euros en 2018. Ces mauvais résultats et les réorganisations en série semblent avoir entraîné - déjà avant la fusion - une vague de souffrance au travail au niveau du siège, avec plusieurs suicides. Plusieurs milliers d’emplois devaient être supprimés, dont 700 pour le seul siège parisien. » ^54

En juin 2019, alors qu’un projet de scission entre les Français et les Américains est en négociation^55, TechnipFMC est condamnée à payer près de 296 millions de dollars d’amende à la justice américaine pour des pratiques de corruption de Technip au Brésil et de FMC Technologies en Irak^56. Une procédure qui a pu voir le jour grâce à la révélation journalistique du scandale de corruption Unaoil.

En octobre 2019, la fusion d’une entreprise américaine de 15 000 employés et d’une entreprise française de 31 000 employés — après amputation des effectifs par M. Pilenko — s’est terminée en une entreprise sous-direction américaine de 37 000 employés. L’entreprise se prépare à se scinder en deux. En 2021, la France récupèrera une entreprise appelée Technip Energies et immatriculée aux Pays-Bas, dépouillée des activités sous-marines qui composaient 80% des résultats de Technip six ans plus tôt^57. Cette même année, la partie américaine garde le nom TechnipFMC et négocie un contrat d’exploitation de GNL record avec le Qatar qu’elle laissera à la partie française en guise de dédommagement, il n’y a qu’à espérer que le précédent Qatar Gas ne se répète pas^58. La française Technip Energies ne compte plus que 15 000 employés et récupère les projets on-shore et d’ingénierie qui présentent plus de risques et moins de marges alors que l’américaine TechnipFMC compte 22 000 employés et réalise le gros de son chiffre d’affaires sur les contrats sous-marin, elle maîtrise à présent la chaine de valeur la plus lucrative de l’exploitation d’hydrocarbure off-shore à savoir les « puits », la pose et la fabrication de « tuyaux » pour connecter ces « puits ».

L’enjeu vital des hydrocarbures de schiste pour les Etats-Unis d’Amérique

Qu’est-ce qui pourrait expliquer cet engouement soudain pour les entreprises énergétiques françaises du côté de la partie américaine ? Peut-être une stratégie de développement agressive de la production et d’exportation d’hydrocarbures de schiste — les États-Unis sont devenus les premiers exportateurs de gaz naturel liquéfié en 2022^59 ? Le passage du gaz dans le mix électrique américain de 21 à 33 % entre 2008 et 2016 ? Deux directions du secteur énergétique américain soutenues par M. Obama dès 2008^60. Le succès de cette approche est vanté par la revue de l’establishment washingtonien Foreign Affairs qui annonce sur sa couverture de mai 2014 un « Big fracking deal », sous-titré « le schiste et le futur de l’énergie ». Le magazine Foreign Affairs est publiée par le Council on Foreign Relations qui a pour président d’honneur un ancien président de Goldman Sachs, M. Robert Rubin, une banque très investie dans le trading des hydrocarbures et qui parle dès 2015 d’un « new oil order »^61. Et c’est Goldman Sachs qui s’est occupée, peu après ce constat, du rachat de Technip. Goldman Sachs avait aussi été mandatée en 2013 par Alstom pour l’acquisition d’une partie de son activité concernant le gaz par des fonds d’investissement américains^62. S’emparer d’Alstom Power et de Technip n’était-il pas un bon moyen de s’assurer que la « révolution » des hydrocarbures de schiste, la décarbonation des économies développées et le développement des futures exploitations d’hydrocarbure bénéficieraient avant tout aux Américains intéressés par ailleurs à compenser leur production de schiste à rendement fortement décroissant par de nouvelles exploitations off-shore ^63 ? Le partenariat public privé est drôlement efficace outre-Atlantique.

