Résonance européenne d'une opération de guerre cognitive menée par des étudiants de l'Ecole de Guerre Economique

En juin 2023, une promotion SIE de l'EGE a mené une opération de "guerre cognitive" lors d'un exercice sur cas réel.

A la suite du dossier "J'attaque !" publié en 2021 (autre opération menée par une SIE de l'EGE ); un rapport d'alerte a été réalisé pour expliquer comment l'Allemagne s'appuyait sur des structures de la société civile pour déstabiliser le secteur nucléaire français.

Dans le cas du dossier "J'attaque", l'effet final recherché était de formaliser une grille de lecture sur la stratégie de puissance allemande en matière de politique énergétique afin de mieux compendre son cheminement sur ce dossier très sensible et la manière dont Berlin a su louvoyer de manière très cynique pour faire imposer ses vues au niveau européen, tout en affaibilissant la France dans le domaine du nucléaire.

Deux ans plus tard, il nous a paru utile d'approfondir les méthodes offensives d'influence indirecte déployées par les Allemands à l'étranger et plus particulièrement en France. 

. En 2021, la résonance a été nationale (médias, Sénat, industrie du nucléaire).

. En 2023, la résonance est internationale (Pologne, Tchéquie, Italie) comme le démontre la question ci-dessous posée par un député polonais au Parlement européen.

Sujet :  Lobbying anti-nucléaire des fondations allemandes en France et en Pologne

11.7.2023

Question pour réponse écrite E-002175/2023
à la Commission
Article 138
Kosma Złotowski (ECR)

Selon un rapport de l'École française de guerre économique, l'Allemagne dépense des millions pour des mesures visant l'industrie nucléaire française. Les fondations Heinrich Böll et Rosa Luxemburg, financées par le gouvernement fédéral, cherchent à freiner ou à entraver le développement de l'énergie nucléaire en France par des publications, des bourses, des formations et des rencontres avec des hommes politiques et des faiseurs d'opinion [1 ] .

L'objectif de cette campagne est de rendre l'économie française moins compétitive en la privant d'une énergie bon marché et stable. Les activités des fondations allemandes portent également atteinte aux intérêts d'autres pays, dont la Pologne, qui misent sur le nucléaire pour la transition énergétique.

  • 1.L'UE est toujours confrontée à une crise énergétique et l'Allemagne, qui a fermé ses centrales nucléaires, doit se tirer d'affaire en important de l'énergie depuis la France, où le nucléaire constitue la base du mix énergétique [2 ] . Dans cette optique, le lobbying antinucléaire ne constitue-t-il pas une menace pour la sécurité énergétique de l'UE, et les efforts de l'Allemagne pour saper la compétitivité énergétique et industrielle des autres États membres sont-ils conformes aux principes de fonctionnement de l'UE ?
  • 2.Selon les auteurs du rapport, les fondations concernées ont également déstabilisé l'industrie nucléaire française en influençant les institutions européennes. La Commission a-t-elle déjà coopéré avec ces fondations pour façonner la politique énergétique et environnementale de l'UE, ou leur a-t-elle fourni un financement?
  • 3.La Fondation Heinrich Böll est également active en Pologne et a critiqué les projets de développement de l'énergie nucléaire. La Commission mène-t-elle - ou a-t-elle l'intention de mener - des campagnes pour contrer les fausses allégations selon lesquelles l'énergie nucléaire est colportée par des fondations financées par l'État allemand?

Apprendre à être offensif par la guerre cognitive est devenu un enjeu majeur que le pouvoir politique et l'appareil d'Etat français ont bien du mal à intégrer dans leur grille de lecture.

Christian Harbulot
Directeur de l'Ecole de Guerre Economique

Soumis : 11.7.2023

  • [1] https://www.ege.fr/sites/ege.fr/files/media_files/German_Interference_Political_Foundations.pdf
  • [2] https://www.bild.de/politik/inland/politik-inland/ampel-raeumt-ein-wir-brauchen-akw-strom-aus-frankreich-84284850.bild.html