Nous avons décidé de mettre en ligne ce rapport de 2003 car la thématique reste d’actualité et évolue avec les mutations technologiques. Ce travail a jeté les bases d’une réflexion que nous comptons poursuivre et enrichir dans les années à venir.
Le développement d’internet s’est fait durant une période de grande insouciance de paix relative, sans prise en compte de critères de sécurité lors de sa création. L’omniprésence américaine dans les éléments structurels et normatifs de sa construction, traduit un avantage qui sert leurs besoins d’influence, mais dont le modèle idéologique semble contesté.
La cybernétisation récente de notre civilisation a modifié le caractère matériel des sources de richesses qui ont accompagné l’ère industrielle, que sont les terres agraires, les infrastructures maritimes et les matières premières clés, pour ajouter une couche informationnelle dont la valeur est désormais conditionnée par la quantité de données et indicateurs. Ce changement civilisationnel apporte son lot de menaces elles aussi dématérialisées, mais dont les effets ont des répercussions physiques sur les personnes et les biens. Cet ensemble de valeurs qui compose le cyberespace est devenu une ressource stratégique que les Etats se doivent de défendre s’ils veulent maintenir une compétitivité économique et une existence sur l’échiquier géopolitique. Mais existe-t-il un modèle unique permettant d’atteindre résistance, résilience et redondance pour un Etat ?
Quatre acteurs majeurs de cette cybernétisation que sont les Etats-Unis d’Amérique, la République Populaire de Chine, la République Fédérale de Russie et l’Etat d’Israël semblent posséder des atouts qui leurs permettent d’être des leaders. Leurs capacités offensives, défensives et d’influences ont des caractéristiques différentes, mais force est de constater que le terrain d’affrontement de ces puissances se trouve dans le champ informationnel. A travers des moyens d’action sur les couches physiques, logiques et cognitives, ces Etats se livrent une guerre hybride dont la manipulation de l’information par la maîtrise du récit se fait majoritairement dans le domaine privé.
L’enjeu sécuritaire de cette guerre de l’information est incarné par la maîtrise de technologies de ruptures que sont le quantique, l’intelligence artificielle ou encore la maîtrise de l’espace. Être présent dans chacun des maillons de cette chaîne de valeur au travers d’une solution souveraine devient indispensable, et doit se faire au travers d’une coopération win-win avec le secteur privé.
En gardant à l’esprit l’environnement géopolitique, il est nécessaire pour la France de monter en puissance en renforçant son cadre légal, sa relation avec son tissu industriel de défense et de cybersécurité, et ses moyens de lutte informatique offensive, défensive et d’influence, afin de posséder des outils de dissuasion équivalents à son arsenal nucléaire.
Karima Djouadi, Marine Le Du, Adriano Mistretta, Georges Suma, Biram Toure
MACYB 03 de l’Ecole de Guerre Economique
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