Le plus étonnant dans cette histoire est que tout s’est déroulé en pleine lumière et que la presse généraliste ou plus spécialisée s’est contentée d’en parler de manière épisodique et de présenter l’affaire comme allant de soi. Les révélations de scandales de corruption par voie presse et leur instrumentalisation par la justice américaine à des moments opportuns nous interpelle sur l’indépendance supposée du système médiatique. Et s’il est bien une composante de la force de frappe économique américaine qui est méconnue, c’est sa capacité « interagence ». Elle permet aux États-Unis de tirer profit d’une synergie d’actions, pilotée par le Department of Defense, entre : entreprises américaines, institutions financières américaines, relais d’influence dans les médias, services de renseignement et ministères. Les États-Unis ont officialisé cette pratique en 2020 lorsqu’ils ont publié leur annexe à la stratégie de défense nationale de 2018^64. Il est indiqué que « La guerre irrégulière est une bataille entre acteurs étatiques et non étatiques pour influencer les populations et modifier la perception de ce qui est légitime. La guerre irrégulière favorise des approches indirectes et asymétriques, bien qu’elle puisse employer tout le potentiel de l’armée et d’autres capacités, dans l’objectif de miner le pouvoir, la volonté et l’influence d’un adversaire. (#) Les activités apparentées telles que le soutien des opérations de renseignement militaire, les opérations cyber, la lutte contre les réseaux menaçants, contrer les menaces financières, les opérations hybrides entre civils et militaires et la sécurisation de nos partenariats participent également au modelage de l’environnement informationnel et d’autres champs d’intérêt pour les populations dans le domaine de la compétition et du conflit. »^65 mais surtout « Quoi qu’il en soit, des divisions structurelles limitent notre capacité à être des compétiteurs dans le champ non militaire. Aucune des administrations américaines n’est en mesure de dicter ses termes afin de mener des conflits irréguliers ou de concurrencer nos adversaires. Nous ne pouvons pas présumer qu’une action coordonnée arrivera d’elle-même. Nous devons faire en sorte qu’elle advienne, délibérément. »^66. Il faut s’attendre à voir le pays des libertés développer une machine de guerre économique et informationnelle autrement plus huilée que ce qu’elle a été jusqu’à présent.

L’incapacité de l’écosystème médiatique et politique à adopter une grille de lecture sur les enjeux de puissance énergétique

Alors que tout le monde s’accorde sur le fait que l’énergie est le sang de l’économie moderne, la France a laissé filer des actifs d’importance capitale dans ce domaine. Dans le débat public, il n’était question que de transactions financières et de logiques de marché alors que les États-Unis poursuivent une logique d’appropriation agressive et hybride de longue date et à très haut niveau. Logique qui ne fera que s’accentuer dans un contexte de « compétition entre grandes puissances ». La France est dépassée. Elle pèche gravement par sa sécurité économique et informationnelle. À cela s’ajoute des pratiques d’ingénierie sociale et culturelle très agressives qui détruisent à petit feu son système immunitaire.

Les affaires Alstom Power et Technip démontrent à quel point son écosystème médiatique et politique est incapable d’avoir une grille de lecture sur les enjeux de pouvoir qui nuisent à ses intérêts — à part s’il s’agit de la Russie ou de la Chine, les deux compétiteurs que l’oncle Sam cherche à mater. Cet écosystème adopte aveuglément tous les poncifs de la vulgate économique sans jamais imaginer que la loi du marché est en fait et surtout la loi du plus fort ou du plus rusé, voire des deux. Et surtout, le plus grand des absents du débat public reste les conséquences de l’entre-soi pratiqué entre les décideurs français et leur débauchage quasi systématique par des entreprises américaines. La faute à l’air du temps ? Le problème n’est pas mince et pèse surtout sur les problématiques énergétiques qui ne concernent pas tellement les oligarques détenteurs de la puissance médiatique française, plus intéressés par la grande distribution, le luxe, les télécoms, les médias, la défense ou la construction.

