L’image des troupes de l'Armée Populaire de Libération (APL) défilant lors de la L’image des troupes de l'Armée Populaire de Libération (APL) défilant lors de la parade du 3 septembre commémorant la victoire contre le Japon a servi de démonstration concrète de la modernisation des forces armées chinoises. L’évènement a permis à Xi Jinping de mettre en avant les forts liens diplomatiques tissés par la Chine, mais aussi les progrès accumulés par l’APL sur le plan capacitaire. Lasers, drones divers et variés, équipements de guerre électronique, missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) ; aucune catégorie d’équipement n’a été négligée, certaines étant jusqu’ici jugées comme l’apanage des puissances occidentales.
Depuis l’accession de Xi Jinping au secrétariat général du Parti communiste chinois (PCC) en novembre 2012, ainsi qu’à la présidence de la République Populaire de Chine (RPC) en mars 2013, l'APL est engagée dans des réformes structurelles et capacitaires massives visant à la transformer en une "armée de classe mondiale" d'ici 2049.
Ce programme de modernisation prend place dans un contexte géopolitique de tensions régionales croissantes. La Chine exerce une pression persistante et croissante sur Taïwan, intensifiant la portée, la taille et le rythme des opérations autour de l'île. Les manœuvres militaires, telles que les exercices Joint Sword-2024A et Joint Sword-2024B en mai et octobre 2024, visent à normaliser la présence de l'APL dans et autour du détroit de Taïwan. Xi Jinping a ordonné à l’APL de se tenir prête à envahir l’île d’ici 2027.
Une montée en puissance en adéquation avec les politiques de Xi Jinping
La stratégie nationale de la République populaire de Chine (RPC) est de réaliser le "grand rajeunissement de la nation chinoise" d'ici 2049. Cet objectif, souvent appelé le "Rêve chinois" de Xi Jinping, vise à rétablir la Chine dans une position prééminente dans le monde, mettant fin au « Siècle d'Humiliation » perçu, et à transformer le pays en un "grand pays socialiste moderne".
Cadre stratégique : Ambitions mondiales, "Rajeunissement National" et Nouvelles Routes de la soie
Le développement militaire s'inscrit dans un plan en trois étapes. Dans un premier temps accélérer la mécanisation, l'informatisation et l'intégration de capacités basées sur l'information et l'IA, et développer des capacités stratégiques améliorées pour le centenaire de l’APL en 2027. Ensuite, réaliser fondamentalement la modernisation de la défense nationale et de l'armée en 2035 (seuil intermédiaire fixé par Xi Jinping). Enfin, transformer complètement les forces armées en une "force de classe mondiale" d’ici 2049. Cet objectif complète l'ambition de faire de la Chine une puissance nationale globale et d'influence internationale dans une logique de « puissance nationale compréhensive », et ce au moment du centenaire de la RPC. La notion de « puissance nationale compréhensive » conçoit la puissance comme incluant des facteurs extrêmement variés : domaine économique, scientifique, diplomatique, politique, environnemental, militaire, culturel, ainsi que démographique.
Pour atteindre ces objectifs, le PCC a développé une stratégie globale visant à réviser l'ordre international, jugé contraignant pour la RPC. Cette stratégie se manifeste par des initiatives comme les Nouvelles Routes de la Soie (en anglais Belt and Road Initiative - BRI) et les Initiatives Globales.
La BRI est la politique étrangère et économique phare de Xi et soutient le rajeunissement national en développant les infrastructures de transport et de commerce dans le monde. La BRI permet de renforcer la sécurité énergétique de la Chine en investissant dans des projets (comme des pipelines et des ports) le long de sa périphérie pour réduire sa dépendance vis-à-vis de goulots d'étranglement stratégiques comme le détroit de Malacca.
Les Initiatives de Sécurité et de Développement Globales (en anglais, Global Security / Global Developpement Initiatives - GSI/GDI) sont des cadres diplomatiques visant à promouvoir une transformation de l'ordre mondial pour qu'il s'aligne sur la vision de Pékin d'une « communauté de destin commun » (community of common destiny). Ces efforts visent à accroître l'influence mondiale de la Chine.
