Les conséquences françaises d'un manque de stratégie de puissance dans le domaine de l'économie de la santé

Quel politique a osé penser l'économie de la santé française sous l'angle de la notion de puissance ? Si le modèle français de santé publique est aujourd'hui fortement critiqué à cause de dysfonctionnements de plus en plus récurrents, force est de constater que le débat public reste confiné à la gestion des hopitaux, à la pénurie de médecins ainsi qu'aux ruptures d'approvisionnement en médicaments. Mais qu'en est-il de la problématique de l'économie de la santé pour un pqys comme la France ?

Le marché intérieur français de la santé, et plus précisément celui des médicaments, repose exclusivement sur l'industrie chimique. Avec l'émergence de l'industrie des biotechnologies, le marché français perd ses avantages concurrentiels face aux puissances étrangères. Les différents instituts de recherche et acteurs gouvernementaux constatent le retard français sur ce nouveau marché, pourtant considéré comme stratégique par son expansion économique et par toutes les opportunités qu'il apporte. 

Sous le poids de la concurrence internationale, les industriels français sont contraints de s'acclimater aux réglementations nationales qui sont lourdes). Leurs intérêts se polarisent sans consultation de l'État autour de stratégies économiques liées aux problématiques spéifiques de leur coeur de métier. De leur côté, Start-UP et PME innovantes sont mutualisées dans la HealthTech, pour ne pas se faire distancer dans la course mondiale à l'innovation. 

Face à tous ces changements, les acteurs de l'information liés à la société civile occupent une place de plus en plus importante dans le domaine médical. Ils sont principalement représentés par des associations ayant beaucoup d'influence mais peu efficaces et par des médias indépendants. Le marché des médicaments génériques diminue, malgré les économies qu'il peut entraîner. Les politiques de soutien menées par l'État ont été un échec. En revanche, la France a un grand potentiel dans les nouvelles technologies. En effet, elle se distingue dans la bio-impression, la robotisation, l'Intelligence Artificielle et une forte R&D en biotechnologie. 

Ces nouvelles technologies accentuent une évolution des relations entre patients/médecins/laboratoires. Le digital prend une place de plus en plus importante et l'accès à l'information devient un enjeu clé pour le patient. Ce dernier veut combler le fossé de connaissances qui existe entre lui et le médecin, voire le remplacer par sa propre expertise (automédication). 

De plus, des droits d'information apparaissent, notamment sur l'Intelligence Artificielle et sa responsabilité au sein des relations patients/médecins/laboratoires. Malgré cela, toutes ces mesures ont parfois tendance à étouffer davantage l'innovation et à ne pas la protéger. Enfin, la question de la propriété des données personnelles est au cœur de nombreux enjeux de santé. La France souffre d'une énorme fuite de données au profit de concurrents directs (Etats-Unis d’Amérique, Chine).   

Les gouvernements qui se sont succédé ces quarante dernières années n'ont pas su formaliser une grille de lecture du secteur santé dont la crise du COVID19 a rappelé la dimension stratégique. Certains mauvais choix en matière de stratégie industrielle ont porté atteinte au potentiel français en matière d'économie de la santé. Cette fragilisation est aujourd'hui accentuée par la fuite des connaissances et l'ingérence étrangère qui conduit au rachat des innovations françaises. Un sursaut stratégique est devenu plus que nécessaire. Mais pour aller dans ce sens, il faut enfin élaborer une grille de lecture globale de la problématique. Ce rapport n'est qu'une amorce de réflexion allant dans ce sens. Mais il a pour objectif de passer d'une vision verticale des coeurs de métier à une approche transversale des différents enjeux .

 

SIE28 de l’EGE

 

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