 

Gilles Servient
Auditeur de la 40ème promotion MSIE de l'EGE

Sources :

^1: Caroline Michel-Aguirre, « Nucléaire : bras de fer entre EDF et General Electric »(https://www.nouvelobs.com/politique/telephone-rouge/20160601.OBS1669/nucleaire-bras-de-fer-entre-edf-et-general-electric.html) Le Nouvel Observateur 1er juin 2016

^2: Communiqué de presse Alstom, « Alstom renforce sa gamme de turbines pour répondre à la croissance de la production d’électricité à partir du gaz »(https://www.alstom.com/fr/press-releases-news/2011/9/Alstom-renforce-sa-gamme-de-turbines-pour-repondre-a-la-croissance-de-la-production-delectricite-a-partir-du-gaz) 13 septembre 2011

^3: U.S. Energy Information Administration, « More than 100 coal-fired plants have been replaced or converted to natural gas since 2011 »(https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=44636#) 5 août 2020

^4: Rachel Swatman, « General Electric and EDF build world’s most efficient combined cycle power plant in France »(https://www.guinnessworldrecords.com/news/brand-or-agency/2016/7/general-electric-and-edf-build-world%E2%80%99s-most-efficient-combined-cycle-power-plant-434523) Guiness World Records

^5: Darell Proctor, Efficiency Improvements Mark Advances in Gas Turbines(https://www.powermag.com/efficiency-improvements-mark-advances-in-gas-turbines/) Power Mag 3 janvier 2018

^6: Communiqué de presse Alstom, « Les technologies Alstom équipent la première unité pilote de captage du CO2 au monde à Schwarze Pumpe »(https://www.alstom.com/fr/press-releases-news/2008/9/Les-technologies-Alstom-equipent-la-premiere-unite-pilote-de-captage-du-CO2-au-monde-a-Schwarze-Pumpe-20080909) 9 septembre 2008

^7: U.S. Energy Information Administration, « Petra Nova is one of two carbon capture and sequestration power plants in the world »(https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=33552) 31 octobre 2017

^8: Stockholm Environment Institute, « Federal subsidies boosted US shale oil and gas profits by billions of dollars, study finds »(https://www.sei.org/about-sei/press-room/subsidies-shale-oil-and-gas-profits/) 23 juin 2022

^9: Non signé, « Feu vert de Macron au rachat des activités énergétiques d'Alstom par General Electric »(https://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/11/05/97002-20141105FILWWW00027-emmanuel-macron-autorise-le-rachat-des-activites-energetiques-d-alstom-par-general-electric.php) Le Figaro et AFP le 5 novembre 2014

^10: Frédéric Pierucci et Matthieu Aron, Le piège américain, JC Lattès, janvier 2019, 480 pages

^11: Elsa Conesa, « Le rachat par EDF des anciennes turbines d’Alstom répare un « péché originel » d’Emmanuel Macron »(https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/02/08/le-rachat-par-edf-des-anciennes-turbines-d-alstom-repare-un-peche-originel-d-emmanuel-macron6112767823448.html) Le Monde 8 février 2022

^12: Hervé Martin, « Le ruineux triomphe industriel de Macron » Le Carnard Enchaîné, 16 février 2022

^13: Marc Endeweld, Guerres cachées : les dessous du conflit russo-ukrainien, chapitre « Dans les mains des Russes »

^14: Henry Samuel, « France becoming 'irrelevant' in Ukraine because it sends too few arms, says defence expert »(https://www.telegraph.co.uk/world-news/2022/10/03/france-becoming-irrelevant-ukraine-war-must-bump-military-aid/) The Telegraph 3 octobre 2022

^15: Non signé, « General Electric : 800 millions d’euros transférés de France vers des paradis fiscaux »(https://disclose.ngo/fr/article/general-electric-800-millions-euros-transferes-de-france-vers-des-paradis-fiscaux) Disclose 29 mai 2022

^16: Étienne Campion, « Macron donne la Légion d'honneur à l'ex-directrice de GE France... qui supprime 1.000 emplois à Belfort »(https://www.marianne.net/politique/macron-donne-la-legion-d-honneur-l-ex-directrice-de-ge-france-qui-supprime-1000-emplois) Marianne 15 juillet 2019