La codification dans la Loi de Défense Nationale révisée (décembre 2020) de la défense des "intérêts de développement" de la RPC légitime l'utilisation potentielle de la force militaire pour protéger les intérêts chinois à l'étranger. Le PLAN (Marine de l'APL) a d'ailleurs fait évoluer sa doctrine de la « défense des eaux côtières » vers la « protection des mers ouvertes » (open seas protection), reflétant une portée opérationnelle accrue, nécessaire pour sécuriser les intérêts d'outre-mer, y compris ceux de la BRI.
Une réaffirmation du contrôle du PCC sur l'APL
Un pilier central de la politique de Xi Jinping est l'impératif de loyauté absolue des forces armées envers le PCC. L'APL est avant tout l'armée du Parti et non de l'État. Contrairement à ses prédécesseurs, Xi Jinping a fait de la modernisation de l'APL une priorité absolue dans le but stratégique de consolider son contrôle sur le Parti. Ainsi, en 2017, le contrôle de la CMC sur les forces armées chinoises est inscrit dans la Constitution du PCC, lui conférant l'autorité de prendre toutes les décisions majeures. Il est le seul responsable à siéger à la fois à la CMC et au Comité Permanent du Politburo.
Dès sa prise de pouvoir, Xi étend la campagne anti-corruption à l'origine destinée au PCC à l'APL pour endiguer la corruption endémique et renforcer la fiabilité politique et la discipline. Cette campagne cible des figures de haut rang comme les généraux Xu Caihou et Guo Boxiong, tous deux anciens vice-présidents de la CMC, en 2014 et 2015. Depuis 2023, trois campagnes successives ont permis au président chinois d’assoir sa mainmise sur les forces armées en démantelant plusieurs factions notamment au sein de la force de missiles de l’APL (People’s Liberation Army Rocket Force – PLARF).
Enfin, Xi a insisté sur le renforcement du travail politique (l'endoctrinement idéologique) pour assurer la loyauté du personnel, le considérant comme fondamental pour maintenir l'engagement de l'APL. L'endoctrinement peut occuper 20 à 40 % du temps de travail des cadres.
Les conséquences concrètes de ces orientations stratégiques
Les réformes de 2015-2016 ont fondamentalement réorganisé la structure de commandement (réformes "au-dessus du cou") pour permettre des opérations interarmées intégrées.
Développements capacitaires de l'APL (Armée, Marine, Armée de l'Air et Forces de Missiles)
Ainsi, les sept régions militaires que comptait la Chine ont été regroupés en cinq théâtres d’opération (Est, Sud, Ouest, Nord et Centre). Les effectifs de l’Armée de Terre (PLAA)[i] ont été réduits d'environ 300 000 hommes, tandis que les 18 anciens corps d'armée ont été réorganisés en 13 groupes d'armées en 2023 lors des réformes dites « en-dessous du cou ». La PLAA est passée d’un modèle de défense territoriale basée sur l'infanterie à une force plus agile et mobile, axée sur le passage des unités au standard des brigades occidentales. Les entrainements et la montée en compétence se concentrent particulièrement sur les manœuvres amphibies et les opérations d'assaut héliportées, des capacités cruciales pour un scénario d’invasion de Taïwan.
La Marine chinoise (People’s Liberation Army Navy - PLAN) est depuis 2020 la plus grande marine du monde en nombre de navires, avec une force de combat de plus de 370 navires et sous-marins. La modernisation vise une capacité d'opérations en haute mer. Dans la seule journée du 5 novembre, la marine chinoise a ainsi mis en service l’équivalent de 42% du tonnage total de la Marine Nationale. Le troisième porte-avions de la Chine, le Fujian, a été admis au service actif au cours de cette journée, tandis qu’un quatrième est déjà en cours de construction sur les chantiers navals de Dalian. En parallèle, les premiers essais ont été effectués avec des catapultes électromagnétiques (Electromagnetic Aircraft Launch System – EMALS) à bord du Fujian, faisant de la PLAN la deuxième marine opérant ce système avec l’US Navy (Peut-être bientôt la seule, suite à un ordre exécutif du président américain Donald J. Trump).