^17: Sylvain Courage, « Sa femme, ses amis, sa garde rapprochée... Les réseaux Valls »(https://www.nouvelobs.com/politique/20140401.OBS2131/sa-femme-ses-amis-sa-garde-rapprochee-les-reseaux-valls.html) L’Obs 1er avril 2014

^18: Patricia Neves, « Alstom vendu aux Américains : retour sur les dessous d'un scandale »(https://www.marianne.net/economie/alstom-vendu-aux-americains-retour-sur-les-dessous-dun-scandale) Marianne 2 juillet 2015

^19: Philippe Jacqué et Cédric Pietralunga, « David Azéma, de la banque d'affaires de l'Etat à Bank of America »(https://www.lemonde.fr/economie/article/2014/07/14/david-azema-de-la-banque-d-affaires-de-l-etat-a-bank-of-america44566043234.html) Le Monde 14 juillet 2014

^20: Anne Feitz, « Alliance stratégique pour Technip dans les systèmes pétroliers sous-marins »(https://www.lesechos.fr/2015/03/alliance-strategique-pour-technip-dans-les-systemes-petroliers-sous-marins-246684) Les Échos 23 mars 2015

^21: Peter Milne, « Do your homework: Chevron’s outgoing chief John Watson learns from Gorgon mistakes »(https://thewest.com.au/business/oil-gas/do-your-homework-chevrons-outgoing-chief-john-watson-learns-from-gorgon-mistakes-ng-b88643593z) The West Australian 30 octobre 2017

^22: Anne Feitz, « Voyage dans les entrailles du plus gros objet flottant du monde »(https://www.lesechos.fr/2017/07/voyage-dans-les-entrailles-du-plus-gros-objet-flottant-du-monde-175589) Les Échos 8 juillet 2017

^23: « Leviathan gas field »(https://en.wikipedia.org/wiki/Leviathangasfield) Wikipedia

^24: Renaud Belleville, « Thierry Pilenko, le globe-trotter du CAC40 »(https://www.lopinion.fr/edition/thierry-pilenko-globe-trotter-cac40-2914) L’Opinion 12 août 2013

^25: « Schlumberger (entreprise) »(https://fr.wikipedia.org/wiki/Schlumberger(entreprise)) Wikipedia

^26: « Halliburton »(https://fr.wikipedia.org/wiki/Halliburton) Wikipedia (anglais)

^27: « Veritas board approves new chairman and CEO »(https://www.offshore-mag.com/business-briefs/people-on-the-move/article/16801951/veritas-board-approves-new-chairman-and-ceo) Offshore Mag 27 janvier 2004

^28 « Compagnie Générale de Géophysique » (https://fr.wikipedia.org/wiki/CGG(entreprise)) Wikipedia

^29: Non signé, « Technip affecté par les marges opérationnelles »(https://www.enerzine.com/technip-affecte-par-les-marges-operationnelles/5901-2008-02) Enerzine 21 février 2008

^30: U.S. Securities and Exchange Commission, « SEC Charges Technip with FCPA Violations »(https://www.sec.gov/news/press/2010/2010-110.htm) 28 juin 2010

^31: U.S. Security & Exchange Commission, « SEC Charges KBR and Halliburton for FCPA Violations »(https://www.sec.gov/news/press/2009/2009-23.htm) 11 février 2009

^32: Rosemary Griffin, « Technip, JGC win tender to build Russian Yamal LNG plant »(https://web.archive.org/web/20140220144046/http://www.platts.com/latest-news/natural-gas/Moscow/Technip-JGC-win-tender-to-build-Russian-Yamal-21890981) Platts 1er avril 2013

^33: U.S. Security & Exchange Commission, « SEC Charges Total S.A. for Illegal Payments to Iranian Official »(https://www.sec.gov/news/press-release/2013-2013-94htm) 29 mai 2013

^34: Wikipedia, « Opération Ajax »(https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9rationAjax)