L'Armée de l'Air (People’s Liberation Army Air Force - PLAAF) a concentré sa modernisation sur les systèmes de haute technologie, tels que le chasseur de quatrième génération J-10, les avions de guerre électronique J-16D, ainsi que les avions de transport Y-20. Plusieurs avions de cinquième génération sont également déjà en service au sein de la PLAAF ou à divers stade de développement (J-20, J-36, J-50…). En parallèle, de nombreux systèmes de drones sont régulièrement développés, dont le CH-7, un potentiel drone bombardier.
La PLARF, anciennement désignée comme le Deuxième corps d’artillerie, a été élevée au rang de service 2015. Elle possède actuellement un arsenal diversifié et en constante expansion : planneurs hypersoniques (DF-17), ICBM (DF-31 et DF-41) ainsi que des missiles balistiques équipés de têtes conventionnelles pour mener des frappes de précision. Via 49 satellites, le système BeiDou fournit des données de navigation et de guidage nécessaires à l’utilisation de munitions de précision.
La Strategic Support Force (SSF), créée en 2015 pour centraliser les capacités cyber, spatiales et électroniques, a été dissoute en 2024 et remplacée par l’Information Support Force, soulignant l'importance stratégique accordée à ces domaines par le PCC. Les capacités de guerre électronique (EW), les attaques de réseau et les opérations d'influence (IO) sont des outils cruciaux dans les scénarios de crise comme Taïwan. La guerre informationnelle et le C4ISR (Computerized Command, Control, Communications, Intelligence, Surveillance and Reconnaissance) sont vus comme des composantes essentielles à la victoire par l’APL.
Une base industrielle de défense désormais mature et autonome
Pour soutenir l'APL, la Chine poursuit l'objectif à long terme de créer un secteur industriel de défense entièrement autosuffisant. Le PCC promeut activement sa stratégie de Fusion Civilo-Militaire (FCM). L'objectif de la FCM, élevée au rang de stratégie nationale en 2015, est de mobiliser les ressources militaires, économiques et sociales pour soutenir les intérêts de souveraineté et de sécurité de la RPC, et à accélérer le développement et l'acquisition de technologies avancées à double usage (dual-use). La Chine se concentre sur des domaines technologiques cruciaux pour l'avenir de la guerre, notamment l'Intelligence Artificielle (IA), l'informatique quantique ainsi que les semi-conducteurs.
Bien que l'industrie chinoise ait connu des succès considérables (notamment depuis 1998, dépassant les attentes antérieures), la Chine s'appuie sur une approche appelée « Introduire, Digérer, Absorber et Ré-innover » (IDAR) pour combler les lacunes. Les entreprises chinoises sont encouragées à acquérir des technologies étrangères, puis à faire de la rétro-ingénierie à destination des marchés nationaux, y compris pour des applications militaires. De très nombreuses affaires d’espionnage industriel ont ainsi été recensée aussi bien à l’encontre des Etats-Unis (F-35, C-17, destroyers de classe Arleigh Burke…) que de la Russie, principal partenaire de la Chine dans le domaine de l’industrie de Défense.
En parallèle, la structure même du complexe militaro-industriel chinois a été entièrement revue. Le Conseil d’Etat avait décidé en 1999 de séparer les cinq grands conglomérats industriels en dix entreprises contrôlées par l’Etat chinois (les State-Owned Enterprises – SOE). Cette démarche avait pour objectif de stimuler la compétitivité du secteur en retirant aux cinq structures précédentes leurs monopoles respectifs à cause des embargos occidentaux et russes (années 60-80) sur les ventes d’armement à la Chine. Les années 2000 voient un retour au modèle de conglomérat, les deux opérations les plus notables demeurant la fusion d’AVIC I et AVIC II qui redeviennent AVIC (Aviation Industry Corporation of China) en 2008, ainsi que celle de la China Shipbuilding Indsutry Corporation (CSIC) et la China State Shipbuilding Corporation (CSSC) en août 2025.