^35: U.S. Department of Treasury, « Treasury Sanctions Russian Officials, Members Of The Russian Leadership’s Inner Circle, And An Entity For Involvement In The Situation In Ukraine »(https://www.treasury.gov/press-center/press-releases/Pages/jl23331.aspx) 20 mars 2014

^36: « Yamal LNG »(https://en.wikipedia.org/wiki/YamalLNG) Wikipedia (anglais)

^37: Voir la clause de l’accord entre la justice américaine et BNP Paribas : « suspend U.S. dollar clearing operations through its New York Branch and other affiliates for one year for business lines on which the misconduct centered ». Department of Justice, « BNP Paribas Agrees to Plead Guilty and to Pay $8.9 Billion for Illegally Processing Financial Transactions for Countries Subject to U.S. Economic Sanctions »(https://www.justice.gov/opa/pr/bnp-paribas-agrees-plead-guilty-and-pay-89-billion-illegally-processing-financial) 30 juin 2014

^38: Javier Blas et Jack Farchy, The World for Sale, Penguin, mars 2022, 416 pages

^39: U.S. Department of Justice, « Alstom Pleads Guilty and Agrees to Pay $772 Million Criminal Penalty to Resolve Foreign Bribery Charges »(https://www.justice.gov/opa/pr/alstom-pleads-guilty-and-agrees-pay-772-million-criminal-penalty-resolve-foreign-bribery) 22 décembre 2014

^40: « FMC Technologies »(https://en.wikipedia.org/wiki/FMCTechnologies) Wikipedia (anglais)

^41: Anne Feitz, « Alliance stratégique pour Technip dans les systèmes pétroliers sous-marins »(https://www.lesechos.fr/2015/03/alliance-strategique-pour-technip-dans-les-systemes-petroliers-sous-marins-246684) Les Échos 23 mars 2015

^42: « Technip annonce 6.000 suppressions d'emplois dans le monde »(https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/technip-annonce-6-000-licenciements-d-emplois-dans-le-monde-489988.html) La Tribune 6 juillet 2015

^43: « Technip »(https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Technip&oldid=181961669) Wikipedia (français) version du 16 avril 2021

^44: The Volatility Laboratory de la New York University, « S&P GSCI Brent Crude Oil Index AGARCH Volatility Analysis »(https://vlab.stern.nyu.edu/volatility/VOL.BRENT%3ACOM-R.AGARCH)

^45: Pierre Demoux, « En pleine crise du pétrole, Technip garde la tête hors de l’eau »(https://www.lesechos.fr/2016/02/en-pleine-crise-du-petrole-technip-garde-la-tete-hors-de-leau-202921) Les Échos 25 février 2016

^46: Nick McKenzie et al., « EXCLUSIF - Au cœur de l'industrie pétrolière mondiale, la machine à corrompre d'Unaoil »(https://www.huffingtonpost.fr/2016/03/30/corruption-petrole-unaoil-monaco-iran-irak-syrie-samsung-technip-ahsani-hyundai-corruptionn9570874.html) HuffPost 30 mars 2016

^47: Rapport annuel 2015 de l’entreprise

^48: Security & Exchange Commission, formulaire 425 rempli par Technip(https://www.sec.gov/Archives/edgar/data/1135152/000095010316017281/dp69611425.htm) 25 octobre 2016

^49: Entretien avec l’auteur

^50: Clément Fayol, « Pétrole : Emmanuel Macron, parrain d’un mariage de cocus ? »(https://www.marianne.net/politique/petrole-emmanuel-macron-parrain-d-un-mariage-de-cocus) Marianne 15 décembre 2016

^51: Nicolas Barré et al., « Emmanuel Macron : « Faute de taille critique, la nécessité de consolider Technip était évidente » »(https://www.lesechos.fr/2016/05/emmanuel-macron-faute-de-taille-critique-la-necessite-de-consolider-technip-etait-evidente-210036) Les Échos 24 mai 2016

^52: Michel Cabirol, « Le directeur technique d'Airbus Paul Eremenko quitte l'avionneur européen », La Tribune, 30 novembre 2017

^53: Marc Endeweld, L’Emprise : La France sous influence, chapitre 9 « à l’assaut d’Airbus », Seuil, janvier 2022, 560 pages

^54: Olivier Petitjean, « Carrefour, Alstom, PSA, Sanofi... : ces poids lourds du CAC 40, symboles d’un système à la dérive »(https://www.bastamag.net/CAC40-dividendes-salaires-PDG-CICE-lobbying-suppression-d-emplois-Carrefour-Alstom-Peugeot-Sanofi) Bastamag 25 septembre 2019

^55: Julien Dupont-Calbo, « A peine constitué, le parapétrolier TechnipFMC va se scinder en deux »(https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/a-peine-constitue-le-parapetrolier-technipfmc-va-se-scinder-en-deux-1126620) Les Echos 26 août 2019

^56: U.S. Department of Justice, « TechnipFMC Plc and U.S.-Based Subsidiary Agree to Pay Over $296 Million in Global Penalties to Resolve Foreign Bribery Case »(https://www.justice.gov/opa/pr/technipfmc-plc-and-us-based-subsidiary-agree-pay-over-296-million-global-penalties-resolve) 25 juin 2019

^57: Reuters, « TechnipFMC finalise sa scission avec le lancement de Technip Energies »(https://www.usinenouvelle.com/article/technipfmc-finalise-sa-scission-avec-le-lancement-de-technip-energies.N1061254) L’Usine Nouvelle 15 février 2021

^58: Direction Générale du Trésor, « Le consortium TechnipFMC – Chiyoda remporte un important contrat sur le projet qatarien de GNL North Field East »(https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2021/02/11/le-consortium-technipfmc-chiyoda-remporte-un-important-contrat-sur-le-projet-qatarien-de-gnl-north-field-east) 11 février 2021

^59: U.S. Energy Information Administration, « The United States became the world’s largest LNG exporter in the first half of 2022 »(https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=53159), 25 juillet 2022

^60: Jude Clement, « President Obama’s Support For America’s Shale Oil And Natural Gas »(https://www.forbes.com/sites/judeclemente/2020/12/31/president-obamas-support-for-americas-shale-oil-and-natural-gas/?sh=13efa7de1883), Forbes, 31 décembre 2019

^61: Goldman Sachs, présentation du « New oil order »(https://www.goldmansachs.com/insights/pages/the-new-oil-order/)

^62: Kiel Porter, « Alstom Said to Mandate Goldman for Preheaters Unit Sale »(https://www.bloomberg.com/news/articles/2013-11-21/alstom-said-to-mandate-goldman-for-preheaters-unit-sale?leadSource=uverify%20wall), Bloomberg, 21 novembre 2013

^63: Nicolas Kusnetz, « Biden plan could allow new offshore drilling in Gulf of Mexico »(https://www.texastribune.org/2022/07/02/biden-gulf-drilling-leasing-oil/), The Texas Tribune, 2 juillet 2022

^64: U.S. Department of Defense, « Irregular Warfare Annex to National Defense Strategy Made Public »(https://www.defense.gov/News/News-Stories/Article/Article/2369648/irregular-warfare-annex-to-national-defense-strategy-made-public/) 2 octobre 2020

^65: « Irregular warfare is a struggle among state and non-state actors to influence populations and affect legitimacy. IW favors indirect and asymmetric approaches, though it may employ the full range of military and other capabilities, in order to erode an adversary’s power, influence, and will. It includes the specific missions of unconventional warfare (UW), stabilization, foreign internal defense (FID), counterterrorism (CT), and counterinsurgency (COIN). Related activities such as military information support operations, cyberspace operations, countering threat networks, counter-threat finance, civil-military operations, and security cooperation also shape the information environment and other population-focused arenas of competition and conflict. » 

^66: « However, structural divisions limit our ability to respond to non-military aspects of adversarial competition. No single U.S. Government department or agency has primacy in the prosecution of irregular conflict or adversarial competition. We cannot assume unified action will occur on its own. We must pursue it deliberately »