Ainsi, la construction navale chinoise est désormais dominée par la CSSC, dont les revenus commerciaux (plus de 75 % des navires commerciaux construits par la Chine sont vendus à l'étranger, y compris à des alliés des États-Unis) peuvent subventionner la production de navires militaires, lui conférant un avantage compétitif. La CSSC représente à elle seule environ 20% en du secteur mondial de la construction navale en 2025. Le site de Changxing, près de Shanghai, est l'épicentre de la modernisation navale chinoise.
Dans le domaine de l’aéronautique, AVIC ainsi que l’Aero Engine Corporation of China (AECC) ont permis à la Chine de rattraper un retard historique dans la conception d’avions, d’hélicoptères et surtout de moteurs. Ainsi, la Chine est désormais en mesure d’équiper ses J-11 (version produite sous licence du Su-27SK), ainsi que ses J-15 issus d’espionnage industriel sur les Su-33, de moteurs de fabrication nationale (WS-10 et WS-20) au lieu de dépendre des importations de moteurs russes. De plus, les moteurs des nouveaux avions de 5ème génération J-20 et FC-31/J-35 sont intégralement développés et produits localement. La China Electronics Technology Group Corporation (CETC), un acteur majeur de l'électronique de défense, joue un rôle clé dans la révolution C4ISR de l'APL, en particulier en exploitant les technologies commerciales.
Le pouvoir chinois a également favorisé l’émergence d’entreprises privées, à l’image de Beijing Highlander Digital Technology Co., fabricant de systèmes maritimes, et Xi'an Bright Laser Technologies Co., Ltd. (BLT), spécialisée dans l'impression 3D métallique. Ces sociétés illustrent l'intégration croissante du secteur privé dans la base industrielle de défense s’inscrivant dans la stratégie de FCM. BLT, par exemple, travaille avec huit des onze grandes industries de défense d'État et est issue des travaux de l'Université Polytechnique du Nord-Ouest (Northwest Polytechnical University - NPU), l'un des « Sept Fils de la Défense Nationale» (universités formant les cadres de l’industrie de défense chinoise).
Implications et prospectives
Malgré les progrès spectaculaires dans l'armement et la restructuration, la modernisation de l'APL est confrontée à des défis systémiques, notamment la difficulté à équilibrer la loyauté politique du PCC avec les exigences de l'efficacité professionnelle moderne.
La tension persistante entre contrôle politique et efficacité militaire
Le renforcement extrême de la centralisation du pouvoir par Xi Jinping et le rôle omniprésent des organes de travail politique (commissaires, comités du Parti) à tous les niveaux de commandement entrent en contradiction avec le modèle de commandement orienté par la mission (mission command model), essentiel pour l'exécution rapide et efficace des opérations interarmées dans la guerre informatisée. Le commandement collectif et l'idéologie pourraient freiner la prise de décision rapide et la coordination complexe en situation de conflit.
Les dirigeants du PCC et de l'APL sont conscients que l'armée n'a pas connu de combat réel depuis des décennies (la guerre sino-vietnamienne en 1979). Les médias d'État exhortent la force à remédier au « Mal de la Paix » qui se manifeste par un laxisme dans les attitudes et les pratiques d'entraînement. Les lacunes au sein du commandement, notamment au niveau opérationnel, sont reconnues comme le problème des "Cinq Incapacités" (incapacité à juger des situations, à prendre des décisions opérationnelles, etc.). La CMC a insisté sur la nécessité d'innover les modèles d'enseignement du commandement et de renforcer la culture du combat.
La concentration du pouvoir sur Xi Jinping, le seul civil à siéger à la CMC, implique qu'il dépend fortement des deux vice-présidents pour contrôler effectivement l'APL. L'efficacité des réformes est donc perçue comme dépendant de la capacité des successeurs de Xi à maintenir l'accent sur les opérations interarmées. La persistance des problèmes de corruption, malgré les purges, révèle les limites du pouvoir de Xi pour imposer une discipline totale dans une « armée du Parti ».
Les risques d'escalade régionale et la concurrence systémique
L'APL modernisée est principalement orientée vers des objectifs régionaux, en particulier Taïwan, mais ses capacités accrues entraînent des implications mondiales en termes de concurrence et de risque d'escalade.
La réunification de Taïwan est un impératif fondamental pour la réalisation du rajeunissement national d'ici 2049. Le scénario de Taïwan reste le principal moteur de la planification et du développement des forces de l'APL. La Chine indique privilégier la réunification pacifique, sans pour autant renoncer à l'usage de la force. L'APL est ainsi capable de mener une gamme d'options coercitives, allant des blocages aériens et maritimes (Joint Blockade Campaign) aux campagnes cinétiques limitées. Les exercices récents (comme Joint Swort et Strait Thunder 2025A) simulent l'encerclement, le blocage et la saisie du contrôle du champ de bataille, servant à la fois de punition politique et de répétition opérationnelle pour une invasion ou une capitulation forcée de Taïwan. Ces activités visent à dissuader l'intervention des États-Unis et à vaincre toute intervention tierce dans un conflit limité de courte durée.
La Chine continue d'utiliser le PLAN, le CCG et la CMM pour affirmer sa souveraineté sur des entités et pour faire appliquer de manière coercitive ses revendications territoriales illégales basées sur la ligne en neuf traits. La mer de Chine méridionale est considérée comme un intérêt fondamental par Pékin. L'APL pratique un double standard : elle condamne les activités militaires étrangères dans sa Zone Économique Exclusive (ZEE) (s'alignant sur sa vision de la défense active), tout en menant les mêmes types d'activités dans les ZEE d'autres pays (comme les États-Unis ou les Philippines). Ainsi, le 11 août 2025, le destroyer chinois Guilin et le navire « 3104 » des CCG rentrent en collision en tentant de percuter un navire philippin, tandis que le 12 octobre un patrouilleur des CCG percute cette fois-ci le Datu Pagbuaya des garde-côtes philippins.
Le PCC et l'APL perçoivent la compétition avec les États-Unis comme une confrontation entre systèmes idéologiques opposés. La Chine cherche à devancer les États-Unis et ses alliés dans le développement et la production de technologies de l'information et de systèmes d'armes. Cette course aux armements axée sur l'IA et les technologies de rupture augmente la probabilité d'une « zone contestée » en Asie maritime où aucune des deux puissances ne pourrait dominer militairement.
Vers la puissance militaire de classe mondiale
La modernisation de l'APL sous Xi Jinping est un projet de transformation stratégique et structurel d'une ampleur historique. L'objectif est clair : doter la Chine, d'ici 2049, d'une armée de classe mondiale capable de soutenir le Rajeunissement National. Grâce à la centralisation du pouvoir autour de Xi, aux purges anti-corruption et à la stratégie de Fusion Civilo-Militaire, l'APL est en passe d'atteindre ses objectifs capacitaires, en particulier dans le domaine naval, balistique et informationnel.
Cependant, la transformation est incomplète. L'APL doit encore surmonter le dilemme entre l'impératif de loyauté politique absolue et la nécessité d'un commandement professionnel et agile. Sur le plan géopolitique, l'APL est de plus en plus utilisée comme un instrument de coercition, augmentant la pression sur Taïwan et dans la mer de Chine méridionale.
La modernisation chinoise de la défense, comme un moteur hybride (marin et terrestre) propulsé par la puissance économique, cherche à transformer la domination commerciale en influence militaire. Tandis que les capacités militaires sont en pleine accélération, la perception de cette puissance — réelle ou supposée — peut elle-même encourager le PCC à agir de manière plus agressive dans les points chauds régionaux, augmentant ainsi le risque d'escalade dans les années à venir.
Henri Lauture (SIE29 de l’EGE)
Note
[i] PLAA : People’s Liberation Army Ground Forces (PLAGF), souvent mentionnée comme la PLA Army (PLAA)
